Partir au monde

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Découvrir en soi...

mercredi 16 janvier 2013

 v. MLa -01-19
QUESTIONS 2010-12-11  ñ
Blog; Un écrivain de Cuba répond ici à des questions que se posent nombres de Québécois.......
El café tiene un Misteriso Comercio con el alma. J.Marti  

NDLR: la majorité des informations documentaires ci-dessous, sont tirées des documents déclassifiés par les « Archives de Sécurité Nationale  de l’Université Georges Washington ».  Voir ainsi : www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB269/index.htm
 
 QUESTION :       

Pierre Dussault, Retraité.

Comme vous savez,  la maladie de Fidel et son retrait de l’activité gouvernementale qu’il  a transféré à son frère Raoul, a  suscité beaucoup de commentaires de par le monde. On parle même d’une soi-disant Cuba post-castrisme.  En quoi ça change la politique de Cuba ?  Quels sont les changements à attendre ?

RÉPONSE :

Tout d’abord,  Fidel n’a pas transféré le pouvoir à Raoul parce qu’il est son frère mais parce que la constitution établit que le substitut du Président du Conseil d’État, c’est le premier vice-président, jusqu’à ce que se produisent les prochaines élections, soit pendant le mandat pour lequel il a été élu.

Ensuite, le changement de personne à la tête du Conseil d’État n’implique pas un changement de politique, car ses fonctions sont celles de faire appliquer le programme de gouvernement établi par la « Plateforme Programmatique » approuvée par le peuple au référendum et ratifiée par l’Assemblée Nationale.

C’est-à-dire, il n’y aura pas de changements dans les grandes lignes de travail et les objectifs du gouvernement. Mais cela ne veut pas dire que le style de direction soit le même, que les décisions sur des questions ponctuelles et stratégiques pour la société cubaine, à l’heure actuelle, soit les mêmes prises par Fidel auparavant dans de circonstances historiques différentes. Ainsi donc, des décisions prises à un moment donné par le gouvernement de tous, non par Fidel car lui personnellement ne doit pas prendre des décisions mais la gouvernance par consensus, peuvent être modifiées à la lumière de la situation concrete que nous vivons maintenant.

Disons, par  exemple, que le monde en 2006 était bien différent de celui de 2010. En 2006, on parlait de crise alimentaire, en 2010 on parle de crise financière dont on n’est pas encore sorti. Sinon demandons-le à la Grèce ou à l’Espagne. Et les effets des deux crises se font sentir au niveau mondial. Et Cuba n’a pas été épargnée par aucune d’elles.  À cause de la première, Cuba a dû payer un surplus millionnaire pour  acheter les produits alimentaires de base : du riz, du blé, du lait en poudre, du poulet, de l’huile, etc. À cause de la deuxième, Cuba aura vu la paralysie des crédits et des emprunts qui lui permettaient de gérer ses importations pour la population et pour le tourisme, ainsi que de matières premières pour les industries. Si vous avez des doutes observez simplement ce qu’on vend maintenant dans les boutiques en CUC. L’offre est extrêmement réduite, elle a sensiblement diminué par rapport aux années précédentes.

Ainsi donc, entre  Fidel Castro et Raoul Castro, il y  a des circonstances très différentes de l’économie mondiale. Et Raoul doit faire face à une situation différente et grave, ce qui l’oblige avec le gouvernement, de prendre des décisions en accord avec le moment précis que le pays vit.  Alors nécessairement, il y aura des dispositions différentes, des changements selon le moment vecu.

Ainsi, par exemple, Fidel était opposé à distribuer des terres étatiques en parcelles privées pour éviter le minifundia.  Ces idées  correspondaient à un moment historique où l’on pouvait compter avec l’aide de l’URSS et avec des moyens pour la mécanisation de grandes superficies, ce qui n’était pas possible dans une agriculture de minifundia ; la population à nourrir  ne dépassait à peine les 6,5 millions d’habitants. Raoul a proposé à l’Assemblée Nationale et celle-ci l’a accepté par l’adoption du Décret-loi 259, la distribution des terres en friche à la population, dans la circonstance d’une pénurie alimentaire, avec une population de plus de 11 millions d’habitants, et au moment où il n’existe plus  l’URSS pour nous aider, ni  des combustibles et des machines pour  une agriculture mécanisée. Voilà un changement substantiel, car on popularise davantage la propriété  privée

 Jusqu’à naguère, tout un système  de préjugés  --politiques, sociaux, moraux, économiques--  interdisait aux Cubains de loger dans des installations touristiques pour des étrangers. C’est déjà dépassé. Également jusqu’à naguère, des préjugés qui restaient offensants envers le propre peuple cubain, faisait que la police, sous prétexte de protéger les touristes étrangers d’une escroquerie ou  d’un vol, sans aucun égard stoppait un Cubain parlant avec un étranger pour lui demander la carte d’identification,  il risquait d’être arrêté, conduit à la station de police et recevoir une accusation injuste de « harcèlement au touriste ». Ces actions sont de moins en moins fréquentes. Et voilà, ce sont des changements aussi.

Dans le domaine du travail, un système bureaucratique empêchait qu’une personne, ayant  la capacité et l’énergie pour travailler dans deux emplois, puisse  le faire. Le gouvernement, sous la présidence de Raoul a voté un décret-loi autorisant le pluri emploi. Ceci est profitable aussi bien pour les travailleurs que pour les entreprises, car ces dernières ne sont plus tenues d’avoir un contrat à temps complet pour un travailleur sans avoir le contenu pour 40 ou 44 heures de travail par semaine ; bénéfique aussi pour les travailleurs ayant besoin de davantage de salaire pour suffire à leurs besoins. Ceci est également un pas préparatoire pour la réorganisation de la force de travail à Cuba, car les entreprises sont tenues d’analyser profondément leurs nécessités de force de travail, poste par poste, le plus souvent gonflées, ce qui permettra dans un avenir proche, de réduire cette masse énorme de travailleurs embauchés pour des postes de travail où ils n’ont pas de contenu pour justifier leur salaire et gagner en productivité et en rentabilité.

Et en avançant plus loin sur ce domaine, un autre décret-loi autorise les étudiants à  travailler à temps partiel dans des entreprises ayant besoin éventuellement ou temporairement de force de travail. Ceci les aide à gérer économiquement  leurs besoins sans dépendre de l’aide familial. 

Le nouveau gouvernement a invité tous les secteurs de l’économie à se pencher profondément sur les nécessités réelles de force de travail dans un cadre  économique d’efficacité et de rentabilité, pour éliminer ou reconvertir une masse énorme de postes de travail inutiles qui sont un lourd fardeau pour l’économie nationale, tout en affectant la productivité du travail, la rentabilité des entreprises et le moral du travailleur.

Objectivement, pour des raisons politiques et sociales, on a accumulé pendant des décennies une masse croissante de chômeurs techniques, en vue de déclarer le pays sous chômage zéro. Mais maintenant, il s’impose au nouveau gouvernement la tâche de faire la transparence dans le marché du travail, pour avoir une économie saine, tout en reconnaissant la pauvreté du pays, son incapacité pour générer des emplois suffisants, en défaut d’un processus rationnel d’industrialisation, pour lequel, et encore à cause du blocus, le pays manque des ressources financières, qu’il aurait dû chercher dans des institutions financières internationales si le blocus ne l’empêchait. Heureusement,  certains investisseurs privés ont passés outre le blocus et on fait des investissements dans le secteur du tourisme, ce qui permet de les amortir à courte échéance.

Et comme changements, sous le gouvernement de Raoul Castro, il y a permission de créer de petites entreprises et embaucher du personnel autre que la famille, ce qui était interdit lors des premières autorisations pour des activités privées dans les années 1990.

Pour maints cubanologues et les spécialistes de la désinformation, le fait de mettre à pied des centaines de milliers de travailleurs marquera peut-être  la fin du « castrisme », de son côté humanitaire, voir utopiste, mais révèlera aussi l’échec du socialisme cubain, et son incapacité d’assurer le développement de Cuba.

Ces apôtres de la fin du socialisme à Cuba, qu’ils assimilent à une soi-disant « post-castrisme », cachent de manière délibérée les succès de Cuba sous la direction de Fidel et de Raoul Castro, les transformations profondes subies par le pays et qui le placent à l’avant-garde du Tiers Monde sur beaucoup d’indices internationaux. Ils dissimulent les raisons profondes des insuffisances du pays pour combler le fossé qui le sépare du monde développé en fait de progrès matériel.

Ils ne parlent pas du défaut structurel de l’économie cubaine avant Castro, des déformations sociales du Cuba prérévolutionnaire.  Et, bien entendu, ils ne parlent pas des conséquences économiques, politiques et sociales des agressions économiques comme le  blocus et les effets sur un hypothétique développement de Cuba.  Mais encore, ils escamotent délibérément le fait de la pauvreté de Cuba en ressources naturelles par rapport à d’autres pays de la région. Sans des ressources hydriques, c’est impossible de produire de l’énergie hydroélectrique, meilleure marché que l’importation d’un combustible de plus en plus cher pour la production d’énergie thermoélectrique. Il faut ne pas oublier que le Cuba hérité par Castro avait moins de 60% d’électrification ; en conséquence, il aura fallu   électrifier le pays, par la construction de centrales thermoélectriques, comme avancée initiale pour construire une infrastructure  industrielle.

Mais encore, sans des ressources hydroélectriques, il ne peut pas y avoir d’irrigation pour l’agriculture et la production massive d’aliments. Par ailleurs, Cuba, comme maints pays tropicaux, n’a pas de neige, mais des sécheresses.  Mains détracteurs de Cuba parlent depuis de pays développés ayant les effets bénéfiques de cet énorme masse d’eau permettant une irrigation, une humidité naturelle sur le sol, qui assure dans un délai court une abondante production d’aliments.

Par ailleurs Cuba n’a pas de ressources minières favorisant l’industrialisation du pays. Tout effort d’industrialisation passe par l’importation depuis la technologie à une partie tangible de matières premières. Et dans les conditions d’un blocus économique et financier permanent, était-il possible de faire un effort cohérent d’industrialisation ?  Cela dit, même avec la subvention soviétique était-il possible de sortir Cuba du sous-développement,  créer les meilleurs réseaux de services d’éducation, de santé, de culture et des sports du Tiers Monde, créer des emplois pour plus de 600 000 chômeurs et pour les générations de jeunes entrant annuellement sur le marché du travail ?
 Combien  de progrès socio-économiques et politiques Cuba aurait-il pu réaliser s’il n’y avait pas eu de blocus économique et financier des États Unies, des agressions militaires et terroristes, des campagnes internationales contre son régime, des pressions sur des gouvernements étrangers pour isoler et sévir contre Cuba ?

Et malgré tous ces handicaps, le régime instauré par Fidel Castro, que péjorativement en Occident les medias et des gouvernements appellent « castrisme », a réussi l’épreuve de l’Histoire.  Des insuffisances, des erreurs, il y en a eu et il y en a beaucoup. Seulement que le nouveau gouvernement, et à sa  tête Raoul Castro, devra les pointer, pour rectifier ce qui doit être rectifié et parfaire ce qui avait été déficient.

En revanche …

Quelle l’alternative au « castrisme »  veut-on proposer aux Cubains par le « changement de régime » ? Le retour au passé de capitalisme sauvage avec l'enrichissement d'une minorité et des investisseurs des transnationales et entreprises étrangères, au dépens d’une majorité croupissant dans la misère avec ses enfants qui mendient dans la rue,  ses vieux qui meurent faute d’attention médicale et autres fléaux qu’on vit encore dans notre Amérique depuis la Patagonie jusqu’au fleuve Bravo, sous ce régime dont on nous propose le retour ? 

En conséquence, il n’est pas question d’un « changement de régime » sous Raoul Castro ni après Raoul Castro.  En soixante ans, entre 1898 et 1958, les  américains ont contrôlé Cuba, y ont imposé un régime, le vieux régime battu par la révolution.  En cinquante ans, le régime de la révolution a fait pour le peuple cubain beaucoup plus que les régimes précédents parrainés par les États-unis. Les faits sont là.

Ainsi, sans qu’il y ait des mesures préludant la dite  « fin du castrisme », le gouvernement cubain, à sa tête Raoul Castro, devra faire des changements visant à adapter le pays aux nouvelles conditions imposées par un contexte international peu favorable, marqué par les crises alimentaire et financière,  et les conditions intrinsèques de Cuba comme pays pauvre, à vocation agricole. Les mesures devront être réalistes.

Par ailleurs, il y a des domaines où nécessairement des changements doivent intervenir pour combler les insuffisances et rectifier les excès. L’ordre juridique et la démocratie ne seront pas épargnés, à condition que le contexte international change également.  À Cuba, il y aurait davantage de développement dans les dites libertés démocratiques si des puissances étrangères ne finançaient pas la subversion de l’ordre intérieur et promouvaient le terrorisme. Ni le gouvernement de Raoul Castro, ni celui que le succédera, permettront l’introduction d’un « cheval de Troie » dans l’Île.  Il devrait y avoir davantage de liberté pour la presse de toucher certains thèmes tabous avec plus d’acuité mais non dans l’orbite de « reporters sans frontières » ou des grands medias occidentaux.  Cette presse là et ses objectifs sont loin des intérêts de notre nation et de la formation de nouvelles générations. Publicité commerciale,  violence, chronique de la vie privée des personnalités publiques et artistiques, des spéculations informatives, des attaques malintentionnées contre des hommes ou des institutions, n’auront jamais une place dans la « liberté de presse » cubaine. 

Dans le  cadre des développements nécessaires au développement des droits de l’homme Cuba a signé les instruments juridiques correspondants des Nations Unies –le Pacte des droits civiles et le Pacte des  libertés civiles --  mais le développement de ces instruments, qui ne sont pas contraires à ce qu’établit la Constitution de la République de Cuba, ne peut pas se passer du contexte des relations internationales globales dans la matière et de l’action  des ennemis étrangers de la révolution cubaine dans leur intention de la détruire par la subversion de l’ordre intérieur.

 Le 28 février 2008, au siège des  Nations unies à New York, Cuba a signé deux traités essentiels pour les droits humains. Le ministre cubain des Affaires étrangères,  a signé le « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels » et le « Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». Ces instruments juridiques  engagent les nations à respecter des droits fondamentaux de l’homme, dont les  libertés d'expression, d'association, de réunion, et de circulation.  C’est un geste  de Cuba qui indique sa volonté de participer de plus en plus étroitement du concert des Nations Unies. Et vous pouvez vous demander et pourquoi Cuba n’avait pas signé ces instruments auparavant ?
Par une question de principe Cuba n’agit pas comme quelques autres nations, qui prennent des engagements internationaux qu’ils ne respecteront pas.  L’exemple le plus relevant de cela sont les États-Unis mêmes.  Dans les conditions spécifiques d’agressions de tout genre et des tentatives de subvertir l’ordre par des mercenaires à la solde du Bureau d’Intérêts des États-unis à la Havane,  se compromettre à respecter à la lettre ces instruments juridiques, aurait signifié pour Cuba  accepter la présence de l’activité ennemie à l’intérieur de l’Île sans pouvoir rien faire pour la stopper.
La signature maintenant, apparaît plutôt comme un geste, envers certains progrès  dans les relations avec l’Union Européenne, et certaines  démarches non officielles, ou non publiques, de l’Église catholique à Cuba.  Pourtant, le contexte de pressions étrangères contre Cuba en même temps qu’on finance de pseudo dissidents –en réalité des mercenaires--  recevant un salaire d’une puissance étrangère et des organisations étrangères, n’a pas changé.  C’est un défi pour le gouvernement dirigé par Raoul Castro, mais assurément l’application de ces instruments sera lente et seulement dans la juste mesure où le pays ne soit pas plus vulnérable aux attaques et à l’action des mercenaires.
Ceci montre que le nouveau gouvernement est disposé à faire des changements.  Il y en a un, étant  l’objet des campagnes insidieuse contre Cuba  --la libération des soi-disant dissidents-- ; il  viendra au moment opportun, la disposition de les libérer avait été annoncée  par Raoul au sommet Latino-américain de Brésil en 2009, en échange de cinq héros anti-terroristes cubains prisonniers aux  États-Unis. Mais devenue une pierre d’achoppement dans les relations internationales, malgré la justice  faite dans l’incarcération de ces mercenaires,  leur libration surviendra, car le contexte  politique de menace directe des États-unis sous le président  Bush, a changé et encore parce qu’il a été atteint l’objectif recherché  par  ces condamnations justes mais excessives : stopper la croissance et l’activité d’une « cinquième colonne » préparant  l’agression états-unienne.

Suite à cette volonté et préalable à la signature des instruments juridiques de l’ONU sur les Droits de l’Homme et les libertés civiles, le Ministère des Affaires étrangères a publié un document qui éclaircit le cadre juridique cubain qui soutient les principes contenus dans les documents de l’ONU, comme nous le verrons ci-dessous.
Parmi les droits et les garanties reconnus par l’ordre juridique cubain, apparaît dans la Constitution cubaine et le Code pénal, le droit à la vie, à la liberté, à l’inviolabilité des personnes,  à leur intégrité corporelle, à n’être jugé et condamné que par un tribunal compétent en vertu de lois antérieures à l’infraction et selon les formalités et les garanties prévues par la loi ; le droit à la défense, le droit à ne pas faire l’objet de violences corporelles ou morales d’aucune sorte pour soutirer des aveux aux personnes, l’application de la rétroactivité de la loi pénale quand elle est favorable à l’accusé, l’obligation d’observance de la légalité, l’obligation d’appliquer les verdicts et autres résolutions fermes des tribunaux et le contrôle et la préservation de la légalité par le ministère public.

Enfin,  Cuba change, mais il n’y a pas, et il n’y aura pas de « changement de régime », car celui que le peuple cubain s’est donné est de loin le meilleure pour résoudre ses problèmes et combler ses aspirations, à condition, bien sûr de résoudre ses insuffisances et de l’insérer plus harmonieusement au consensus et à la pratique internationaux.

L’annonce tout récente, en juin 2010,  de la libération des soi-disant dissidents, revêt une importance particulière, car elle implique deux changements, l’un par rapport à ces personnages et un autre très important sur l’acceptation de l’Église comme interlocuteur pour des questions politiques, ce qui ne se passait pas depuis le triomphe de la révolution, après que Église s’est alliée aux contre-révolutionnaires et au gouvernement des États-unis
 
2
QUESTION :

Louis Trudel, professeur au Secondaire  étudiant CEGEP

Vu que Castro et son frère Raoul sont des personnes âgées et que nécessairement ils disparaîtront physiquement, comment envisagez-vous, Cubains,  d’assurer la continuité du processus ? Y a t il déjà une relève des frères Castro et de la génération de la révolution de 1959 ?

REPONSE :

Tous les grands moments de l’histoire de Cuba ont eu comme acteurs fondamentaux les jeunes. Un jeune de 16 ans a été José Marti, lorsqu’il est devenu prisonnier politique. Jeune, il a organisé la deuxième guerre d’indépendance, dont il a été l’apôtre, et jeune aussi, à l’âge de 42 ans il est mort au combat.  Un jeune de 23 ans était Antonio Maceo. Le plus grand général cubain des guerres pour l’indépendance, lorsqu’il s’est intégré en 1868 aux forces de l’armée patriotique. Jeunes étaient les plus de 150 hommes avec lesquels Fidel a attaqué la Caserne de la Moncada le 26 juillet 1953, connus comme la « Génération du Centenaire ». Jeune a été le Gouvernement Révolutionnaire instaure le 1er janvier 1959. Fidel Castro, le Premier ministre,  avait 33 ans, Che Guevara,  président de la Banque nationale et puis Ministre de l’industrie, avait 31 ans, Raoul Castro, Ministre à la Défense,  avait 27 ans, Hart, Ministre d’Éducation, avait 28 ans.

Jeunes ont été ceux qui ont entrepris la Campagne Nationale d’Alphabétisation en 1961, qui a supprimé l’analphabétisme à Cuba.  Des jeunes ont entrepris la révolution culturelle cubaine dont les résultats scientifiques font la fierté de la Nation.

La profession de foi des Cubains sur les nouvelles générations avait été remarquée par José Marti lorsqu’il a dit « Los niños son la esperanza del Mundo » (Les enfants sont l’espérance du monde). Puis à Che Guevara de sentencier « La juventud es la arcilla fundamental de nuestra obra » (La jeunesse est l’argile fondamentale de notre œuvre », soit la matière  première par laquelle on fait la révolution.

Le souci de Fidel Castro pour former une relève était si important, qu’il s’est muni d’une équipe  de jeunes  désignée comme « équipe d’appui du Premier Ministre », pour en avoir la vision jeune sur la société et faire d’eux la future relève qui assurerait la continuité  du projet social entrepris le 1er janvier 1959.

Il y a dans tout le pays un mouvement de relève où les jeunes sont convoqués à occuper des places dans les gouvernements locaux, dans les organisations politiques et de masse, pour acquérir une expérience de gouvernement à tous les niveaux et assurer la relève. Fruit de ce mouvement, c’est justement la proportion de jeunes qui, lors des dernières élections générales, ont été élus  à l’Assemblée Nationale ; 118 députés sont âgés de dix-huit à quarante ans ; plus de 56 p. 100 sont nés après la victoire de la Révolution ; la moyenne d’âge des députés est de quarante-neuf ans.

Ainsi donc, la relève des frères Castro et la « Génération du Centenaire »  de José Marti, est assurée par des jeunes. La relève est en formation. Si, par les hasards de la nature, on voyait disparaître physiquement les dirigeants actuels, il y a une relève jeune et mieux préparée aux activités gouvernementales, que celle qui a intégré en 1959 le gouvernement révolutionnaire. Surtout, il y a des économistes  bien formés, et indispensables pour faire face aux défis posés par l’adéquation du pays aux changements globaux de l’économie mondiale ; il y a une génération de professionnels jeunes capables de réorganiser, de changer, ce qu’il faut changer ; il y a une génération de cadres jeunes, conscients de ce que la révolution signifie pour le peuple et consciente de ce que toute marche en arrière serait suicidaire pour les acquis de la révolution.

Moins conservatrice et plus dynamique, la jeunesse opèrera les changements nécessaires au pays, en tant que relève de la « Génération du Centenaire ».

On aurait, pourtant, tort à croire à une unanimité absolue dans la position de jeunes envers l’avenir. Il y a une couche minoritaire qui a ses « rêves », formés dans l’école audiovisuelle des films et vidéos,  américains surtout, qui étale une prospérité, une abondance matérielle propre de la société de la consommation, qu’ils savent ne jamais pouvoir atteindre à Cuba, vu la pauvreté de leurs pays. Alors, elle rêve de voyager, d’immigrer pour obtenir l’abondance de ce monde de la consommation.

Il y a encore une autre fraction qui, formée par la révolution à un haut niveau scientifique et technique, voit  comme irréalisable  le rêve d’aller plus loin, d’appliquer jusqu’à la dernière expression ce qu’elle a appris dans les universités cubaines. Elle rêve aussi de voyager pour mettre à l’épreuve, et pour tester, ses connaissances.

L’un des défis qui se pose justement à cette relève, c’est de satisfaire les besoins des nouvelles générations, de voir s’épanouir dans des activités pratiques, dans les réalisations sociales les connaissances acquises et générer la prospérité relative à laquelle peut objectivement aspirer la population cubaine, sans fléchir dans les principes, dans la dignité nationale et la souveraineté.


QUESTION : Laurent Villeneuve,  professeur à la retraite.

Chez nous et internationalement, le droit de grève, est un principe ou un droit sacré. Il nous sert pour contrer des actions arbitraires de l’administration et pour protester, soit contre les bas salaires, soit contre les mauvaises conditions de travail, soit contre le limogeage arbitraire d’un travailleur. Et je me demande, pourquoi les travailleurs cubains n’ont pas le droit de  grève ?

REPONSE :

Avant le triomphe de la révolution le droit de grève n’existe pas. Pourtant, les travailleurs faisaient la grève pour les mêmes raisons que vous avez énumérées. Seulement, ils étaient violemment réprimés.
Avec la révolution  la situation a changé. Une fois que les industries et  les entreprises sont devenues propriété sociale, il n’existe plus un patron qui exploite le travailleur pour s’enrichir. Le patron est le même qui donne la santé et l’éducation gratuites, logement à des prix dérisoires, des subventions aux produits alimentaires. Soit, il n’est pas un ennemi de classe. Il n’y a pas donc des contradictions d’intérêts entre l’administration et le travailleur, qui sont à la base des grèves qu’on faisait dans le pays avant la révolution.  Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de situations conflictuelles.

Mais la solution ne viendra jamais d’une grève, mais de la discussion saine entre les représentants syndicaux des ouvriers et l’administration. Par ailleurs, tous les jours, il y a dans des usines un « petit conseil », dont fait partie le représentant syndical des ouvriers. Aucune décision ne peut être prise sans l’approbation du représentant syndical. Même le plan de production annuel de l’entreprise doit être discuté et analysé en assemblée générale de tout le collectif ouvrier. Et des ajustements sont faits selon les propositions ouvrières.

L’administration ne peut pas décider, à elle seule, le limogeage d’un travailleur. Le travailleur doit être remis à un conseil juridique, dont fait partie le représentant syndical. Et même si le représentant syndical accepte les arguments pour lesquelles le « Conseil de Travail » détermine la séparation d’un ouvrier de son poste de travail, l’ouvrier peut faire appel  au Tribunal Populaire Municipal et à d’autres instances. Alors ce n’est pas nécessaire de faire une grève pour que justice soit faite.
Une autre raison pour laquelle internationalement les ouvriers peuvent se déclarer en grève  ce sont les mauvaises conditions de travail –dangereuses, antihygiéniques, polluantes— mettant en danger la vie ou la santé des travailleurs. Au Québec, au Canada, en France, on ferait la grève pour obliger le patron de corriger la situation. A Cuba ce n’est pas nécessaire, parce que toute situation doit être discutée au « petit conseil » en première instance. Mais encore, dans toute usine, il y a une section de sécurité et hygiène du travail, liée au ministère de la santé publique. Il suffit qu’un ouvrier convoque des représentants de cette instance, pour que celle-ci s’y présente. Elle peut déterminer la cessation immédiate du travail dans l’activité ou l’aire de travail en question.  Alors, on arrête le travail sans que ce soit une grève.
Enfin, la révolution n’a pas aboli le droit de grève, seulement qu’il n’est pas exercé, parce qu’il n’y a pas d’opposition entre l’administration et les ouvriers, et aucune administration n’a les facultés pour prendre des mesures arbitraires. Tout doit passer par le syndicat, le conseil de travail  ou la section de protection et hygiène du travail. Dans de telles conditions, une grève irait contre les intérêts des ouvriers mêmes de l’entreprise en question et contre la société dans son ensemble.   Une grève pour revendication de salaire s’avère impossible, car les ouvriers connaissent la situation économique du pays, qui ne peut pas donner ce qu’il n’a pas. Ce n’est pas la situation d’un patron privé, qui empoche les bénéfices du travail des ouvriers.

Pourtant, avec l’ouverture de Cuba au tourisme et la présence des entrepreneurs étrangers, des contradictions sont apparues, des décisions arbitraires prises par des administrateurs étrangers aussi. Cela pose un défi à l'État cubain, car au tourisme, on ne fonctionne pas avec les mêmes structures que dans les entreprises 100% étatiques.



QUESTION :
Roger Gascon, étudiant relations internationales.

Nous avons été éduqués dans le principe de ce que le multipartisme, assure la mise en question démocratique, des plans de développement du pays, des politiques à suivre dans le domaine social, la participation dans les décisions  gouvernementales stratégiques  et évite la dictature d’une seule manière de penser et d’agir. En ce qui concerne Cuba qui se veut démocratique, et un exemple en fait de développement social, pourquoi il n’y a qu’un seul parti ? 

REPONSE :

Sachez, tout d’abord, que l’histoire du pluripartisme à Cuba est si néfaste comme dans les pays voisins de l’Amérique Latine. À l’ombre du pluripartisme se sont faites des fortunes immenses dans nos pays et, avec les ressources de nos pays, et pour les étrangers.

Qu’est-ce que le pluripartisme a légué à Haïti,  à  la République Dominicaine, au Nicaragua, au Paraguay, Pérou,  à la Bolivie, l’Équateur, au Brésil et aux autres ?

La misère généralisée, la richesse concentrée entre les mains de quelques familles et des étrangers, l’analphabétisme, la pénurie des services de santé et d’éducation et une inégalité sociale criante.

C’était la réalité de Cuba jusqu’au 31 décembre 1958: cela après soixante ans de domination américaine et proaméricaine dans le pays. Seulement que, à la différence des pays mentionnées, à quelques exceptions près, dont Haïti. Cuba était terriblement pauvre, et le gâteau  à partager était tellement maigre qu’il ne parvenait pas à satisfaire la satiété des convives nationaux et étrangers. Le peuple n’était pas invité au banquet.

Le pluripartisme était entré tardivement dans l’histoire politique de Cuba. Les monarchiques, les annexionnistes et les réformistes de la deuxième moitié du XIXième siècle ne constituait pas des partis, car le régime colonial l’a empêché jusqu’à la convocation au régime autonomique en 1897. Mais José Marti, apôtre de notre indépendance, avait fondé un parti –le Parti Révolutionnaire Cubain— pour faire la guerre nécessaire contre le colonialisme pour l’indépendance et pour construire la "République  avec tous et pour le bien-être de tous". Ce parti convoquait tous les Cubains , sous une plateforme d’unité nationale à la lutte  contre le colonialisme et la construction de la République.

José Marti était un démocrate, un républicain. Pourtant, il ne pensait pas que la construction de la nouvelle société dans une Cuba indépendante ait besoin  de plusieurs partis, mais du Parti Révolutionnaire Cubain.

Et qu’est-ce qui s’est passé ? Aux partis de la dernière minute autorisés par l’Espagne dans son jeu autonomiste, sont venus se substituer les nouveaux partis prônés par les occupants américains. La première mesure a été l’abolition du parti créé par Marti et briser, de la sorte, l’unité nationale pourtant si nécessaire, devant la tâche commune de  bâtir la République.

Briser l’unité nationale, briser l’unité des patriotes, aider la soumission au protectorat, corrompus par les agents du protectorat. Ceux qui auparavant se réclamaient de patriotisme, sont devenus le revers de la médaille sous les bannières du servilisme. Les anciens généraux, divisés en partis différents, sont devenus des tyrans dans l’étroite marge de liberté qui  leur laissait l’Amendement Platt et le traité de réciprocité permanente avec les États-Unis.

Alors, sans un front national uni autour du parti de José Marti, les occupants américains n’ont eu rien à craindre parce que l’annexion n’aurait pas pu être parachevée. Leurs fidèles valets, quel que soit leur parti, n’empêcheraient l’annexion économique de l’Île, et l’obéissance politique au diktat de Washington, et avec moins de frais que l’annexion pure et simple. 

Il serait inutile de dresser encore un bilan sur ce qui était Cuba dans la décennie 1950: regardez les deux mondes de misère et opulence bâti dans notre Amérique Latine sous le pluripartisme et vous allez voir Cuba, à la différence  de beaucoup de ces pays, là où, il y a encore de l’or, de l’argent, du pétrole et d’autres richesses minières, et encore des fleuves pour produire hydroélectricité et irriguer les champs s’il y avait une volonté politique et économique de le faire. N’oublions le riche Vénézuela avant Hugo Chavez, ou la Riche Bolivie avant Evo Morales, ou le riche Chili, sans regarder les autochtones Mapuches.

C’est la raison pour laquelle Fidel Castro et la  dite Génération du Centenaire de José Marti, épuisées des voies démocratiques du pluripartisme, se sont lancés dans la lutte armée, tout d’abord par l’attaque de la caserne de la Moncada et puis le maquis et la lutte de guérilla.

Après la victoire du 1er janvier 1959, il n’y a pas eu de discrimination de tendances politiques pour intégrer le Gouvernement Révolutionnaire. Quelques mois ont suffi pour démontrer que les politiciens bourgeois voulaient freiner la révolution et qu’ils restaient obéissants au principe de "Avec les Américains tout, contre les Américains rien". Pourtant, on ne faisait que la révolution rêvé par José Marti.

Vite, Castro, Che Guevara et autres dirigeants se sont rendus compte qu’il fallait satisfaire le vide politique de l’absence de partis pour diriger le processus révolutionnaire. Mais vite aussi, ils ont compris, que la seule manière de faire face au grand défi qui les attendait, était l’unité, un front commun pour radicaliser le processus révolutionnaire et pour faire face à un ennemi déclarée, qui avait structuré le terrorisme, qui encourageait les actes  terroristes, qui avait bombardé des villes, qui avait envahi avec des mercenaires le territoire nationale par la Baie des Cochons, qui avait implanté un embargo vite devenu blocus. C’est seulement avec l’unité de tout le peuple autour d’un organisme politique, que l’on pourrait éviter d’avoir  l’ennemi chez soi, d’avoir un cheval de Troie chez soi, d’avoir une "Cinquième colonne" chez  soi. C’est pourquoi, on a réuni autour d’une même table des factions différentes qui avaient un objectif commun, faire la révolution.

Ainsi se sont réunis autour de la même table le "Directorio Revolucionario 13 de Marzo", le "Parti Socialiste Populaire" (marxiste) et le "Mouvement Révolutionnaire du 26 Juillet" (castriste). Il y avait des antipathies et même des hostilités entre ces groupes, mais, il y avait le patriotisme, comme base commune, et la volonté de surmonter les différences. Alors a été fonde un parti de l’unité nationale : ORI  (Organisations Révolutionnaires Intégrées). 

Pourtant, malgré la profession de foi dans l’unité, les différences ont persisté, même du coté de ceux qui, comme parti, aurait dû exiger bien moins de ce qu’ils ont réalisé. Des dirigeants marxistes ont commencé à pratiquer du sectarisme et après d’âpres discussions mais avec la ferme volonté de préserver et renforcer l’unité, on a dissout cette organisations et on a créé, en 1964, une autre avec une plus grande base populaire : le  PURSC (Parti Uni de la Révolution Socialiste de Cuba). 

Il y a eu une nouvelle transition en 1965, et l’on a présumé que les conditions étaient mûres pour fonder le Parti Communiste de Cuba, ayant comme mission guider politiquement et idéologiquement le processus de la Révolution, sans intervenir directement dans les affaires administratives.

Et, une fois pour toute, la direction du pays s’est prononcée pour le monopartisme, assurant l’unité nationale. Depuis 1965, sous la direction de ce parti, et jusqu’à nos jours, Cuba s’est développée dans les domaines dont elle avait la possibilité mais aussi sous sa direction des erreurs ont été commises. Mais les succès sont plus importants que les erreurs.

Dire que l’absence de plusieurs partis nous aurait empêché d’arriver plus loin, c’est faux. Avec plusieurs partis et avec un niveau de pauvreté semblable à Cuba, et même bien inférieur à Cuba, quel pays d’Amérique Latine aura avancé plus que Cuba  en jouissance des droits fondamentaux de l’homme : éducation, santé, logement, alimentation, accès à l’électricité, la télévision, la radio, la culture, pour tous ?  Et notez qu’on ne parle pas d’accès aux grands marchés pleins de marchandises, comme on peut voir n’importe où en Amérique Latine. Il aurait fallu ne pas avoir de blocus, et aucun pays de l’Amérique Latine n’a été soumis à un tel blocus qui affecte Cuba depuis le début même de la révolution.

Alors, le bilan de Cuba sans multipartisme est bien supérieur à celui de la Cuba multipartiste. Par ailleurs, une fois que les présidents des États-unis ont déclaré publiquement que leurs gouvernements sont opposés à l’existence d’un Cuba castriste, puis socialiste, et qu’ils aideraient à renverser le régime et à extirper le socialisme de Cuba, est-ce que la décision en 1962 d’avoir un seul parti serait-elle erronée ? D’autant plus que n’importe quel parti contre la révolution serait financé par une puissance étrangère ennemie du pays.

Est-ce qu’il y aurait une formation politique quelconque qui puisse transformer la pauvreté de l’Île en richesse, creuser un trou et découvrir des gisements d’or, argent, diamants, ou creuser une tranchée et la transformer un réplique du fleuve St-Laurent, ou de l’Amazone, ou importer un morceaux du St-Laurent pour remplir nos ruisseaux et nos barrages artificiels et un autre morceau d'Abitibi, pour construire des marchés comme Métro, Maxi, IGA, Super C, IKEA, Canadian Tire, Sears et autre ?

Enfin, ce n’est pas avec plusieurs partis que Cuba pourra changer sa condition de pauvre. Aucun autre parti ne peut avoir un programme de développement social supérieur à celui que Cuba a eu et qui a permis la suppression de l’analphabétisme et la transformation du pays dans le domaine culturel et scientifique, au point d’être à l’avant-garde du Tiers-Monde, malgré sa pauvreté en richesses naturelles.

On avance encore comme argument pour le pluripartisme que cette modalité politique permet le libre flux des idées pour améliorer la situation du pays, qu’elle permet de critiquer ce qui est mal fait pour l’émender.

Qui a dit qu’à Cuba, en absence des partis politiques, on ne peut pas critiquer et formuler es idées nouvelles pour faire des progrès ? Les États-Unis, bien sûr, et leurs agents de Miami, ou «objectivement» les alliés politiques des États-Unis.

Car, les organisations de la société civile cubaine, discutent dans leurs réunions de leurs problèmes et les font parvenir au gouvernement. Mais encore, il y a le pouvoir populaire, qui à chaque six mois tient des assemblées des voisins pour entendre, accepter, critiquer et amender le compte rendu des élus. Et là, il y a une autre voie pour transmettre des idées au gouvernement. Sans parler des assemblées mensuelles syndicales, appelées assemblées de  production et services où les ouvriers et employés dressent les problèmes qui peuvent affecter leur activité. Ils font alors, avec plus d’efficacité ce que supposément ferait un parti politique.

Enfin, la question d’un seul parti à Cuba, dépasse le cadre idéologique pour devenir une question de sécurité nationale face aux menaces de casser la révolution par les États-Unis. La stratégie d’unité permanente de Fidel Castro et de la direction politique et gouvernementale cubaine a prouvé au cours de ces 50 ans sa validité.

Accepter la formation de plusieurs partis aurait été suicidaire, car on aurait donné aux gouvernements des États-Unis l’arme nécessaire pour détruire la révolution depuis l’intérieur. Pourtant, on ne pourrait pas être totalement satisfait de l’exercice de la démocratie au sein des organisations de la société civile et du Parti Communiste lui-même, pour éviter des erreurs et dépasser des tabous et des interdictions qui ont freiné le développement de l’agriculture et l’élevage, ainsi que le petit commerce. La crainte idéologique de voir  monter un secteur privé, avec des possibilités futures de faire des pressions politiques incarnent un préjugé qui aura entravé le développement d’un secteur qui ne doit pas nécessairement entrer en contradiction avec le système, au-delà de la considération idéologique, voire philosophique, qui considère l’exploitation de l’homme par l’homme, le fait qu’un propriétaire paie du salaire à un ouvrier.

Aujourd’hui, la vie  a démontré  l’erreur effective de 1967-68 lorsqu’on a puni tout le secteur de la petite propriété privée à cause de ceux, au sein du secteur, qui conspiraient contre la révolution par un boycott des activités économiques et autres actions contre-révolutionnaires ou de complicité avec la contre-révolution et le gouvernement des États-unis. Ce qui aurait été consciencieux, c’était de punir les coupables non tout un secteur d’une grande utilité sociale auquel jamais l’État n’a pu se substituer.

Enfin, comme vous le dites vous-même, (lors de votre séjour),  il y a eu des erreurs, dont je ne citerais que quelques-unes.

Des erreurs, sur le marché libre des paysans, ont provoqué une contraction avec la production. Car (par ailleurs), l’entreprise étatique d’achat appelée "Acopio" est devenue  bureaucratique et infructueuse pour la production. En élevage, d’autres erreurs aussi ont empêché une croissance lente et progressive du cheptel pour parvenir à offrir à la population la viande de bœuf si souhaitée et dont la consommation a fait naître un marché noir nourri par des bêtes volées aux éleveurs privés ou étatiques.  

On ne peut pas nier que le secteur de la presse a été marqué par le manque de combativité et de transparence devant les faits dans laquel une presse responsable et patriote aurait pu harceler les administrateurs bureaucrates ou les fonctionnaires corrompus, ou encore sur  les problèmes sociaux qui peuvent également se présenter dans une société qui a quand même autant cheminé.

Ainsi donc,  des erreurs il y en a eu: seulement, il faut aussi logiquement les corriger. Mais reconnaître les erreurs ne veut pas dire qu’il aurait fallu un autre parti pour les révéler, les déceler et les corriger. 

Il  y a  eu de la lassitude, manque de combativité, manque d’esprit critique et de courage pour dire non ou mettre en question des décisions improvisées par des organismes supérieurs. La phrase "Eso llegó de arriba" (Cela est venu du haut) a été fréquemment entendue, et tristement acceptée. Pour ensuite dire : ce fut une erreur. Le nouveau défi auquel doit faire face le seul parti de Cuba, qui vient de convoquer son VIème congrès, par un document qui doit être débattu, critiqué, modifié et enrichi par le peuple dans sa totalité dans des assemblée publiques, c’est d’accepter toutes les critiques et suggestions du peuple avec un esprit créateur et voué à approfondir la démocratie cubaine. Ces débats démocratiques devront devenir une pratique quotidienne, pour que la démocratie cubaine ne boite plus.

QUESTION :  Louis Tousignant, retraité.

J’ai souvent lu que pour les États-Unis et pour les exilés cubains à Miami ce dont il s’agit c’est du développement de la société civile à Cuba Qu’est-ce qu’ils veulent exactement ? Pouvez-vous faire le point sur la société civile à Cuba ?

REPONSE :

Pour eux, il ne s’agit pas de créer ce qui déjà existe et qu’il mette en question parce que cela ne répond pas à leurs visées sur Cuba. Des organisations de la société civile existent à Cuba, structurées depuis la base jusqu’au niveau national. Seulement que ce ne sont pas des organisations de masse et des organisations professionnelles conforment aux directives politiques d’une organisation étrangère quelconque.

Si vous regardez la question par secteurs et par segments de la population, vous verrez que la société civile est bien représentée à Cuba.  Les femmes ont leur organisation depuis la base jusqu'au  National, la Fédération des Femmes Cubaines (FMC). Les enfants ont l’Organisation de Pionniers José Marti (OPJM), depuis la localité jusqu’au  national; les adolescents ont la Fédération des Étudiants de l’Enseignement Moyen (FEEM) ; les étudiants universitaires ont leur Fédération des Étudiants Universitaires (FEU).

Pour ce qui est des paysans privés, ils ont leur Association Nationale de  Petits  Agriculteurs (ANAP) ; les jeunes amateurs de l’art ont leur Association « Hermanos Saíz » ; les artistes professionnels ont l’Organisation des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC). Les religieux ont le conseil des Églises de Cuba,  le Conseil Œcuménique de Cuba ;  les catholiques, les protestants ont des organisations propres, ainsi que les pratiquants des religions afro-cubaines, réunis autour du Centre Yoruba de Cuba.

Les artisans professionnels ont l’Association Cubaine d’Artisans (ACA). Les travailleurs innovateurs ont l’Association Nationale d’Innovateurs et de Normalisateurs (ANIR). Les pédagogues, professeurs, ingénieurs, architectes, médecins ont des organisations professionnelles correspondantes,  lesquelles font toutes partie de la société civile.

Les avocats et le personnel juridique ont l’Union de Juristes de Cuba. Les travailleurs, en général, depuis la base jusqu’à la nation, sont organisés dans des syndicats qui forment la Centrale Syndicale de Cuba (CTC). Ceci sans parler de la plus grande organisation de la société civile, groupant toute la population depuis le niveau du pâté de maisons : les Comités de Défense de la Révolution (CDR).

Les aveugles ont leur Organisation Nationale des Aveugles et des handicapés visuels (ANSI). Comme les maîtres de cuisine ont leur Association Culinaire de Cuba. Ceux qui élèvent et aiment les oiseaux ont leur « Asociación de Canaricultores de Cuba ». Et il est difficile de trouver une aire de l’activité humaine qui ne soit pas embrassée par une organisation de la société civile. Et l’élément le plus important dans leur activité, c’est que leurs critiques et suggestions engagent obligatoirement le gouvernement, à ses différents échelons. On doit les entendre et chercher des solutions.

Mais quelles organisations de la société civile veulent les gens de Washington et Miami? Des organisations d’opposition au régime, des partis politiques opposés au régime?

Ils voudraient voir créer à Cuba des organisations suivants leurs objectifs politiques comme de chevaux de Troie, au sein de la société cubaine. C’est pourquoi, ils parlent d’un soi-disant Comité pour le Droits de l’Homme, ou d’une association de Journalistes Indépendants, ou des soi-disant syndicats libres, comme si de telles organisations pouvaient miner la société pour la faire éclater depuis l’intérieur.

 Ils parlent de créer des organisations non gouvernementales (ONG). Mais, il s’agit bien des organisations non gouvernementales comme celles que nous avons mentionnées. Et ,il en existe  encore d’autres.

Ils prônent la création de partis politiques, mais la question en est que la conception du système politique cubain n’a pas besoin de pluripartisme pour qu’il y ait une diversité d’opinions dans le pays. Car si les organisations précitées fonctionnaient bien, toutes les idées nouvelles pourraient immédiatement être soumises au Conseil d’État, à l’Assemblée Nationale ou aux organismes et instances impliqués. 



QUESTION : Gilles Arsenault,  professeur.  

Comme un phénomène mondial, les jeunes posent des problèmes, dans la société. Ils veulent avoir leur mot à dire sur la vie politique et sociale, et ils réclament leur espace. Mais il y a aussi qu’ils posent des problèmes dans divers domaines: l’éducation, les loisirs, les opportunités de travail. Et c’est justement chez les jeunes où les problèmes de la criminalité, les drogues, la prostitution et d’autres maux sociaux frappent  le plus. Comment cela se passe-t-il à Cuba ?

RÉPONSE :

Tous les grands moments de l’histoire de Cuba ont eu comme acteurs fondamentaux les jeunes. José Marti avait 16 ans lorsqu’il est devenu prisonnier politique. Jeune, il a organisé la deuxième guerre d’indépendance, dont il a été l’apôtre, et jeune, à l’âge de 42 ans, il est mort au combat. 

Antonio Maceo avait 23 ans et fut le plus grand général cubain des guerres pour l’indépendance, lorsqu’il s’est intégré en 1868 aux forces de l’armée patriotique.

Jeunes étaient les (plus de) 150 hommes avec lesquels Fidel a attaqué la Caserne de la Moncada le 26 juillet 1953, et connus comme la « Génération du Centenaire ».

Jeune a été le Gouvernement Révolutionnaire instauré le 1er janvier 1959. Fidel Castro, le Premier ministre,  avait 33 ans, Che Guevara,  président de la Banque nationale et puis Ministre de l’industrie, avait 31 ans, Raoul Castro, Ministre à la Défense, avait 27 ans,  Hart, Ministre d’Éducation, avait 28 ans.

Jeunes ont été ceux qui ont entrepris la Campagne Nationale d’Alphabétisation en 1961, et qui a liquidé l’analphabétisme à Cuba.  Des jeunes ont entrepris la révolution culturelle cubaine dont les résultats scientifiques font la fierté de la Nation.

La profession de foi des Cubains sur les nouvelles générations avait été perçue par Marti lorsqu’il a dit « Los niños son la esperanza del Mundo » (Les enfants sont l’espérance du monde). Puis à Che Guevara de sentencier « La juventud es la arcilla fundamental de nueras obras » (La jeunesse est l’argile fondamentale de notre œuvre », soit la matière  première par laquelle on fait la révolution.

Le souci de Fidel Castro pour former une relève était si important, qu’il s’est muni d’une équipe de jeunes désigné comme « équipe d’appui du Premier Ministre », pour en avoir la vision jeune sur la société et faire d’eux la future relève qui assurerait la continuité  du projet social entrepris le 1er janvier 1959.

Il y a dans tout le pays un mouvement de relève où les jeunes sont convoqués à occuper des places dans les gouvernements locaux, dans les organisations politiques et de masse, pour acquérir une expérience de gouvernement à tous les niveaux et assurer la relève.

Fruit de ce mouvement, c’est justement la proportion de jeunes qui, lors des dernières élections générales, ont été élus  à l’Assemblée Nationale ; 118 députés sont âgés de dix-huit à quarante ans ; plus de 56 p. 100 sont nés après la victoire de la Révolution ; la moyenne d’âge des députés est de quarante-neuf ans.

Ainsi donc, la relève des frères Castro et de la « Génération du Centenaire »  de José Marti, est assurée par des jeunes. La relève est en formation. Si, par les hasards de la nature, on voyait disparaître physiquement  les dirigeants actuels, il y a une relève jeune et mieux préparée aux activités gouvernementales, que celle qui a intégré en 1959 le gouvernement révolutionnaire.

Surtout, il y a des économistes bien formés, et indispensables pour faire face aux défis posés par l’adéquation du pays aux changements globaux de l’économie mondiale ; il y a une génération de professionnels jeunes capables de réorganiser, de changer, ce qu’il faut changer ; il y a une génération de cadres jeunes, conscients de ce que la révolution signifie pour le peuple et consciente de ce que toute marche en arrière serait suicidaire pour les acquis de la révolution.

Moins conservatrice et plus dynamique, la jeunesse opèrera les changements nécessaires au pays, en tant que relève de la « Génération du Centenaire ».

On aurait, pourtant, tort de croire à une unanimité absolue dans la position des jeunes envers l’avenir. Il y a une couche minoritaire qui a ses « rêves », formés  dans l’école audiovisuelle des films et vidéos (américains  surtout), qui étale une prospérité, une abondance matérielle propre de la société de la consommation, qu’ils savent ne jamais pouvoir atteindre à Cuba, vu la pauvreté de leurs pays. Alors elle rêve de voyager pour voir, d’immigrer pour obtenir l’abondance de ce monde de la consommation.

Il y a encore une autre fraction qui, formée par la révolution à un haut niveau scientifique et technique, voit  comme irréalisable  le rêve d’aller plus loin, d’appliquer jusqu’à la dernière expression ce qu’elle a appris dans les universités cubaines. Elle rêve aussi de voyager pour mettre à l’épreuve, pour tester, ses connaissances.

Et enfin, on aurait tort de nier que l’ouverture de Cuba au tourisme international  a eu un impact particulier  sur les jeunes. La majorité tente de connaître les touristes pour s’en faire des amis, pour connaître une autre culture.  Mais une minorité, peu nombreuse s’approche des touristes pour tirer un avantage quelconque. On ne peut non plus fermer les yeux pour ne pas voir des fléaux qui  accompagnent le tourisme, comme la prostitution et la drogue. Leur impact n’a pas été très grand, mais restent les blessures éthiques. L’un des phénomènes sociaux apportés par le tourisme c’est le mariage  avec des étrangers. Là, il y a des mariages de raison, soit pour l’intérêt de voyager et d’avoir une situation économique meilleure et pouvoir aider la famille. Mais il y a des mariages motivés par des sentiments d’amour aussi. 

Il y a des campagnes où l’on exagère exprès la dimension de la prostitution tout en accusant de prostituées les jeunes filles qui fréquentent les hôtels. C’est une manipulation pour accuser le régime. Il y a des prostitués, oui, mais le plus souvent les filles qui se promènent autour des hôtels  ce qu’elles cherchent ce n’est pas un client sexuel, mais un partenaire qui paie l’entrée à la discothèque et la consommation en CUC, car, en échange de la compagnie elles vous apprennent à danser. Et de là commencent parfois les relations qui conduisent à un mariage.

L’un des défis qui se pose justement à la société cubaine, c’est de déraciner les causes de telles déviations, d’une part, et, de l’autre, de s’adonner à la tache de satisfaire aux besoins des nouvelles générations de voir s’épanouir dans des activités pratiques, dans les réalisations sociales, les connaissances acquises et générer la prospérité relative à laquelle peut objectivement aspirer la population cubaine, sans fléchir dans les principes, dans la dignité nationale et la souveraineté.

Note:
 Plus de 320.000 jeunes Cubains ont exercé par la première fois leur droit de vote aux élections partielles convoquées par le Conseil d’État, pour élire les délégués à l’Assemblée Municipale du Pouvoir Populaire et un total de 15 093 délégués de 16 ans et plus furent élus. ,
 Il ne faut pas oublier ce qu’avait dit Raúl Roa, quelqu’un qui  étant jeune, avait milité dans les rangs des combattants contre la dictature de  Gerardo Machado en 1933, et qui ensuite a lutté contre  le dictateur Batista dans la décennie  1950 pour devenir le « Chancelier de la dignité » avec le  régime de  Fidel Castro : « Les jeunes sont toujours les mêmes, ce qui change ce sont les circonstances ». 
En effet, les jeunes sont contestataires par excellence et Cuba n’a pas été une exception.
 Les jeunes d’aujourd’hui, au moins le segment des 18 et 30 ans, sont les enfants de la période spéciale, commencée en 1991.  La pénurie matérielle les a touchés, ainsi que la détérioration de l’éducation, des services, de l’alimentation, l’augmentation des inégalités sociales  et, surtout, ils ont été témoins et victimes d’une crise des modèles dans l’environnement familier et dans le milieu social  et la rupture des espérances d’un avenir brillant nées avec la Révolution. Et cela explique la présence d’attitudes critiques, voire contestataires que nous avons observées.
En termes d’engagement individuel, la jeunesse cubaine reste engagée avec le moment historique qu’elle vit. Mais gardons-nous de la fausse unanimité, fruit de la compulsion sociale.

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QUESTION :  Maurice Magny,  professeur retraité.

Après votre exposé, vous avez dit qu’on pouvait poser des questions sans aucun tabou, seulement que vos réponses seraient à titre personnel, mais en toute liberté. Vu votre ouverture, j’oserai, en tout respect, vous poser une question pour laquelle dans mes nombreuses visites à Cuba, je n’ai jamais reçu une réponse satisfaisante, mais des évasions.

Sachez a priori que j’ai visité plusieurs pays de l’Amérique Latine –le Pérou, le Guatemala, la République Dominicaine, le Mexique— et aucun  n’enregistre les progrès en jouissance de  droits de l’homme que j’ai pu constater à Cuba. En revanche, dans aucun je n’ai vu les limitations qu’on voit à Cuba pour l’exercice de certains droits.  En l’occurrence, il s’agit de la liberté d’expression et de la liberté de presse. Bien entendu, je ne veux pas dire que dans ces pays l’exercice de ces droits soit optimal, mais qu’on constate qu’ils existent, au risque même de la vie de ceux qui les exercent. Le Mexique, le Pérou, la Colombie et le Honduras, ont le record en journalistes assassinés, à  cause de l’exercice de tels droits.

J’ai beaucoup d’amis dans des communautés et villes que j’ai visitées. Je leur ai posé certaines questions et ils m’ont répondu de façon évasive. Pourquoi ? (Il arrive qu’) en 2008, j’étais à Cienfuegos justement au moment où le président Raoul Castro a communiqué le limogeage de Felipe Perez Roque et Carlos Lage. Lorsque le journal (avec la communication) est arrivée à la maison, j’étais présent et la femme de mon ami a commenté la nouvelle et lui a dit : "Que pena ! Seguro que manana el periodico dira lo que paso con ellos". (Quel dommage, assurément le journal dira demain ce qui s’est passé avec eux !).

Et à son mari de lui répondre : " Tu eres boba ? Eso se queda entre ellos y el Partido" ! (Que tu es sotte, cela reste entre eux et le Parti).
  Et en effet, j’ai suivi la presse, sachant la position d’hommes publics de ces deux personnages, et à l’exception d’une critique virulente de Fidel Castro et une autocritique des personnages en question, aucune information transparente sur les faits. Maintenant, à  partir de l’exemple que je vous ai montré, je vous demande : Qu’est-ce qui se passe avec la liberté d’expression et la liberté de presse à Cuba ? Pourquoi il n’y a pas de transparence dans les informations publiques tellement importantes, s’agissant d’hommes publics du  plus haut niveau ?

RÉPONSE :

On accuse Cuba de ne pas avoir de  « liberté de presse », de ne pas avoir de « presse privée » et donc de ne pas avoir de « liberté d’expression ». C’est vrai qu’il y a des limitations, des régulations dans l’exercice de tels droits, dans le contexte d’un pays agressé en permanence, menacé en permanence et où l’exercice téléguidé de certains droits peut devenir une arme légale de lutte contre la révolution.
En ce qui concerne la dite « liberté de presse », est-ce que réellement elle existe? Ceux qui dans le grands medias américains et européens accusent Cuba, est-ce qu’ils utilisent leur « liberté de presse » pour dénoncer les actes de terrorisme  contre Cuba, depuis les meurtres et la destruction de biens  économiques jusqu’à la guerre bactériologique ayant causé non seulement des pertes millionnaires à un pays très pauvre mais la vie de plus de 150 personnes seulement avec l’introduction de la dengue hémorragique, la vie de plus de 3 470 personnes par des actes de terrorisme? 

Est-ce que dans leur « liberté de presse », ils l’utilisent pour montrer les réussites d’un pays pauvre bloqué par la puissance militaire et économique la plus grande du monde? Est-ce qu’ils l’utilisent pour dénoncer  la protection dont jouissent les terroristes cubains aux États-Unis et la vengeance criminel contre ceux se sont opposés à leurs actions, comme les cinq antiterroristes incarcérés dans cette nation accusés des actes d’espionnage jamais commis? Peuvent-ils dénoncer, par leur « liberté de presse »  les conséquences du blocus sur l’alimentation et sur la santé des Cubains, sur la pleine jouissance de leurs droits de l’Homme?

Alors certainement, ils n’ont pas de « liberté de presse », pour dire la vérité sur Cuba mais pour mentir sur elle, pour la dénigrer, pour la calomnier, pour faire le jeu des ennemis de ce peuple pauvre et agressé. Et encore pour un brouillage contre tout ce qui soit une performance scientifique, culturel ou autre du pays.

Tout d’abord, à Cuba il n’y a pas de publicité commerciale  car il n’y a pas une société de marché. Puis, on ne publie pas des informations des chroniques rouges ou des chroniques sociales avec la vie privée des familles, car on fait ni des apologies sur les délits de sang ni sur la vie privée des familles, avec leurs succès et leurs choses sales, comme on peut voir  dans n’importe quelle presse occidentale. Si cela c’est de la « liberté de presse », cela n’intéresse pas les Cubains car le papier qu’on gaspille à de telles informations, on l’utilise à publier des livres et à produire des cahiers gratuits pour les écoles.

Et si, par « liberté de presse » on interprète le droit de diffuser des informations tendancieuses visant à inquiéter la population, à perturber l’ordre  établi, à spéculer sur des faits de la vie sociale et politique cubaine, au profit politique des  ennemis visant à fomenter la peur sur l’avenir et la méfiance sur ceux qui dirigent le pays, ce n’est pas permis. L’arme qui a permis la survivance de la révolution c’est l’unité, cela ne veut pas dire unanimité, bien sûr. Tout ce qui minerait cette unité, affaiblit la révolution et doit donc être banni.  Ainsi pas de question pour l’existence d’une presse privée ou indépendante.

Pourtant, des organisations de la société civile, ont des organes de presse, soutenus et subventionnés par l’État. Les écrivains et les artistes ont plusieurs organes mensuels, ainsi que la jeunesse, les étudiants universitaires, divers organismes scientifiques, les musiciens, les pionniers, les économistes et d’autres.

 Imaginer qu’au nom de la dite « liberté de presse », un journaliste diffuse des espèces de la sorte :
Selon de sources non officielles des individus ayant échappé à la surveillance des autorités ont été surpris au moment où ils lançaient des substances mystérieuses aux réservoirs d’eau de l’aqueduc de « Palatino ». Ils ont réussi  à échapper sur une voiture Lada qui les attendaient à l’extérieur.
Des sources de la douane du port de La Havane  informent avoir découvert de la  salmonelle dans un lot de poulets importés depuis l’Argentine. Le chargement en question était destiné aux établissements de pensionnaires du Ministère de Éducation
D’après nos correspondants à Île de la Juventud où étudient des centaines de boursiers africains, une fièvre mystérieuse vient d’être détectée dans la polyclinique de Nueva Gerona. Les villageois sont fort préoccupés par la présence de ces étudiants étrangers, de peur d’assister à une contagion par des maladies tropicales inconnues dans la région des Amériques
Des autorités sanitaires de l’Hôpital d’Holguin sont débordées par une épidémie de diarrhée affectant des étudiants  vénézuéliens après avoir participé à un banquet en leur honneur. Mise à part notre plat national avec cochon grillé, ils auraient mangé  du cocktail de langouste et filet mignon parmi les délices de la cuisine cubaine  sur une table buffet préparée pour l’occasion.

Une analyse superficielle : Combien d’intoxication idéologique peut-il avoir dans ces innocentes informations de la « liberté de presse » !
Plus de 600 000 personnes sans boire de l’eau dans plusieurs quartiers de la capitale; des milliers de familles préoccupées par l’alimentation de leurs enfants pensionnaires ; tout un peuple préoccupé par la présence des boursiers étrangers venus étudier pour aider leurs peuples, éveil de la xénophobie; la population préoccupée par la santé des  étudiants vénézuéliens mais indignée par la présence de mets quasi-interdits dans les repas cubains : langouste  et de la viande de bœuf.

Imaginez-vous la situation avec des informations plus venimeuses dans la guerre psychologique? Disons par exemple :
« Le Syndicat de produits  Laitiers (en clandestinité) convoque tous les ouvriers du secteur à une journée de grève en protestation par l’incarcération illégale de son leader Panfilo Narvaez, ayant protesté contre le projet de diminution d’un demi-litre de lait aux enfants pour faire un don à Nicaragua »

Le syndicat n’existe que dans l’imagination du journaliste et sa « liberté de presse » mais les troubles que la nouvelle pourrait provoquer à l’aide d’un peu d’argent  laisseraient beaucoup d’enfants, ainsi que des malades dans les hôpitaux, sans du lait!

Une presse indépendante ou privée ne saurait avoir un espace à Cuba, car, par ailleurs, quels seraient ses objectifs? Qui la paierait? Car vous savez que toute presse doit avoir un support  économique pour se payer des journalistes... et le papier, et l’encre, et les imprimantes, et les employés. Là où il y a la propriété privée et plusieurs intérêts politiques, groupes et partis. C’est la publicité, les espaces vendus, les contributions directes des entrepreneurs et des groupes politiques et même de l’État.

Et dans  les conditions de Cuba qui  paierait? Les États-Unis, la maffia terroriste de Miami et les ennemis du socialisme en Europe et ailleurs, intéressés à voir disparaître le socialisme  à Cuba dans leur croisade contre ce qu’ils considèrent des réminiscences du communisme.

Soit, cette presse et ces journalistes indépendants, comme justement vient de se passer et se passe encore, sont payés, comme des mercenaires par une puissance  étrangère et ses affidés.  Et pour cette raison 4 journalistes dits indépendants, en réalité des mercenaires payés par les États-Unis et la maffia de Miami, et certains organismes européens, ont été condamnés en 2003, parmi un groupe de 75 soi-disant dissidents qui pratiquaient  également le mercenariat, de par l’acceptation d’un salaire en provenance des sources de financement précitées et s’être mis au service des ennemis de la révolution à l’étranger.
 
Cela dit, il faut remarquer que les critiques contre la presse quotidienne cubaine, aussi bien  écrite que radiodiffusée, ne proviennent pas seulement des ennemis du pays, mais de la population cubaine elle-même, non satisfaite avec la timidité de l’exercice de la critique, le manque de transparence dans l’information sur certaines questions d’importance nationale, comme le limogeage des fonctionnaires de haut niveau, élus par le peuple qui a le droit de tout savoir sur les raisons de leur limogeage.

Les insuffisances de la presse cubaine n’embrassent pas seulement le domaine de la critique, avec des zones et organismes tabous, mais l’information même sur des réalités nationales, surtout en direction des nouvelles générations qui n’avaient pas connu la Cuba d’avant 1959. Il y a beaucoup de jeunes qui ne savent pas que La Havane, par exemple était entourée d’une ceinture de misère et de bidonvilles. Rare fois, ils peuvent voir des images à la télévision ou dans des expositions. Alors, ils n’ont pas une  vision dimensionnelle sur ce que leur pays a fait en cinquante ans. Pour avoir une raison permanente de fierté de l’œuvre de leur peuple. Il  faut qu’ils connaissent les bidonvilles de La Havane 1958 comme « Las Yaguas », « Llega y Pon », « La Corbata »,  et autres et qu’ils comparent. C’est sûr que les gens de Miami ne montreront pas cela, ni l’hôpital psychiatrique de « Mazorra », ni des écoles  primaires délabrées dans la périphérie de la ville, ni les enfants « Limpiabotas » qui gagnaient leur pain en lustrant de chaussures pour quelques sous, et celui de leur famille en lustrant des chaussures dans les rues. La télévision cubaine a oublié cela, et l’effet de retro-alimentation sur la conscience des gens.

En revanche, dans des films et des vidéos qu’on passe à l’écran, on fait une merveilleuse apologie de la société de la consommation et du monde développé : des adolescents roulant des voitures de l’année ou des objets sophistiqués, des maisons  et des appartements impeccables, contrastant énormément avec ce qu’ils voient quotidiennement dans leur pays «bloqué».

Par ailleurs, peu de jeunes savent que leur pays se range parmi les plus pauvres au monde. En conséquence, ils voudraient  exiger davantage à leur état providence. Lorsqu’ils voient un film ou l’on présente un supermarché – pensez à Super C, Metro, IGA, Maxi--  ils se plaignent de voir  les étalages quasi-vides dans des établissements commerciaux cubains; ils n’établissent pas la liaison entre ces marchés pleins à craquer et les ressources financières qu’il faut avoir pour faire de telles importations que Cuba ne pourra jamais faire en vendant quelque millions de cigares et des bouteilles de rhum, quelque milliers de tonnes de nickel ou avec la visite de deux millions de touristes.

Et à propos du tourisme, il y a un grand bluff. Il n’apporte pas directement comme revenus ce que les gens supposent. Le nombre de touristes augmente de saison en saison, mais les revenus non, car on fait de plus en plus appel au tourisme de forfait. Ainsi, il s’avère un bluff non seulement pour les Cubains mais aussi pour les étrangers.

Il reste encore que, la liberté d’expression à Cuba, est donc limitée ou contrôlée, si vous la comparez à la vôtre au Canada.  Si les Cubains ont le droit de critiquer verbalement ce qui ne leur plait pas, n’importe où –dans une rue, dans le pâté de maisons, dans l’arrêt d’autobus— il n’en est pas moins vrai que ces critiques  ne peuvent renfermer une offense contre un dirigeant politique. 

Chez vous pouvez interpeller par la presse n’importe quel dirigeant à propos de n’importe quelle affaire douteuse, mais à Cuba non. Vous pouvez dénoncer des rapports entre un premier ministre de Québec avec la maffia de la construction, ou n’importe quel secteur hypothétique de la vie québécoise ou canadienne, mais à Cuba aucun journaliste n’oserait poser une question semblable sur un haut dirigeant cubain. Plus encore, vous pouvez dénoncer  par la presse ou informer sur tout le dossier d’une personne  mise en question par l’opinion. Mais a Cuba le droit à une telle transparence  n’existe pas. Toujours il reste le prétexte qu’on pourrait donner des informations utile à l’ennemi. Les cas les plus récents affectant des figures politiques ont été ceux des Ministres des Affaires Étrangères, Roberto Robaina et Felipe Île Roque, et  celui de Carlos , secrétaires au Conseil d’État, que vous venez de mentionner.

Il est donc, évident qu’il y a encore des progrès à faire dans  les dites libertés d’expression et de presse, sans tomber aux excès manipulés de votre presse, ou, en même  temps qu’on peut accuser Charest des  rapports avec une certaine corruption, on cache aux lecteurs canadiens la verité sur Cuba ou sur la Palestine et le génocide pratiqué par Israël, soit, l’on criminalise le programme nucléaire de l’Iran sans dénoncer  celui d’Israël. Et j’en passe.


QUESTION :  Pierre  Fontenoy,  élève  CEGEP

Comment se fait-il qu’étant Cuba  un pays extrêmement pauvre, sa participation  à la coopération internationale soit si importante ? Par l’excès dans la coopération internationale, ne serait-on pas en train d’enlever au peuple cubain ce dont il a besoin ? On ne le sacrifie pas inutilement ?

RÉPONSE

La coopération internationale est pour cuba  et les Cubains une sorte de profession de foi, une religion, dont les principes partent du fait que Cuba a une dette historique  envers d’autres peuples qui ont  aidé à la naissance de l’homme et la femme cubains, avec une culture métissée mais cubaine, avec une indépendance réelle et une philosophie authentique, propre, de la vie.

Sans le sang africain, mélangé au sang européen sur l’île de Cuba, sans la culture et l’imagerie africaine et son syncrétisme avec le catholicisme ibérique sur le sol de Cuba, sans le travail de cette massa énorme d’africains, chinois, haïtiens et autres, il n’y aurait pas un pays nommé Cuba, avec une population identifiable comme cubaine de par son idiosyncrasie. Tout a été le fruit d’une participation internationale et Cuba et les Cubains se sentent fiers d’être endettés envers le passé.

L’indépendance de Cuba a eu le concours d’africains, de Chinois,  Dominicains, Portoricains, États-Unis, Canadiens, Polonais et  autres. Grâce au Dominicain, Maximo Gomez, on a appris à combattre les colonialistes espagnols,  mais c’est le Canadien William Ryan qui a organisé la chevalerie d’Ignacio Agramonte à Camagüey et lui a appris à combattre efficacement. Mais à l’États-unien Henry Reeve, on doit beaucoup de grands succès de l’armée du Centre dans la Guerre des Dix Ans.

Et ce n’est qu’un exemple minimal sur combien de participation internationale il y a dans l’histoire de Cuba et des Cubains. C’est pourquoi, Cuba fait des gestes de reconnaissance envers d’autres  peuples du monde. Elle paie une dette au passé. Elle ne donne pas ses  excédents, car de surcroît elle n’en a pas: elle partage ce qu’elle a même si elle en est déficitaire. En 50 ans de révolution, elle a réussi à créer un capital humain, surtout des professionnels, qu’elle peut mettre au service d’autres peuples sans faire défaut au peuple cubain, sans l’obliger à des sacrifices. 

Lorsque Cuba avait beaucoup de sucre, elle faisait un don important au Programme mondiale d’Aliments, pour qu’ils puissent le distribuer parmi les peuples les plus pauvres qui en avaient besoin. Mais en même temps dans ses relations bilatérales, elle faisait des dons directs à certaines nations amies, comme le Chili, le Nicaragua, l’Angola, et autres. Maintenant, la réalité est autre.

Mais, certainement,  la coopération international cubaine s’avère excessive, vu les ressources du pays et les nécessités de sa propre population. Certainement,  cela signifie un sacrifice pour le peuple cubain, mais aussi un effort pour payer une dette séculaire avec l’humanité.

Imaginez-vous qu’à une date si précoce, et au moment où elle perdait ses médecins attirés par les États-unis, en 1963, Cuba a inauguré sa coopération médicale internationale par une première brigade intégrée par 58 médecins et techniciens envoyée en Algérie. Ensuite, d’autres brigades médicales cubaines se sont rendues dans des pays dont les conditions sanitaires et de santé étaient précaires.  L’Afrique,  l’Asie, l’Amérique Latine en sont témoins.  Sachez que de 1963 à la fin de 2005, plus de 100 000 médecins et techniciens de la santé sont intervenus dans 97 pays, surtout en Afrique et en Amérique latine. Et même l’Europe socialiste a eu l’aide médicale cubaine.  Près de 20 000 enfants et des adultes touchés par les conséquences du désastre de Tchernobyl  ont été soignés à Cuba.

Le principe que Cuba suit à présent, c’est que l’aide internationale ne doit pas cesser malgré nos difficultés financières. Mais ces pays  peuvent payer même symboliquement, à des prix bien plus bas que  ceux internationaux, le service de nos professionnels et on l’accepte. Un exemple: le Venezuela. Une partie de la facture pour le pétrole vénézuélien est payée par des services de nos professionnels.  Mais ceux qui sont pauvres et ne peuvent pas le faire, ils continuent à recevoir la coopération internationale cubaine gratuitement.

Par ailleurs,  qu’elle le veuille ou pas, Cuba  a toujours eu un gain dans sa coopération internationale, non financier, mais politique. Ce n’est pas un hasard que beaucoup de manœuvres des États-Unis pour faire condamner Cuba dans des instances internationales, ont été déjouées par le vote de ces pays qui reçoivent ou ont reçu  l’aide de Cuba, malgré leur pauvreté et les pressions américaines.




QUESTION    :  Pierre Lecompte, agronome à la retraite.

Avant de visiter Cuba en 1999, j’avais lu pas mal d’informations sur le pays et sur ses progrès. On définissait Cuba comme un pays agricole. Mais une fois que j’ai parcouru une partie du pays en dehors de centres touristiques, j’ai eu un premier constat : des énormes extensions de terre en friche, pleines d’un arbuste épineux que selon le nom qu’on m’a fourni, c’est du « marabou ». J’avais lu que c’était un pays qui avait fait des progrès substantiels en génétique bovine, pourtant, je ne voyais que quelques vaches maigres dans ces pâturages pleins de « marabou ». J’ai visite des marchés et de kiosques de produits agricoles et le manque de variété et la pénurie de produits était la règle. Et alors, je me demandais : où est l’agriculture ?

Dix  ans plus tard la situation est pire encore, Cuba, pays  soi-disant agricole, reste un gros importateur d’aliments. Et je me demande maintenant, et je vous demande,  l’agriculture socialiste cubaine n’a pas été un échec ?

RÉPONSE :

Je préfèrerais de dire l’agriculture révolutionnaire. Car les erreurs dans la direction de l’agriculture cubaine ne sont pas inhérentes à la construction d’un modèle socialiste.

En termes de « produits sur la table », cela a été un échec. Au-delà des limitations imposées par le blocus, des désastres naturels comme les sècheresses et les ouragans, des contingences  financières et de marché pour l’acquisition de machinerie, de combustible, d’engrais, de semences certifiées, il y a eu un problème de gestion.

Tout d’abord, il y a eu l’abandon du programme initial de la révolution de « diversification de l’agriculture » ; puis l’accentuation de la monoculture de la canne à sucre, comme stratégie de spécialisation au profit du COMECOM ou marché commun des pays socialistes ; puis la mise aveugle sur l’agriculture étatique, les contraintes décourageantes contre l’agriculture privée, (vente des récoltes obligatoire à l’entreprise étatique  « acopio »), les bas prix payés aux paysans pour leur récolte, interdiction de vente directe du paysan à des consommateurs, fermeture du marché libre paysan en 1980, et autres.

Pour assurer le ravitaillement de la population en produits agricoles, il y a eu la bonne idée de créer une entreprise d’État chargée d’acheter les produits aux paysans, mais au lieu de subventionner les producteurs par des prix favorables, on a misé sur la subvention du consommateur, par des prix très bas des produits qu’ils achetaient, au dépens des paysans, qui se voyaient payer des prix très bas pour ce qu’il produisaient.

Cela a été fort décourageant. Par ailleurs, les producteurs devait produire non ce qu’ils voulaient, mais ce que État lui achèterait. Alors toute initiative personnelle, était vouée à l’échec, en défaut d’une liberté de  marché possible.

Pour l’élevage, les choses n’ont pas marché mieux. Si pour assurer le ravitaillement en viande de bœuf  à la population, tout en assurant la reproduction de la masse bovine, on a mis des restrictions  à l’abattage, il n’en est pas moins vrai que des mesures excessives de contrôle sur le cheptel national étatique et privé ont transformé l’éleveur en non propriétaire de ses propres animaux ;  abattre sa propre bête pour l’autoconsommation a été interdit et le producteur, après de maints sacrifices pour faire croître son cheptel, risquait de se voir condamné comme un délinquant et même à des peines de prison. Absurde! Mais ce qui était pire, et le reste encore, si un éleveur privé se voit voler un animal, il doit payer une amende, pourtant, il ne peut pas manger ce qu’il produit et qui doit être sa propriété privée.

Il y a eu donc un quasi abandon de l’élevage par des privés, lesquels ont opté, en grande partie, par la vente de  leur cheptel à l’État et ne restaient, donc,  qu’avec quelques vaches pour l’autoconsommation de lait de la famille et pour faire un peu de fromage pour la vente clandestine, ainsi qu’avec deux bœufs pour labourer la terre.

Enfin, le contrôle absolu de État sur l’agriculture et l’élevage du secteur privé, si justifié par l’intérêt national puisse-t-il être,  s’avère une des causes des échecs de Cuba en fait d’agriculture et d’élevage,  mais non la seule cause.

Tout d’abord n’oublions pas que la domination étrangère, aussi bien  espagnole qu’américaine, ont condamné Cuba à la spécialisation et la monoculture de la canne à  sucre au détriment de la production d’aliments. Et néanmoins à être un pays importateur d’aliments. La révolution devait corriger ce défaut structurel et elle est tombée dans le même piège de la monoculture, comme monnaie d’échange  pour le commerce avec les pays socialistes de l’Europe de l’Est et de l’URSS.

Une troisième cause, et non négligeable, c’est le changement climatique, provoquant des sècheresses de plus en plus fréquentes,  et les ouragans qui périodiquement tombent comme un fléau sur l’Île

Et toujours, la cause majeur : pénurie de ressource hydriques pour l’irrigation ; puis pénurie de ressources en machinerie et combustible. Il ne faut jamais oublier qu’en 1959 le baril de pétrole coûtait 2,79 dollars  et en 2009 il coûtait  80 dollars.

Lorsque les Cubains étaient 6,5 millions d’habitants, on aurait pu produire suffisamment d’aliments avec des bœufs, dans des conditions climatiques optimales. Mais Cuba avec plus de dix millions d’habitants, on ne peut rêver à l’autosuffisance alimentaire en produisant des aliments à l’aide des bœufs.

Des échecs, il y en a. Des raisons pour les échecs, il y en a aussi. Maintenant,  Cuba, vit un processus de rectification pour certaines erreurs en politique agricole et de la vigueur des reformes dépendra l’avenir. Au moins, il y a déjà un appel de l’État en la formation de petites entreprises privées, et les terres en friche sont données à tous ceux qui en demandent. Même des crédits seront donnés à ces nouvelles entreprises privées.








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QUESTION    Michel Langelier, professeur

On entend dire que Cuba reçoit beaucoup de revenus du tourisme, qui est venu remplacer la canne à sucre comme richesse nationale. Pourtant, on ne voit pas des progrès substantiels dans le pays ces dernières années. Alors, quelle est la place réelle du tourisme dans le revenu national ?

Tout d’abord, n’importe quoi peut donner plus de revenu à l’économie nationale que la  canne à sucre, car elle n’est pas rentable.  Pour en avoir une idée. En 1959 un baril de pétrole coûtait 2.60 dollars US,  Aujourd’hui  il coûte entre 60 et 80  dollars US sinon plus. Une augmentation  entre 25 et 30 fois. Et le prix du sucre ?

Sans toucher le problème des dettes de Cuba en fait d’investissements pour les installations touristiques, il y a le fait des revenus réels que Cuba en retire. La plupart des touristes qui voyagent à Cuba prennent un forfait. Vous connaissez qu’on peut voyager à Cuba par un forfait de 800 dollars et avoir 6 nuits d’hôtel, la plage, trois repas et des spectacles.  Quel profit Cuba retirerait de cela?  Rien ou presque. Un exemple extrême : L’arithmétique est facile. Un billet d’avion aller et retour coûte  à peu près 600 dollars, une nuit d’hôtel sur les 60 dollars et les trois repas sur le 20 dollars. La somme : 600$ + 60 x 5 + 20 x 5 =  600 + 300 + 100 =  1000 $.

D’où il s’ensuit, en  changeant un peu les chiffres, que Cuba ne gagne pas beaucoup, comme les Cubains pensent, avec le tourisme. Mais c’est une activité nécessaire  car elle crée des emplois directs et indirects. Et le pays, manque de développement, n’a pas beaucoup de possibilités d’emploi.
(suite et rappel)

Dans les conditions économiques de Cuba, le seul critère de rentabilité direct et de profit direct ne peuvent pas être la raison d’être d’une activité économique. D’autant plus que le système est voué à la solution des problèmes sociaux, à la satisfaction des nécessités sociales, dont l’emploi, sous peine de subir les mêmes troubles sociaux que les pays voisins.

 On pourrait argumenter  que les centrales sucrières font de la cogénération d’électricité avec la bagasse. Mais les tracteurs, les camions, les locomotives et tous les véhicules qui participent  directement et indirectement à la production de sucre ?

Ainsi donc n’importe quoi peut apporter plus de revenus que la  canne à sucre  à l’économie cubaine, dont le tourisme.

Imaginez seulement que  la biotechnologie apporte beaucoup plus de revenus  que la canne à sucre et consomme à peine de combustible.

Mais le tourisme… voyons. Certainement nominalement, il apporte beaucoup, surtout il génère  beaucoup d’emplois directs et indirects. Mais en termes de revenus directes pour l’état ce n’est pas une fortune.

La plupart du tourisme qui arrive à Cuba, c’est des forfaits.  Il y a des forfaits  à Montréal vers Cuba –billet aller et retour,  6 nuit d’hôtel,  tous les repas, enfin tout compris--  pour moins de 800 dollars.

Combien coûte normalement un billet aller et retour Montréal- Cuba, que ce soit  en destination de La Havane, de Varadero, de Cayo Coco et Éducation, de Holguin, de Santiago de Cuba ? Supposons que c’est 600 dollars ? Combien coûte le logement 6 nuits dans un hôtel  3 ou 4 Étoiles ? Imaginez-vous que c’est 75 dollars par nuit. Combien ça coûte par jour les trois repas dans un hôtel ? Imaginez-vous que 30 dollars. 

Il ne faut pas être un mathématicien ou un économiste pour se rendre compte par une simple opération arithmétique de ce que le tourisme apporte quelque chose à Cuba mais non une fortune, car au départ le taux de profit direct pour l’état cubain n’est pas élevé.

Pourtant, il y a un monde de travail autour du tourisme, depuis les employés travaillant directement dans le secteur, jusqu’aux producteurs d’aliments et d’autres produits pour les touristes, en passant par les produits culturels tels que la musique, la danse, les spectacles, les musées.


 QUESTION :  Marc-André Bouchard, professeur à la retraite

On entend très souvent dire que la politique américaine contre Cuba,  dont le blocus, ont servi de prétexte au gouvernement pour justifier ses erreurs et maintenir un schéma répressif, Quelle est la vérité?  Quel est l’impact réel  d’une telle politique sur la société cubaine dans son ensemble, au-delà des conséquences fort connues sur les domaines de la santé et de l’alimentation ?

REPONSE :

Au-delà des secteurs de la santé et de l’éducation,  l’impact réel  de la politique systématique d’agressions des gouvernements des États-unis contre Cuba a été destructeur.  La démocratie, le tissu social, la  discipline économique, la productivité du travail, la liberté sociale, les droits de l’homme et d’autres, tous ont souffert l’impact de ces agressions.

Cuba a dû vivre, dessiner sa politique intérieure, sous les principes d’une doctrine de « sécurité nationale », source des insuffisances et des erreurs qu’en Occident on veut volontiers, mais à tort, attribuer à la doctrine marxiste : sans parler des préjugés issues de l’idiosyncrasie cubaine, où sont présents le « machisme », l’homophobie et autres.  Des fois, des attitudes paranoïaques sont nées, car on voyait une possible action de l’ennemi là où il y avait une simple critique.

Sans l’agressivité immédiate, implacable et multifacétique des États-Unis, l’histoire de Cuba aurait pu avoir d’autres développements plus souples dans le développement politique, économique et social. Face à un ennemi gigantesque et brutal, on ne pouvait pas laisser des brèches, toujours avec l’épée de Damoclès sur la tête. On ne pouvait pas laisser d’espace politique à la « cinquième colonne », comme il s’était produit dans la guerre de la République Espagnole contre le fascisme. 

La révolution a dû faire appel à une stratégie de défense permanente, dont les actions de réponse aux attaques ne devait pas être nécessairement très démocratique, pour le contraire ; même parfois revêtaient un caractère exceptionnel, extrême, devant un acte ponctuel, de manière à décourager tout autre tentative. Là s’inscrit la peine de mort contre les actes de terrorisme ou de lourdes peines contre toute action pouvant servir les intérêts contre-révolutionnaires des États-Unis.

Depuis le début, Cuba s’est vue contre ce mur et le gouvernement, soutenu par plus de 90% de la population. Mais la première grande victime de cette agressivité a été la démocratie même, pour laquelle on avait tant lutté sous la dictature de Batista et d’autres gouvernements qui l’avaient précédée.

La cascade de mesures sociales prises en quelques jours a uni autour du gouvernement l’immense majorité de la population.

Songez seulement  aux premières mesures : diminution jusqu'à 50% des prix des loyers, ainsi que des médicaments : propriété de la terre à ceux qui la travaillaient au profit des latifondiaires : interdiction de toute discrimination, dont celle raciale ; interdiction  de plages privées ; éducation gratuite ; services de santé gratuits ; obligations aux entrepreneurs privées d’augmenter le salaire minimum des travailleurs et de créer de nouveaux emplois ; et d’autres d’un profond contenu social.

Ces mesures ont créé un bloc de soutien de la révolution et quiconque oserait aller contre ces mesures serait un ennemi de ce bloc, donc de la révolution. Mais logiquement, ce qui est juste pour la majorité peut-être injuste pour la minorité et automatiquement il y aurait une opposition. La grande faute de cette opposition en est qu’elle s’est alliée des ennemis séculaires de se son pays : les États-Unis d’Amérique.

L’impact réel de la politique systématique d’agressions des gouvernements des États-unis contre Cuba a été nuisible, sans parler des domaines de la santé et de l’éducation. La démocratie, le tissu social, la  discipline économique, la productivité du travail, la liberté sociale, les droits de l’homme et d’autres ; tous ont souffert l’impact de ces agressions. Et le tout, naturellement a trouvé un « bouc émissaire » : les attaques de l’impérialisme.

Lorsque cette opposition se limitait à des critiques sur les mesures de la révolution, cela pouvait promouvoir le débat politique, mais lorsque la parole s’est vue suivie des attaques terroristes, de crimes, d’incendies des plantations de canne à sucre, d’entrepôts, de magasins, de déraillement de trains, de mitraillage de populations côtières, les termes du jeu politique ont changé. L’espace pour le jeu de la démocratie révolutionnaire a changé, et s’est vu fortement limité.

La confrontation a été telle qu’en octobre 1959, on a créé officiellement les « Milices Nationales Révolutionnaires » : le peuple révolutionnaire armé. Non les armes contre le peuple mais le peuple avec les armes pour défendre sa révolution. Des femmes, des jeunes. Des vieux ont reçu de l’entraînement militaire et une arme pour défendre leurs intérêts, leur révolution. Et le 28 septembre 1960, alors que des bombes ont éclaté lors d’un rassemblement populaire avec un discours de Fidel Castro, l’indignation populaire a éclaté et Fidel Castro a répondu en disant : « Nous allons créer une organisation de vigilance révolutionnaire à chaque pâté de maison» : les Comités de Défense de la Révolution.
 
On ne pouvait pas parler un langage d’opposition politique, en alliance avec des assassins, des terroristes et des commanditaires étrangers.

L’ordre du président Eisenhower, sous recommandation de la CIA, de fomenter la contre-révolution interne, a forcé une politisation des forces sociales que, en peu de temps est devenue paranoïaque et a mutilé le  libre cours de la critique sous peine de se voir signalé comme « gusano » (opposant).  Toute critique à  un programme, à une mesure de la révolution, ayant un large et majoritaire soutien populaire, pouvait éveiller des soupçons spontanés, loin de la politique gouvernementale, dans les voisins ou dans une collectivité quelconque. Cette polarisation conduit indéfectiblement à la mutilation de la démocratie,  à l’intolérance, et, enfin, à stagner l’évolution de la démocratie cubaine.

La survivance de la révolution  face aux  agressions des États-unis et de leurs serviteurs imposait un seul bouclier : l’unité monolithique. Les confusions n’ont pas manqué. Ainsi des personnes patriotes qui  voyaient qu’une mesure quelconque  n’était pas bonne et le manifestait pouvait briser cette unité monolithique, la fausse unanimité, alors elle pouvait être considérée par ses propre camarades comme « conflictivo » (conflictuel) ; pour éviter des problèmes la même personne et d’autres devenaient des « sinflictivo » (sans conflit). Cela a conduit à une indolence dont les effets néfastes on les paie aujourd’hui.

Rien de cela n’a été établi par l’État ; cela est surgi spontanément, au feu de la lutte de classe, ou de la lutte politique entre la révolution et les ennemis de la révolution animés par le gouvernement des États-Unis. Les assemblées mensuelles de production organisées par les syndicats n’ont pas échappé à cette dynamique d’éviter la confrontation.  Alors la critique, si prônée par les hautes instances de l’État  s’est vue ensevelie par la complaisance avec les profonds acquis de la révolution. Dans les organisations de masse, c’était pareil. On critiquait des choses ponctuelles mais toujours pour soutenir un plan ou un projet qui venait d’en haut. On ne discutait pas des choses de fonds sur l’approfondissement de la Révolution et de la démocratie.

La lutte contre les agressions impérialistes et la contre révolution est devenue le moteur des actions humaines, et pour cause. Pendant ce temps, on négligeait  des problèmes cruciaux comme la rentabilité, la lutte contre la bureaucratie et d’autres fléaux qui cuvaient dans un système où le facteur fiabilité et non capacité  assurait la promotion à des responsabilités avec des résultats inférieurs à ce qu’on pouvait espérer.

Sans l’hostilité et l’agressivité permanentes des États-unis et de la contre révolution organisée par eux, il y aurait eu d’autres développements dans la société cubaine ; il y aurait eu des débats libres, la critique aurait occupé sa place dans une révolution si populaire, si grande et profonde en elle-même. Mais tout a été mutilé au profit de la « sécurité nationale ».

On ne saurait avoir une démocratie large sous la menace de l’épée de Damoclès de l’intervention militaire étrangère, du terrorisme, de la subversion de l’ordre intérieur commandité, organisé, payé depuis l’étranger par la plus grande puissance mondiale. On ne pouvait pas donner la moindre marge à l’apparition d’une « cinquième colonne », d’un « Cheval de Troie » qui puisse faire éclater le système depuis l’intérieur pour être ensuite détruit depuis l’extérieur.

Quelles en ont été les conséquences ? Sur le plan politique, des limitations au développement de la démocratie  large, à laquelle on aspirait, le manque de critique  et la fausse unanimité ; sur le plan économique, la distorsion des projets de développement, d’industrialisation, de diversification de l’économie sur la base d’une exploitation rationnelle et intégrale des ressources naturelles et des matières premières que le pays possédait, ainsi que sur la capacité technique et professionnelle de sa force de travail, sans ignorer l’expérience technologique préalable. Ne jamais oublier que le peu que Cuba avait en fait d’industries, c’était de la technologie américaine, plus avancée que celle qu’on pouvait lui offrir en Europe de l’Est et l’URSS

Ainsi, la restructuration de son commerce extérieur  n’impliquait pas seulement  la question de la distance, énormément longue, des points géographiques extrêmes de son commerce import-export, mais le changement de technologie, souvent retardataire.

Par ailleurs, la discipline au travail, l’exigence, se sont vues  frappées par l’enthousiasme politique et un certain paternalisme où l’ancien chef autoritaire connu comme « capataz» perdit son autorité pour laisser place à « compañero » jefe, plus indulgent et parfois incapable du point de vue technique ou du point de vue de l’autorité et la capacité de direction. Conséquence ? Productivité à la baisse. À la notion capacité et autorité vint se substituer celle de « fiabilité » sur la base de mérites idéologiques et politiques. Résultat ? Diminution de la productivité aussi bien dans l’agriculture que dans la production industrielle.

On ne saurait pas passer dessus l’objectif majeur de l’économie révolutionnaire annoncée depuis le triomphe même de la Révolution : diversification de la  production pour échapper à la monoculture et industrialisation du pays. Des stratégies erronées, mais bonnes pour la survivance sous les conditions du blocus, sont venues se substituer au rêve initial. L’objectif majeur de diversification de la  production a cédé devant la possibilité de trouver les produits souhaités sur les marches  socialistes, moins chers que la production nationale, mais chers  dans une perspective de future et d’indépendance nationale. Pour le rêve d’industrialisation ce fut pareil. Il n’y a pas eu de suivi du processus d’industrialisation initié par Che Guevara avec les premières 30 usines nouvelles contractées en URSS.

Ensuite l’abandon de la lutte contre la « monoculture » de la canne à sucre au profit d’une spécialisation à outrance pour satisfaire aux besoin en sucre du camp socialiste, et le rêve de jouer un rôle encore plus important sur le marché mondial, comme une preuve de la réussite  économique du socialisme.

Le talon d’Achille  : l’agriculture, la théorie devançant la pratique dans l’agriculture.

La confiance  excessive sur le caractère irrévocable du socialisme en Europe de l’Est et en URSS, sans oublier les pays socialistes asiatiques, a joué un mauvais tour aux Cubains.

On avait un débouché pour les produits  cubains. On pouvait développer une économie planifiée sur la base de la division internationale du travail : produire pour les autres membres du COMECON ce dont ils avaient besoin, recevoir en échange ce dont on avait besoin.

Mais Cuba étant une île, séparée par plus de 10 000 kilomètres de certains débouchés socialistes, une telle stratégie se révélait une dépendance dangereuse au cas d’un blocus total dans le contexte de la guerre froide et du différend entre les États-unis et Cuba. La crise des missiles en octobre 1962 en a été une preuve. Seulement qu’on a passé outre.

L’implosion du socialisme entre 1989 et 1991 a été un évènement foudroyant pour Cuba et un amer constat des craintes précitées.  Mais les Cubains ont tenu bon devant ce défi de l’histoire. Le socialisme est une formation socio-économique jeune, seulement que ses premiers essais n’ont pas été fructueux, mais l’essence reste valable et Cuba y tient encore et tiendra à jamais par  la volonté de son peuple exprimée dans le référendum sur la modification de la Constitution.

Résumé: Il y a eu de grandes victimes de cette agressivité états-unienne, comme le tissu social et l’organisation économique.   À la notion capacité et autorité vint se substituer celle de « fiabilité » sur la base de mérites idéologiques et politiques. Résultat ? Promotion de cadres, au détriment de la capacité technique et professionnelle.  Pire encore, en même temps, tandis que sous prétexte de lutte contre le chômage et d’organisation du travail, on créait de nouveaux postes, on éliminait les comptables, ceux qui pouvaient contrôler et gérer la rentabilité de l’activité économique, désormais vus comme travail bureaucratique.

Par ailleurs, l’exigence de productivité s’est vue substituer par le  « paternalisme » devant la lassitude productive.
Zv..

QUESTION :     Jocelyne Rivière, professeur.      z......19 janvier 2011 17:51   

Cuba est très souvent la cible des attaques sur la question du respect des droits universels de l’homme. Mais lorsqu’on est ici (au Québec), on ne voit pas un régime policier, mais  plutôt des enfants jouir de leur droit à l’enseignement. Et si on visite une polyclinique ou un dispensaire médical (de médecin de famille), on y voit le voisinage recevoir les soins médicaux de base, et ils ne payent pas un sous: on a posé la question aux patients mêmes. Enfin, on ne remarque pas ces violations des droits de l’homme dont on nous parle. Pourquoi de telles campagnes contre Cuba sur les droits de l’homme, les libertés de presse et d’expression et quelle est la situation réelle du respect de droits de l’homme dans l’Île ?

 RÉPONSE :

On ne saurait jamais oublier que la question des droits de l’homme est le plus souvent manipulée, à des fins politiques, par les pays développés. Ils en font la cible privilégiée de leurs attaques envers les pays du Tiers Monde et autres ayant des différends avec eux ou avec leurs politiques ou avec leurs intérêts. On attaque non seulement le Soudan et Cuba, mais la Russie, la Belarus, la Chine, l’Iran et autres.

Pourtant, on se garde bien d’attaquer la Colombie, où l’on a découvert des fosses communes avec plus de 2 000 cadavres et où des journalistes et des parlementaires ont été assassinés, sinon des centaines de disparus. Mais la Colombie est un allié des États-Unis. Ici, les grands medias font un silence pratiquement absolu, tandis que la mort d’un gréviste de la faim à Cuba, s’est trouvée à la Une des grands medias occidentaux  qui l’ont transformé en martyr  d’une soi-disant « dissidence » cubaine, alors qu’il était un prisonnier de droit commun.

Et encore, quel sont les droits qu’ils exigent, comme symbole des  « Droits de l’Homme » ? : Pluripartisme, les libertés de presse, d’expression, de réunion, de libre entreprise, de propriété privée etc.

Mais ils passent volontiers par-dessus les droits de vivre, d’avoir un emploi, d’avoir un accès illimité aux services de santé, d’éducation, de culture et de sports, les droits à l’alimentation, au logement, à la jouissance de la vie même. Ainsi, on réduit les droits de l’homme à ceux de la politiques ou de ce qu’on peut manipuler.

Si la Révolution Française de 1789 a proclamé une « Déclaration universelle  des Droits de l’Homme », il n’en est pas moins vrai que l’application et l’exercice de ces droits universels ont lieu dans une société réelle, avec des conditions historiques, économiques, culturelles réelles, lesquels ont été, pour maints pays, distorsionnés par les colonialismes ou le néocolonialisme de ces pays qui aujourd’hui les condamnent. On ne peut pas exiger que des pays sous-développés, aux sociétés structurellement déformées par l’exploitation coloniale et néocoloniale, qui n’ont pas eu le temps de colmater la brèche énorme qui les sépare des pays qui les ont exploités et réduits à l’état où ils sont présentement, puissent appliquer des conventions internationales quelconques, au même titre que les pays développés.

Ce n’est pas seulement un problème de développement économique, mais la distorsion sociale, culturelle créée, des siècles auparavant : le tribalisme, la création de frontières artificielles divisant les mêmes familles, le même  peuple, attribution à une portion d’un peuple des richesses naturelles appartenant  à tout le peuple, désormais divisé en deux pays, imposition de chef tribal ou politique à un peuple. Autant de distorsions de la vie de certains peuples, aujourd’hui des pays sous-développés, auxquels on veut appliquer les mêmes règles qu’aux pays développés. Seulement que ceux-ci ne les respectent même pas non plus !  
.
Dans les pays riches, les conditions matérielles et culturelles pour l’application absolue des droits de l’homme ont été historiquement créées après des longues luttes.

Aux États-Unis, les champions des campagnes internationales (non nationales) pour le respect de droits de l’homme, est-ce  qu’on peut oublier l’histoire, le génocide des autochtones,  les martyrs de Chicago, la discrimination raciale avec un Ku-Klux-Klan, la politique WASP, la discrimination politique des femmes, le maccartisme, les invasions militaires contre les voisin latino-américains, les coups d’états contre Jacobo Arbenz au Guatemala et contre Salvador Allende au Chili ?

C’est bien de l’histoire passée, mais le transit nécessaire pour qu’aujourd’hui, en matière de droits  de l’homme, les États-unis puissent dire (et depuis quand ?) : voilà, enfin nos femmes ont le droit de vote, voilà enfin nous avons un président noir !  Mais voilà, nous appliquons la peine de mort, même contre des handicapés mentaux et des mineurs, sans la moindre critique de nos alliés !

Et au-delà de cela, est-ce que les États-unis et leurs alliés sont des saints ? Et quoi dire, en fait de  « droit de l’homme » sur  la Loi Patriote, sur l’invasion et l’Irak, sur Abu Ghraib, Guantanamo et les théâtres renommés de la torture américaine, dont le « waterboarding » ? Peut-on oublier le dirigeant des autochtones Leonard Pelletier, incarcérée encore plus de vingt ans, dans un procès manipulé, parce qu’il incarne les revendications des autochtones ? Peut-on oublier Mumia Après Jamal ou les « Cinq Cubains » antiterroristes, condamnés aux peines on ne peut pas plus lourdes, pour le délit d’infiltrer des organisations terroristes soutenues par le gouvernement états-uniens ?

Avec quelle morale peuvent les États-unis et leurs allies qui se taisent devant de violations flagrantes des droits de l’homme de leur capitaine, parler ou réclamer des autres quoi que ce soit en fait de droits de l’homme avant de faire  le ménage chez eux ?

Avec quelle morale peut-on condamner Cuba, le pays soumis au pillage de ses ressources naturelles depuis 1511 jusqu’en 1959, par des puissances colonialistes et néocolonialistes étrangères ? Comment peut-on condamner en fait de jouissance des droits de l’homme pour sa population, Cuba, le pays agressé, soumis à des menaces contre sa survivance depuis  1959, alors qu’il n’a pas eu la paix  nécessaire pour développer le système de démocratie et de droits de l’homme qu’il se veut ? 

En revenant  à nos moutons. Tout d’abord, il s’agit en  général d’une manipulation sur le respect des droits de l’homme à Cuba avec l’intention de la dénigrer. Les campagnes sur le respect des droits de l’homme se sont déclenchées  contre les pays socialistes, surtout  Cuba, l’URSS et la Chine, depuis le gouvernement de Ronald Reagan en 1980 comme une arme de plus dans l’arsenal de la guerre psychologique. Désormais, elles sont devenues l’arme politique préférée des États-unis et de leurs alliés contre tout pays insoumis devant leurs diktats. Mais, s’il s’agissait de véritables violateurs des droits de l’homme amis ou alliés des États-unis, il n’y avait jamais de campagne déclenchée contre eux ni des résolutions présentées devant l’ECOSOC, la Commission de Droits de l’Homme  de l’ONU ou l’organisme correspondant au Parlement Européen.

Prenez par exemple, la période des dictatures fascistes en Amérique Latine, même avant le triomphe de la Révolution cubaine, comme c’était le cas des dictatures de Trujillo en République Dominicaine, ou de Duvalier en Haïti, de  Stroessner au Paraguay, de Somoza   au Nicaragua, et ensuite dans la décennie 1970, surtout au Cône Sud, en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Salvador,  en Uruguay, les massacres, la répression, les crimes politiques, la torture, étaient à l’ordre du jour, dans le cadre de l’Opération « Condor », sans parler du nombre de journalistes disparus, assassinés, est-ce qu’il y a eu des condamnations aux organismes internationaux  promues par les États-unis ou les pays Européens ? NON.

Il n’y avait que les dénonciations faites par des ONG comme Amnesty International, America’s Watch et autres.

Et n’oubliez pas que les dénonciations contre le dictateur Batista à Cuba ont été le fait de la campagne international de dénonciation déclenchée par les forces révolutionnaires  cubaines dirigées par Fidel Castro, qui sont parvenues à être écoutées au Congrès américain et ont obligé le gouvernement  états-uniens  à décréter publiquement un embargo d’armes pour la dictature, mais en même temps, il s’est arrangé pour que les armes soient délivrées par la Base Navale de Guantanamo à des dictateurs de la région comme Somoza et Trujillo.

Et que dire de Pinochet, au Chili, dont le coup État contre le gouvernement d’Allende et la dictature fasciste établie ont été promues par Henry Kissinger, Secrétaire État du gouvernement des  États-unis ?

Comme vous voyez, la question du respect des droits de l’Homme est utilisée par certains gouvernements comme arme politique seulement contre ceux qui ne sont pas leurs alliés.

C’est une question fort manipulée. Cette précieuse arme de la démocratie que nous a livré la « Révolution Française » de 1789 a dû attendre  la fin de la Seconde Grande Guerre pour voir légiférer les gouvernements sur son application. Mais les discussions ont été entourées de beaucoup d’hypocrisie, voire de cynisme. Car les puissances  mondiales qui se sont penchées sur  le thème « Droits de l’Homme » n’ont pas condamné l’oppression coloniale et exigé  la fin  immédiate de cette violation des droits de ces millions d’hommes sans droits en Afrique, Asie et Amérique Latine.

En ce qui concerne Cuba, elle a toujours accepté et salué la « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme » et son application sans distinction de gouvernement, sans exceptions en fonctions des intérêts politiques hégémoniques de certains pays.

Et encore, Cuba a signé, en février 2008, aux Nations unies, deux traités essentiels à propos des droits de l’homme : le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

 « On ne prêche pas la moralité en culottes » --répètent souvent les Cubains. Ainsi ceux qui ont lancé  des bombes atomiques contre la population civile au Japon, exécuté les époux Rosenberg, sans des preuves concluantes comme quoi ils étaient des espions, incarcéré les patriotes  portoricains Pedro Albizu Campos, Lolita Lebron et autres, incarcéré le leader  autochtone  Pelletier, incarcéré Cinq patriotes  antiterroristes  cubains et  libérés des assassins comme Orlando Bosch et Luis Posada Carriles, ont peu à nous montrer en matière de droits de l’Homme.

Et ceux qui se taisent devant les crimes des États-unis  contre les droits de l’homme, y compris les invasions contre l’Afghanistan et l’Irak, les tortures à Abu Ghraib et Guantanamo,  manquent de toute morale pour accuser qui que ce soit, dont Cuba. D’autant plus que toute accusation contre Cuba fait partie d’une manipulation.

Cuba  reconnaît la charte de droits politiques et sociaux et le pacte de droits civils, documents de l’ONU. En ce qui concerne  les droits fondamentaux de l’Homme, peu de pays peuvent montrer une exécution plus rigoureuse de ces principes malgré la pauvreté extrême de ressources économiques dont elle dispose :

Droit au travail ; depuis le triomphe de la Révolution le 1er janvier 1959. Le premier point de l’agenda de la Révolution a été d’assurer un emploi aux citoyens de manière à ce qu’il puisse pourvoir aux besoins de leur famille ;
Droit à l’éducation ; sans passer pour toute l’histoire des fait de la  révolution en fait d’éducation, il faut  seulement dire qu’à Cuba l’éducation et gratuite à tous les niveaux d’enseignement pour tous les citoyens ;
Droit à la santé ; tous les services de santé depuis la dentisterie jusqu’aux greffes d’organes –cœur, reins, foie, poumons—sont gratuits. Les prix des médicaments sont fortement subventionnés, lorsqu’ils ne sont pas gratuits.
Droit aux sports, aux arts et la culture en général ; l’enseignement et pratique de toute activité culturelle ou sportive jusqu’au plus haut niveau, sont gratuits. Leur jouissance en qualité de spectateur est accessible à tous à des prix fortement subventionnes pour assurer cet accès universel.
Droit au logement ; 85% des familles sont propriétaires de leur logement et elles ne payent pas d’impôts pour leur propriété ; seulement 15%  des familles payent un loyer équivalent au 10% du salaire du chef de famille, et un contrat avec la banque leur permet d’accéder à la propriété de leur maison dans un délai depuis 10 jusqu’à 20 ans, au choix.
Droit de sécurité de la vie et de l’état physique de la personne ; Cuba est un pays sécuritaire ou vous pouvez vous promener 24 heures sur 24 sans des risques pour votre vie et votre état physique en vertu  d’une absence quasi-totale de violence  suite à de la criminalité ou des actions policières.

Ainsi, à Cuba, il est assuré à tout citoyen le droit de vivre, étant le droit fondamental de l’homme. Sans la vie, tout autre droit est inexistant. Cuba garanti ce droit. Combien des pays au monde, aussi bien  développés que sous-développés peuvent montrer ce résultat social ? Vous pouvez, à Cuba,  vous promener à trois heures du matin n’importe où sans le moindre danger pour votre vie.  Pouvez-vous faire la même chose à Miami ou à New York ?

Vous pouvez, à Cuba,  vous inscrire à n’importe quelle école sans payer un sous. Pouvez-vous faire la même chose à Miami ou à New York ? Vous pouvez, à Cuba,  aller consulter un médecin  à n’importe quel établissement de santé sans payer  un sous. Pouvez-vous faire la même chose à Miami ou à New York ?

À Cuba, malgré la pauvreté de ressources, étant parmi les pays le plus pauvres du monde, on  fait le mieux pour assurer la jouissance du droit à l’accès universel à l’éducation, à la santé, au logement, au travail, à la culture.

À Cuba il n’y a pas de « homeless » (personne sans logement)  et personne ne peut être chassée de la maison où elle habite. Combien de « homeless » vivent au métro de New York ou meurent en hiver en plein air ?

Qui respecte le plus ces droits de l’homme et veille le plus au respect de ces droits de l’homme, Cuba ou les États-unis, qui se réclament d’être les nec plus ultra en fait des droits de l’homme ?

En ce qui concerne les droits civiles, Cuba respecte les libertés religieuse, d’association, d’expression dans la mesure où l’exercice de tels droits n’aille à l’encontre des intérêts nationaux dans le contexte d’un pays  frappé par le syndrome de la « sécurité nationale », suite aux agressions permanentes d’une puissance  étrangère et de ses affidés et mercenaires aux prise contre le régime et l’ordre civique établi.
 Les citoyens peuvent s’associer dans des institutions de la société civile (il y en a des dizaines),  critiquer entre eux les organismes, les mesures, les évènements  qu’ils veulent, à condition de ne pas prôner la violence contre l’ordre établi ou  des actions mettant en danger la stabilité sociale.

Établir leurs  plaintes et leurs suggestions dans des réunions des organismes de la société civile comme les CDR, organisation des voisins, la FMC, organisation des femmes, et autres, ainsi que dans les assemblées de circonscription du pouvoir populaire. Les ouvriers peuvent le faire dans leurs assemblées mensuelles syndicales, les étudiants dans les assemblées régulières de leurs organisations estudiantines; les paysans peuvent le faire dans les assemblées des associés de l’ANAP, Association Nationale  de Petits Agriculteurs. L’utilisation de l’une de ces instances n’empêche pas de faire appel au droit de libre expression dans d’autres niveaux, ni le droit de les diriger par écrit au l’Assemblée Nationale, ou au  Conseil d’État (qui a obligation d’y répondre) ou à la presse, où il y a des sections pour publier des opinions, des suggestions et les plaintes de la population.


QUESTION :    Alain Legault, Retraité. zv......21 janvier 2011 14:57 

Je visite cuba depuis des années. Et aussi plusieurs provinces. Il y un constat que j’ai fait. Excusez-moi ! Je ne voudrais pas vous offenser !  Les Cubains travaillent peu. Ils ont une productivité basse, pour ne pas parler de discipline de travail. Sans parler du nombre d’oisifs  bavardant à coté  de ceux qui travaillent. Cela je l’ai constaté dans la construction  d’hôtels à Varadero ; dans le pavage des rues, dans le service aux restaurants et aux commerces. 
Même dans l’agriculture, dans une des fermes où nous avons travaillé, alors que je suis allé au bureau de la coopérative pour faire un appel à ma famille, j’ai constaté qu’il y avait presque davantage de travailleurs administratifs, même avec des ordinateurs et imprimantes, que des travailleurs directs dans la terre ou avec les animaux. Alors je me demande, et je vous demande : Comment est-ce que Cuba, possédant autant de cadres qualifiés en est arrivée à cette situation ? Ne voyait-elle pas le danger d’une telle situation,  avoir plus travailleurs que la besogne ne demande, d’avoir autant d’employés administratifs dans des entreprises, alors que la question en est d’avoir beaucoup de producteurs ? Est-ce que cela ne rend pas non rentable l’économie ? Et encore,  est-ce que cela ne corrompt pas les travailleurs car ils s’habituent à ne pas travailler suffisamment ? Qu’est-ce que vous pouvez me dire ? Quelles sont les mesures envisagées pour corriger cette situation ?


RÉPONSE :

Vous avez bien raison. Parmi les problèmes les plus graves de l’économie cubaine, il y a l’excès de personnel, la basse productivité, à quoi il faut ajouter la bureaucratie. Comment sommes-nous arrives là ? C’est une longue histoire. Cela commence avec la révolution même. Il y avait  plus de 600 000 chômeurs. Et l’une des bannières de la révolution avait été la lutte contre le chômage, donner l’opportunité aux hommes de pouvoir nourrir leur famille grâce à un emploi.

Alors, on a obligé les entrepreneurs à embaucher des gens, même s’ils n’étaient pas indispensables  à la production. Cette politique de procurer un emploi aux chômeurs est restée en vigueur lorsqu’on a nationalisé les entreprises privées. Et lorsqu’on a essayé de réorganiser la force de travail, on s’est trouvé avec une quantité de postes de travail très élevés, le plus souvent injustifiés.  Mais comment donner du travail aux gens, dans des industries ou des petites entreprises industrielles et agricoles capables d’absorber tous les chômeurs ?

Et encore, malgré l’expérience de ce qu’un propriétaire privé avec très peu de personnel était capable de maintenir avec efficacité sur sa ferme, lorsqu’on a créé de fermes étatiques, on a introduit une organisation bureaucratique avec des postes de travail qu’un entrepreneur privé n’aurait jamais eu dans les conditions de sous-développement  de Cuba : chef du personnel avec une secrétaire, chef de comptabilité avec une secrétaire, chef de mécanisation avec une secrétaire, et autres postes bureaucratiques non indispensables à la production agricole.  

Ceci faisait dire avec ironie aux travailleurs que dans beaucoup d’entreprises il y  avait « mas caciques que indios » (plus de «chefs» que d’indiens).  Cette situation frappe l’économie dans le volet fondamental de sa rentabilité. 

Mais le problème qui reste grave c’est la productivité. Non seulement affectée par l’excès de travailleurs dans certaines activités et la pénurie dans d’autres comme dans l’agriculture. Tandis que dans la construction et les services, il y a des excès, dans l’agriculture, il y a pénurie de travailleurs. Un problème de plus en plus grave, vu le vieillissement de la force de travail agricole et la préférence des jeunes pour le travail  urbain.

Le volet pénurie de force de travail dans l’agriculture a d’autres aspects à considérer. Parmi les  facteurs qui ont agi négativement sur l’attrait du travail agricole sur les jeunes, il y a, tout d’abord, l’opportunité largement ouverte de faire des études supérieures ; ensuite, il y a les bas salaires dans le secteur agricole.

À son tour, les bas salaires ont une explication. Il fallait, tout d’abord, éviter l’inflation dans une économie tellement dépendante des importations. Et une fois décrété l’embargo commercial par les États-Unis, le danger est devenu réalité ; marchés vides ou quasi-vides sous des conditions d’une augmentation de la masse monétaire en circulation. Car, malgré sa pauvreté, malgré ses capacités financières, fort limitées, Cuba a dû, depuis les premiers jours de la Révolution, faire face à son énorme dette sociale.

Ainsi la révolution devait accomplir son programme de justice sociale l’obligeant à embaucher les 600 000 chômeurs hérités de l’époque de la dictature et assurer un emploi aux  nouvelles générations. Pour satisfaire aux impératifs de la justice sociale, une croissance démesurée de la force de travail simple, technique et professionnelle s’est produite fondamentalement dans le secteur de service, non dans celui productif, excepté les infrastructures : construction d’hôpitaux, d’écoles, d’autoroutes, de logement, d’installations sportives.

Et ces installations demandaient du personnel et ne produisaient ni des ressources matérielles, ni financières. Alors avec quel argent pouvait-on augmenter les salaires, sans une représentation matérielle de cet argent sur le marché ?

Et ensuite, il y a une question idéologique voire philosophique, à l’origine de cette distorsion dans les salaires : amoindrir le rôle de l’argent dans la satisfaction des besoins primaires des citoyens.

Le projet social fondé sur un système de gratuité pour tous les services sociaux et de subventions étatiques à l’alimentation pour tous, aux services de commerce et de gastronomie, aux activités sportives et de loisirs, depuis le tourisme dans des bases de camping jusqu’aux activités culturelles et sportives, amoindrissait le rôle de l’argent dans la société. Car État « providence » assurait presque tout.  Le tout en peso cubain, la monnaie nationale.

L’amoindrissement de la valeur de l’argent, de manière à ce qu’il ne constitue pas le moteur des actions humaines, comme partout dans le monde, était un rêve. Mais réaliser ce rêve demandait des ressources financières et Cuba n’exportait que du sucre, du tabac, du rhum, du nickel, dans les conditions terribles d’un blocus commercial qui empêchait l’accès à des marchés internationaux et de surcroît,  elle avait été séparée des banques de crédits et  des circuits financiers internationaux. C’est pourquoi le rêve devait se heurter à des difficultés aussi bien sur le plan du temps nécessaire pour sa réalisation que sur le plan des actions pratiques et des démarches pour atteindre la fin recherchée. Le décalage entre le discours politique et la réalité économique s’est dramatiquement fait voir à la fin des années 1980 et début 1990, par l’implosion du socialisme en Europe de l’Est et dans l’URSS. 

Le résultat de cette initiative a été au-dessous de ce qu’on attendait. N’ayant pas l’argent nécessaire, le salaire a cessé de jouer son rôle essentiel  comme motivation pour le travail. Conséquences (?) : Lassitude, basse productivité, absentéisme et autres attitudes négatives pour la croissance économique.

Par ailleurs, par des raisons, très particulière du contexte d’affrontement à la contre-révolution et aux agressions  états-uniennes, Cuba a balayé la petite propriété privée, exceptée, la propriété agricole  (les paysans  détenait 15% de la propriété foncière du pays), mais le secteur s’est vu contraint au contrôle de État, fixant des prix décourageants pour les producteurs. 

Il y a aussi le fait qu’avant la révolution, la distribution des produits agricoles sur le marché était faite par des privés ;  lorsque l’État a créé  le monopole de l’entreprise « Acopio » afin de contrôler de la production agricole par  l’achat, le transport et  la distribution ou commercialisation de ces produits, les paysans ont perdu de la liberté et la population a perdu de l’efficacité dans la distribution, mais elle a gagné en ce qui concerne les prix plus bas.

Mais l’incapacité de État pour gérer ce monstre d’entreprise jadis subdivisée en des  milliers de personnes tout le long du pays, a provoqué du mécontentement dans le secteur, d’autant plus que, maintes fois, des produits se perdaient aux champs à cause de l’inefficacité de l’entreprise; de surcroît, les prix étatiques étaient fixes et trop bas, sans tenir compte de la saison. En conséquence, il y a eu une diminution de la force de travail  aux champs : beaucoup des paysans ont préféré de vendre leur terre à l’État ou de la lui donner en échange d’une pension à vie et une parcelle d’autoconsommation. 

Ce fut encore une perte de force de travail agricole et d’une expérience  accumulée pendant de siècles et transmise de génération en générations par les familles paysannes.

En s’approchant de plus près à la question… Depuis les premières années de la Révolution, l’état avait dû contrôler les augmentations de salaire pour pouvoir faire face à la construction d’écoles et d’hôpitaux, à la création de nouveaux emplois et au plan d’industrialisation du pays, à ceci vint s’ajouter l’intégration au camp socialiste, caractérisé par des bas salaires et des fortes subventions aux prix des produits et des services et aux activités sociales.

La stabilité des prix, en absence de la concurrence et de l’économie de marché, rendait inutile et inflationniste l’augmentation des salaires. Par ailleurs, les prix du COMECON étaient stables et la dépendance de Cuba envers le marché capitaliste représentait moins de 15% à cause du blocus. Sans des « va et vient » du marché et comptant sur le pouvoir d’une banque centrale de l’état finançant la stabilité des prix,  les salaires sont restés pratiquement inchangés pendant des décennies. Ainsi, un décalage de plus en plus important est apparu entre les salaires à Cuba et les salaires dans le monde capitaliste, où les prix et les salaires évoluaient de manière plus ou moins proportionnelle à l’échelle  de marché mondial. Mais l’état socialiste pouvait  contrôler les prix du marché interne avec ses réserves.

Tout cela est fini depuis l’implosion du  camp socialiste. Du jour au lendemain, Cuba s’est vue sans marchés pour l’exportation de ses produits, sans marchés d’importation subventionnés, sans des devises étrangères pour acheter sur les marchés capitalistes, sans  crédits des banques financières internationales, avec des salaires très bas en monnaie nationale. Des experts internationaux calculaient une survivance de quelques 45 jours au socialisme cubain.

L’enjeu pour l’état cubain était excessivement dangereux. Il était question de la survivance de la population cubaine et de sa révolution. S’il est vrai qu’on avait pu résister plus de 30 ans de blocus, il n’en était  moins vrai que ce fut aussi grâce à l’existence du camp socialiste, et surtout de l’URSS,  dont les termes du commerce avec Cuba étaient trop justes pour ne pas être une franche subvention : le prix du sucre supérieur de celui du marché mondial, en revanche, le prix du pétrole inférieur de celui du marché mondial.

Mais maintenant,  sans  cette subvention comment nourrir la population et maintenir les acquis de la Révolution ? Et encore, comment assurer des vêtements et des chaussures à la population ? Un effort très grand devait être fait pour assurer les uniformes pour les élèves de l’enseignement secondaire et technique, et puis pour  les vêtement sanitaire des hôpitaux et des services annexes, et puis encore pour le personnel  de certaines activités économiques particulières, et puis encore pour les forces armées, la police, les pompiers, et puis encore, pour les sportifs… Ce serait impossible sans un changement.

La seule alternative de survivance, c’était l’ouverture économique vers le monde capitaliste, vers le marché du dollar, que Cuba s’était vu refuser en vertu  du blocus imposé par le gouvernement USA. Et encore, une semi ouverture interne à des activités économiques privées.

Les dirigeants cubains savaient tous ces dangers. Ils craignaient qu’un essaim d’opportunistes, déguisés en investisseurs étrangers ne vienne comme des vautours  prendre le peuple cubain comme proie de leurs ambitions, qu’ils viennent jouer, spéculer avec la misère et la douleur du peuple cubain.

Avec beaucoup de pragmatisme, on a dû accepter des affaires préjudiciables pour le pays, mais qui donnaient un répit, en attente des temps meilleurs. L’état craignait qu’avec l’entrée du tourisme étranger, toute sorte de corruption et de vice de la société capitaliste ne vienne s’abattre sur la société cubaine et, que tout en jouant avec la pauvreté matérielle des gens, des vampires ne viennent combler cette société de nouvelles misères, mais cette fois-ci des misères idéologiques et morales. On était dans l’embarras du choix…

 En quête d’une hypothétique égalité sociale ou égalité d’opportunités sociales, Cuba a créé un système de subvention à des prix pour tous ceux qui participent à la création de la richesse nationale, soit les cubains. Ainsi, le pétrole et ses dérivés coûtent des devises à l’état qui les vendait en monnaie nationale à des prix dérisoires, jusqu’à ce que l’implosion de l’URSS, son fournisseur sûr,  l’électricité coûte des devises et l’état la  vendait et la vend encore en monnaie nationale à un prix dérisoire ; l’eau des aqueducs coûte des devises, car les moteurs, les pompes, le chlore,  l’électricité pour mettre en marche les pompes ou pour creuser des puits dans un pays privé par la nature de fleuves, coûtent des devises et l’état, pourtant,  fournissait l’eau gratuitement  ou à des prix dérisoires  en monnaie nationale ;  les moyens de transports coûtent des devises et l’état pourtant,  offrait le service des transports publics, et même la vente sélective de moyen de transport privés, en monnaie nationale à des prix dérisoires ; les services gastronomiques, depuis les aliments jusqu'à l’élaboration dans des cuisinières électriques ou à gaz dépensent des devises, pourtant le service était offert en monnaie nationale á des prix dérisoires. Ces acquis l’état les défend encore.

 Étant l’un de buts finaux du socialisme, la création d’une société où le rôle de l’argent serait  à tel point amoindri qu’il ne serait plus le moteur du travail et des actions humaines, et conçu l’état comme le grand administrateur gestionnaire des richesses collectives, les dirigeants cubains en ont fait une approche toute particulière au thème en question. Un vaste système de  subventions a été institué pour la plupart des services, dont quelques-uns ont été déclarés gratuits, comme l’éducation jusqu’au niveau universitaire et la santé, depuis les consultations médicales jusqu’aux interventions chirurgicales, y compris  des greffes de cœur, de foie ou de poumons.

Puis tous les services communautaires,  commerce et gastronomie, culture, tourisme, ont été fortement subventionnés à leur tour ; un panier familial de base, également à un prix symbolique, pour ne pas dire dérisoire, a été institué pour assurer l’alimentation à toute la population du pays, à un prix accessible à tous les salaires. Pour mener à bien ce projet, il a été institué un gel des salaires et des prix ; le résultat en a été une forte diminution du rôle de l’argent dans la satisfaction des besoins économiques et spirituels des familles, mais l’apparition d’une certaine inflation aussi.

(Suite et rappel) zv..18 février 2011 18:03

En peu de temps, après l’institutionnalisation du blocus en 1962 par la gouvernement Kennedy, le commerce import-export de Cuba s’est forcément restructuré, à tel point de voir réduit le commerce avec l’Occident à  moins de 15%  du commerce total de Cuba avec le monde, et de voir limité le nombre de pays à une poignée, dont le Canada, le Japon, la France, la Grande Bretagne, le Mexique, mais ceci avec des  chiffres d’affaires très limitées, s’agissant seulement de relations avec des entrepreneurs qui ne voulaient pas se plier au blocus décrété par Washington ; ainsi le volume du commerce en dollars est descendu au dixième, et son impact sur la vie nationale, en conséquence, était  fort limité et contrôlable.  Ceci  a favorisé la campagne étatique pour amoindrir le rôle de l’argent dans la vie des Cubains.

Grâce aux termes équitables du commerce avec les pays de l’Est, il n’y avait pas de soubresauts avec les prix en gros, il n’y avait donc pas de changement dans les prix aux consommateurs, aucun changement pour les salaires, qui restaient comme les prix dans les limbes où l’état cubain avait décidé de les fixer tout en renonçant au libre cours de l’économie de marché.  Ceci explique le grand décalage entre les salaires et les prix cubains et ceux du monde capitaliste, ce qui  deviendra progressivement,  au cours de décennies, un fossé presque  infranchissable.

La lutte contre l’argent ou la richesse personnelle comme moteur des actions humaines et objectif du travail a été entamée tout d’abord par Che Guevara  lui-même, par l’institutionnalisation du travail bénévole, non rémunéré : le travail volontaire, source de richesse pour la collectivité sociale. Une forte mobilisation sociale comprenant autant les plus jeunes que les plus vieux,  aura mis au centre des activités du cubain le travail bénévole au profit de la société dans tous les secteurs de la vie sociale.

Aux moments où se produisit l’implosion du camp socialiste fin 1980 et début 1991, Cuba s’est retrouvé avec des entrepôts pleins de produit d’exportation qui venaient de perdre leur client, des usines fonctionnant pour ces clients ont dû  immobiliser leurs activités, des projets d’industrialisation, de construction d’infrastructures et de logement se sont vus paralysés ;  le système électro-énergétique national, privé de combustibles est tombé en crise, avec des coupures de service qui parfois se prolongeaient non seulement des heures mais même des jours avec un impact fort négatif  sur la population, laquelle ne parlait plus de quand y aura un « apagón »  (coupure de l’électricité) mais de quand y aura-t-il « alumbrón » ? (allumage de l’électricité) .
Mais le combustible signifiait aussi  production d’aliments dans l’agriculture et  dans les usines.  Dans de telles conditions, en peu de temps, le pays est resté avec  peu d’aliments, très  peu de médicaments, de vêtements et de chaussures et pratiquement sans argent, car son commerce, un peu plus de 85% en 1989, se réalisait en roubles avec les pays du COMECOM et non en dollars, francs ou autres monnaies capitalistes

Et pour les travailleurs, des activités économiques paralysées ?

Ils ont continué à recevoir  100% du salaire pendant  3 mois et ensuite 60% du salaire, mais personne n’est resté sans les ressources de base pour subvenir aux nécessités  familiales. Dans de telles conditions, n’importe quel pays aurait lancé au chômage les travailleurs ; dans des pays développés, ils auraient eu, peut-être, l’assurance chômage ou la pension de chômage pour survivre. Mais aucun pays sous-développé et pauvre n’aurait pu le faire. Mais Cuba l’a fait, sans avoir, pourtant, de réserves financières pour cette action. Ne pas le faire aurait été le principe du collapsus tellement souhaité à Washington et ailleurs.

On est allé plus loin encore, en embauchant des travailleurs  qui chômaient dans des postes non nécessaires afin de ne pas  les voir traîner sans travail et cuver des maux pires pour la société. Mais, en même temps, cette mesure risquait de faire fléchir la discipline des autres, car là où deux travailleurs  sont nécessaires ne peuvent travailler trois, sans faire descendre la productivité et le moral des travailleurs.  Mais  cette distorsion de la structure productive, de la force du travail, à moyenne  échéance  devient une lourde entrave et nuisible à l’économie.  Mais c’était une solution politique dans une situation de guerre virtuelle, au moment où l’on fêtait à Washington et Miami, l’imminente implosion du socialisme à Cuba. 

D’autres actions ont été prises sur le plan interne et sur le plan externe. Ainsi, la production d’aliments étant la tâche numéro UN du pays pour ne pas sombrer. On a  convié la population à la phase dite « période spéciale en temps de paix », ce qui signifie travailler là  où ce soit nécessaire comme dans une économie de guerre de résistance. On a réussi à intégrer des travailleurs qui chômaient à des contingents de travail agricole pour pallier à la pénurie d’aliments avec des résultats positifs. Par ailleurs, on a organisé et développé un projet d’agriculture urbaine qui a aussi permis d’embaucher en nombre significatifs de femmes pour produire des légumes dans toutes les terre libres en ville.

Et les services d’éducation et santé  privés de subvention économique ? Aucune  école, aucun hôpital  n’ont été fermés ni n’a diminué ses services. Ce fut une grande victoire, vu la quantité d’employés que ces activités utilisaient.

Pourtant, ces mesures  ne restaient que des palliatifs au chômage technique.

La mesure la plus importante que le gouvernement a prise, fut un paquet de mesures intégrées à l’ouverture du pays au tourisme international, ouverture du pays aux investissements étrangers, dépénalisation ou libération du dollar et des devises étrangères, autorisation du travail privé et des petites entreprises privées, dont des petits restaurants appelles « paladar » et le logement privé pour des touristes et des nationaux.

L’impact de ces mesures a été important, tout d’abord, pour donner de l’oxygène financier, par la voie du tourisme international et des investissements étrangers,  à un pays qui risquait de mourir d’asphyxie  économique;  puis,  pour réabsorber une partie importante de gens qui chômaient et ont vu ranimés les domaines de la construction, pour des installations touristiques, la production de ciment et des matériaux de la construction, toute l’activité hôtelière, depuis les chauffeurs de taxi jusqu’aux groupes artistiques qui se produiraient dans les boites et les discothèques. Des dizaines de milliers de postes de travail additionnels ont été engendrés par ce secteur seulement.

Pourtant, ceci a été insuffisant pour résoudre le problème profond de l’excès de travailleurs dans nombre des centres de travail, entreprises, ministères, et autres. C’est un problème accumulé qui devra se solutionner.

À cela ajoutez que, pour des raisons politiques, Cuba a eu une stratégie particulière dans le domaine de la santé et l’éducation – qui a augmenté substantiellement le nombre d’employés dans ces domaines, à savoir, en santé,  la création de dispensaires médicaux dans chaque pâté de maisons avec un médecin de famille et une infirmière ; dans celui de l’éducation, la réduction du nombre d’élèves par professeur, 20 pour le primaire et 15 pour le secondaire, des chiffres propres des pays développés (si cela est).

Aucune de ces augmentations de personnel était indispensable.

En conséquence, le problème hérité par la révolution avec 600 000 chômeurs dans une économie sous-développée, n’a pas été vraiment résolu : cela reste encore un défi à cinquante ans du triomphe de la révolution. La seule voie pour résoudre un problème d’une telle envergure aurait été, comme c’était prévu, une diversification de l’économie et un processus d’industrialisation conséquent avec les possibilités de matières premières du pays et des importations indispensables.

Un certain jour, alors que sous les auspices de Che Guevara, un « Institut Cubain de Recherches sur les Dérivés de la Canne à Sucre » (ICIDCA),  développait avec beaucoup de succès son travail, Fidel Castro a prédit  qu’un jour les dérivés de la canne à sucre seraient plus important que le sucre même.  Hélas, après avoir découvert plus de 20 dérivés de la canne à sucre à l’échelle de laboratoire, ce qui aurait dû être le noyau de l’industrialisation est resté dans l’oubli, d’autant plus qu’une autre décision erronée fut de démanteler pratiquement l’industrie sucrière, avec l’impact négatif supplémentaire sur le chômage technique. Car les travailleurs des industries démantelées n’ont pas été abandonnés à leur sort.

Orientés plutôt à perpétuer la monoculture de la canne à sucre qu’à développer les potentialités des dérivées du secteur, les investissements énormes dans ce domaine cruciale de l’économie cubaine, auraient dû avoir une orientation d’avenir pour générer davantage de postes  de travail dans des activités industrielles durables.

Les activités industrielles de Cuba restent insuffisantes pour absorber le potentiel de force de travail du pays. L’agriculture qui devrait être le pivot du développement du pays, vu sa pauvreté en ressources naturelles,  reste avec une pénurie marquée de force de travail. Le secteur non productif, la culture, l’éducation, la santé, absorbent excessivement de force travail. Ce déséquilibre est très dangereux. C’est le grand défi du nouveau gouvernement cubain.

Un certain jour de janvier 1960, Fidel Castro dit que le futur de Cuba serrait un futur d’hommes de sciences. L’histoire ne  l’a pas démenti. Le secteur scientifique – la biotechnologie  et l’ingénierie génétique et autres groupes dans les dits « pôles scientifiques » sont aujourd’hui à l’avant-garde dans les exportations cubaines. Mais ces entreprises absorbent peu de main d’œuvres et beaucoup de professionnels et techniciens  à haute qualification.

Le défi demeure, et avant qu’il ne soit pas trop tard, il s’impose au nouveau gouvernement de prendre des mesures drastiques pour la réorganisation économique du pays en privilégiant la réorientation de l’excès de personnel vers l’agriculture et vers des activités productives autres mais avec une exigence obligatoire de rentabilité.

Par ailleurs, le  petit secteur privé doit nécessairement avoir un essor de manière à ce que beaucoup de personnes génèrent elles-mêmes leur propre travail. Il ne s‘agit pas d’un retour au capitalisme, mais d’utiliser des ressorts, comme la petite propriété privée, comme moteur pour générer des postes de travail et subvenir aux besoins  toujours croissants de la société. On ne reviendra pas à la petite propriété privée de la Cuba entre 1959 et 1968, qui hélas a été balayé, dans un moment difficile de la révolution où une partie de ces propriétaires privés firent le jeu de la contre-révolution et des ennemis du pays. On aurait dû penser une solution autre pour ne pas avoir les conséquences que nous vous montreront ultérieurement.

Il y a eu aussi des actions maladroites, malgré les bonnes intentions, comme la nationalisation de petites entreprises privées en 1968, dans le cadre de la dite « offensive révolutionnaire ». Certainement, il y avait des propriétaires qui ralliaient la contre-révolution. Si l'on appliquait la loi contre eux, c’était juste. Mais pourquoi l’appliquer  à tout le secteur ? Par des raisons idéologiques, on voulait éliminer la propriété privée, excepté celle agricole, qui avait été l’une des bannières de la révolution, pour  rapprocher Cuba davantage du socialisme, d’une économie sociale, quasi-totalement étatique. Il n’en était pas moins vrai que dans les conditions du blocus, l’État pouvait difficilement subvenir aux nécessités de matières premières du secteur des importations.

Si  État n’était pas en mesure de fournir aux privées les matières premières pour maintenir leurs entreprises, il n’en est pas moins vrai, qu’elles assuraient beaucoup d’emplois à beaucoup de métiers qui par la suite ont pratiquement disparu avec le temps, avec aussi les produits traditionnels qu’elles mettait sur le marché.  L’effort pour concentrer  cette force de travail dans des « empresas consolidadas » (entreprises consolidées) que les Cubain  appelaient « chinchales » n’a pas porté les fruits escomptés, mais aura récupéré une partie de cette force de travail, qu’on  perdra, par la suite, dans le temps, avec  ses métiers.

Ces petites entreprises assuraient beaucoup de besoins populaires : mobilier, articles domestiques rustiques pour le lavage, la propreté de la maison, des mobiliers pour les bébés, depuis le berceau jusqu’aux balançoires, des équipements  pour les cuisines rustiques, depuis la cuisinière au kérosène (que les cubains appelait « luz brillante ») jusqu’au set de casseroles en aluminium. Et encore, des ateliers de couture, des salons de beauté.  Et que dire de la gastronomie et la restauration ? Combien de milliers de postes de travail perdus, et de surcroît, on aussi perdu la belle et riche gastronomie cubaine ?

Nationaliser les restaurants privés, qu’on a essayé de les maintenir en vie mais qui finalement ont succombé aux effets du blocus sur l’économie cubaine. En fait d’intrants, et à la bureaucratie étatique, établissant des normes rigides pour des plats et autres difficultés, dont les fournitures. Disparus les marches agricoles, où trouver des légumes frais, des œufs, des végétaux ? Auparavant, les fournisseurs privés s’en occupaient. De la viande de bœuf, mouton, lapin, dinde, où s’en ravitailler ? Même État, s’il le voulait, ne pouvait pas avoir une réponse raisonnable ? Pour la viande de bœuf, par exemple, une brutale sècheresse a frappé le pays  entre 1962 et 1964 ; elle a  seulement épargné la province d’Oriente, et au prix de presque 2 000 vies, par  les inondations de l’ouragan Flora.

Mais, en parlant de petite propriété, c’était aussi des tailleurs, des brodeuses, des barbiers, des menuisiers, des ébénistes, des maçons et une étonnante diversité de petits métiers privés qui permettait aux familles de contourner la misère de la Cuba pré-révolutionnaire. Entre décisions erronées et le paternalisme de l‘État  « providence » qui offrait une pension ou un salaire fixe à des gens qui quittaient le secteur  privé pour  recevoir les bienfaits de État, on a perdu beaucoup d’emplois  mais surtout des métiers, du savoir-faire, qui aurait été très utiles dans cette période de « vaches maigres » de l’économie cubaine.

En tout cas, la grande leçon à tirer de cette expérience par d’autres nations qui feraient leur révolution  au XXIème siècle, c’est de changer les choses seulement lorsqu’on a déjà en main quelque chose de supérieur. Cuba, soumise à plusieurs pressions – les agressions ennemies et l’enthousiasme volontariste-  n’a pas eu cette possibilité de bien penser avant d’agir. 

Pour  ce qui est de Cuba, il faut répéter avec les Cubains  « Aguas pasadas no mueven molino » ( les eaux écoulées ne meuvent plus le moulin d’eau ), une image paysanne qui  invite à se passer des erreurs du passé et repartir avec de l’énergie nouvelle et de nouvelles idées.

Les problèmes objectifs d’un Cuba pauvre en ressources naturelles, sous-développé et agressé en permanence dès qu’il a décidé de reprendre son histoire en main, n’a pas empêché qu’elle enregistre des progrès inéluctables, même unique dans le Tiers Monde et au niveau des pays riches développés. Ses succès en éducation, santé, biotechnologie, sports et culture, ont des chiffres et des noms pour les avaliser.  Et ce sont des résultats  d’un système.

Pourtant dans ce long chemin, il y a eu des erreurs. Le moment est venu d’émender, de corriger ce qu’il faut corriger et d’avancer vers l’avenir avec moins de préjugées idéologiques et politiques qui empêchent une fois de plus de bien évaluer la situation et les outils appropriés pour faire face aux contingences que la construction d’une nouvelle société présente aux hommes politiques qui doivent la conduire. En tout cas, les erreurs de Cuba ne sont pas les mêmes des pays de l’Europe de l’Est et de l’URSS,  et il ne faut pas craindre une implosion du socialisme cubain et un retour au capitalisme.

Désormais, Cuba devra bien évaluer la participation de la petite propriété privée dans la construction de sa société, à la recherche d’un modèle socialiste viable ; elle devra répondre aux appels du monde du travail réclamant une réorganisation de la force du travail au niveau national ; théoriquement des centaines de milliers de travailleurs devront  temporairement être mis à pied, mais ce sera  pour la salut du corps ;  le transfert des travailleurs excédents à des domaines comme le secteur privé, l’agriculture, la construction, sont des idées actuellement avancées. 

Mais il faudrait également reprendre le projet d’industrialisation du pays  sur un critère plus  globalisateur, soit  construire des industries à cycle complet, non des industries produisant seulement de produits semi élaborés, vendus comme matière première sur le marché extérieur.  Il faudrait focaliser des domaines où le produit sort du sol comme matière première et passe ensuite sur divers processus pour arriver au marché national et international comme produit fini, prêt à la consommation ou l’utilisation.

Cela fait penser  plutôt à la création de complexes industriels et non pas des industries isolées.  À titre d’exemple, Cuba produisait du coton en 1492, les espagnols l’ont fait disparaître des productions cubaines; la révolution a repris cette culture, puis on a construit des filatures. On rêvait  à un processus complet  qui se terminerait  en vêtements totalement cubains. Mais, on a par la suite abandonné la culture du coton.

 QUESTION:   

On parle de la discrimination des homosexuels à Cuba. Est-ce vrai ? Pour quelle raison ? Quelle est l’attitude de la population devant l’homosexualité ?

RÉPONSE :

Tout d’abord pensez que l’Organisation Mondiale de la Santé: ce n’est seulement que le 17 mai 1990 qu’on a retiré l’homosexualité de la liste des maladies. Cette date a été désignée, en conséquence, « Journée Mondiale contre l’homophobie ». Ainsi donc l’homophobie n’était pas un fait exclusif de Cuba.  Et tandis que dans le monde, il y a quelques 80 États qui maintiennent comme illégale l’homosexualité, à Cuba elle n’a jamais été illégale, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu des préjugés très forts, au sein de la population et dans les institutions. L’évolution a été lente, mais elle est là : depuis 2007,  Cuba  célèbre aussi  la « Journée Mondiale contre l’homophobie »

Ce fut une question très délicate et mal traitée initialement par la Révolution. Dans la  société cubaine, depuis l’époque coloniale, prévalait le machisme et l’homosexualité souffrait d’un large et profond rejet de la part de la population. Tout d’abord, il faut comprendre que la société coloniale cubaine était fondamentalement catholique mais avec un syncrétisme avec des religions africaines, réunies sous l’appellation de nom de  « santeria ».

Les deux religions voyaient l’homosexualité comme un phénomène contre-nature. Par ailleurs, les esclaves noirs africains ignoraient et condamnaient une telle pratique ; en conséquence, les religions afro-cubaines n’acceptaient pas parmi ses membres les homosexuels. C’est une telle réalité que la Cuba républicaine a reçu comme héritage ; c’est ce que la révolution cubaine a reçu aussi comme héritage.

La perception qu’on avait dans les familles cubaines plus ou moins cultivées, plus tolérantes, c’est que l’homosexualité était une maladie. Pour les moins cultivées c’était une malédiction.

D’où il s’ensuit une discrimination permanente des homosexuels au niveau population, . Un homme (ou une femme) qui se respectait n’osait pas s’exhiber dans la rue à côté d’un homosexuel. Avec de tels préjugés, il faut imaginer combien d’erreurs pouvaient survenir.

La révolution cubaine en soi est profondément humaine. Pour le constater, il ne faut que regarder combien a-t-elle fait pour la santé de la population, dont les  enfants, les femmes, les paysans, ainsi que pour l’éducation.  Pourtant, la question des homosexuels ne s’est pas vue bénéficiée par cette politique à cause des préjugés.

Au contraire, les homosexuels ont été réprimés, au coeur de la lutte contre les fainéants et les oisifs. On les envoyait travailler dans des brigades militarisées appelées UMAP (Brigades Militaires d’Aide à la Production). On les discriminait pour des postes de travail dans l’enseignement primaire et pour  des carrières pédagogiques et d’autres dans l’enseignement universitaire, et, bien entendu, dans l’armée.  Le Service militaire obligatoire a été institué en 1964 comme une nécessité de la défense de la nation, mais les homosexuels en âge de conscription étaient rejetés au profit de l’UMAP. Les seuls domaines où ils n’étaient pas discriminés étaient la production directe dans des usines et la construction, dans l’agriculture et dans les domaines de la culture et des arts, du commerce et de la gastronomie, entre autres.

Mais, on ne doit pas exagérer, comme on le fait dans certains milieux intéressés à dénigrer la révolution. Les homosexuels mâles qui respectaient la bienséance masculine étaient tolérés. Ceux qui étaient réprimés, c’étaient ceux qui exagéraient, par des gestes publiques, la  tendance à la féminité. Pourtant les lesbiennes, de par leur comportement moins scandaleux pour la bienséance, n’ont pas subi, ou au moins rarement, de répression. 

Pour avoir une idée du problème, sachez que la population n’était pas contraire à cette répression. Personne ne voulait voir ses enfants ou des membres de sa famille sous l’influence des homosexuels.

 En mai 2009, Cuba a célébré une journée cubaine contre l’homophobie. Il a fallu un travail d’éducation lent, patient, pour parvenir à ce qu’il y ait de la tolérance dans la population par rapport aux homosexuels. La révolution ne pouvait pas effacer des siècles d’intolérance et d’homophobie du jour au lendemain sans blesser la culture du peuple et ses traditions. C’est pourquoi les premières décennies de révolution ont dû conserver le fardeau de la discrimination des homosexuels.

Aucune famille n’accepterait, même aujourd’hui, un homosexuel comme instituteur dans l’enseignement primaire, même pas dans l’enseignement secondaire. Cette discrimination dans l’enseignement disparaît seulement dans l’enseignement artistique et dans l’enseignement supérieur.

La ligne actuelle de l’État, c’est que les homosexuels ne sont pas un problème, que le problème, c’est l’homophobie. On appelle au respect de la libre orientation sexuelle de la personne, au choix de son identité sexuelle, de la diversité.

La création du Centre National pour l’Éducation Sexuelle (CENESEX) a beaucoup aidé à transformer lentement la perception sur l’homosexualité héritée du passé.

Pourtant, les progrès, au niveau de la conscience populaire, sont encore limités, à tel point qu’il y a des gens qui se demandent si l’État et les médias n’exagèrent pas. Si auparavant le thème homosexualité était proscrit de la télévision cubaine, maintenant, dans l’espace de la plus grande télé audience –« La Novela »-- on voit de plus en plus des téléromans où la question de l’homosexualité peut-être l’une des trames sinon celle fondamentale.

Plus encore, au film  « Fresa y Chocolate » (« Fraise et Chocolat ») où la trame est centrée aux relations d’amitié  entre un homosexuel et un jeune universitaire marxiste homophobe, est venu s’ajouter un téléroman cubain entièrement centré et où il est même question de prosélytisme homosexuel.

En tout cas, sont bien révolus les temps où les homosexuels étaient nettement discriminés, exception faite de l’armée.

Pourtant, les progrès, au niveau de la conscience populaire, sont encore limités, la culture et l’idiosyncrasie d’un peuple n’étant pas modifiables, à courte échéance, par des décrets gouvernementaux ou des politiques instituées.

QUESTION :  Lucien Archambault, professeur à la retraite.

Tout d’abord, je suis solidaire avec Cuba et je suis l’admirateur du courage, de la ténacité, du dévouement par lequel son peuple défend ses idées. Pourtant, je me pose des questions.  Le modèle socialiste a implosé en Europe, il a duré 73 ans en URSS et 44 ans en Europe de l’Est. Il survie avec d’autres caractéristiques en Asie, en Chine et au Viêt-Nam, car je n’ose pas parler de la Corée du Nord. À Cuba, il dure depuis 50 ans.
Et puis, à Miami, il y a eu des gens qui ont préparé leurs valises pour un retour triomphal. Washington a affilé ses dents et ils attendent encore. Et je me pose la question suivante, vu qu’en Union Soviétique, chose incroyable, le modèle socialiste a implosé à l’âge de 73 ans, Cuba dépassera-t-il le record de survie du modèle socialiste ? Les Cubains croient-ils encore,  comme viable, le modèle socialiste ?

RÉPONSE :

Tout d’abord, il ne s’agit pas de l’échec du modèle socialiste de société, car ce modèle n’a jamais existé, il n’a jamais été construit par aucun pays. Il n’y a eu que des essais de modèle où les erreurs conceptuelles et pratiques des constructeurs ont fait avorter le processus. En conséquence, le socialisme reste à être la seule option de futur dans un monde où il y a plus d’un milliard d’affamés, justement là où règne le capitalisme, dans un monde où l’injustice et l’inégalité sociales réclament une option autre que le capitalisme.

Ce qu’on ne peut pas nier, c’est que pendant le 73 ans, les 44 ans et les près de 50 d’essais de construction d’un modèle socialiste en URSS, Europe de l’Est et Cuba, respectivement, sans parler de plus de 50 en Chine et 50 au Viêt-Nam, les conditions  de vie, la justice sociale, le développement économique et sociale, des populations de ces pays se sont accrus.

Pourtant, dans le même délai, elles ont empiré dans la partie du Tiers monde vivant sous les bannières du capitalisme. Ceci sans passer dessus les progrès sociaux réels enregistrés aux métropoles européennes, en Europe occidentale et aux États-Unis, et de la compétition entre les deux systèmes et grâce aux luttes syndicales et de masse menées depuis les rangs de la gauche pour améliorer les prestations sociales de ces sociétés et qui ont permis la création en Europe de « l’état de bien-être ».  

Enfin, si des essais de construction d’un modèle de société socialiste ont échoué  dans plusieurs pays, il n’en est pas moins vrai, qu’au même délai,  la misère, la paupérisation, l’injustice sociale se sont accrus dans des pays dominés par le capitalisme. Alors l’échec a été justement celle du capitalisme qui s’est révélé de plus en plus incapable de mettre fin à ces fléaux.

En tout cas, il y un constat, qui marquera l’histoire de l’humanité pendant des décennies et peut-être des siècles : les premiers essais de construction d’un modèle de société socialiste ont échoué dans une partie du monde après des décennies d’expérience socialiste, tandis que sont survécus seulement les expériences asiatiques et en solitaire l’expérience de la Cuba de Fidel Castro.

Un deuxième constat : dans le même délai le capitalisme a été incapable de  résoudre les questions de la pauvreté, de l’injustice sociale, de la famine, dans la partie du monde où il régnait.

Troisième constat : restent sur place les raisons pour lesquels la construction d’un modèle socialiste de société se révélait indispensable pour sauver l’humanité de la paupérisation et la misère. Alors le socialisme reste une alternative viable.

Mais regardons de près les éléments essentiels de ces constats.

Il faut convenir sur ce que, dans l’histoire, il n’y a jamais eu de formation socioéconomique pure, avec des éléments constitutifs propres. Toutes puisent leur germe, leurs racines, dans le régime ou la formation socioéconomique précédentes. C’est pourquoi l’apparition du modèle demande beaucoup de temps, voire des siècles.

Ainsi, le commerce, cellule parmi les fondamentales du capitalisme, nous vient de l’Antiquité ; la propriété privée, cellule fondamentale du capitalisme, nous vient de la décomposition de régime communautaire de l’Antiquité et l’avènement de l’Esclavage ; elle aura de développements, au Moyen Âge, avec le régime féodal et aura des caractéristiques parfaitement définies aux Temps Modernes pour devenir cellule fondamentale du capitalisme. Il se sera écoulé des siècles pour arriver au modèle capitaliste de société. Songez seulement à combien de siècles se seraient-il écoulés entre le développement du commerce dans les bourgs médiévaux, le passage du travail artisanal familial aux manufactures et l’avènement de la Révolution industrielle anglaise au XVIIème siècle comme archétype de ce que serait le modèle capitaliste ?

D’où il s’ensuit que le modèle capitaliste a demandé des siècles à apparaître comme tel. Pourtant, est-ce qu’on peut exiger à l’Histoire que la conformation du modèle socialiste n’exige que quelques décennies ?  Absolument pas.

Par conséquent, il n’y a pas eu de modèle socialiste parachevé, mais seulement des projets, des tentatives de créer un modèle. Ce qu’on a vu échouer ont été des projets qui n’ont jamais constitué un modèle.  Le socialisme est encore à la recherche d’un modèle qui nécessairement écartera les erreurs faites dans les projets qui l’aurait précédé. Seulement que la construction de ce modèle ne devra attendre des siècles. Il s’est écoulé 92 ans entre la Révolution d’Octobre en Russie (1918) et les projets socialistes du Vénézuela et de la Bolivie. Combien de décennies faudrait-il encore attendre pour la conformation du modèle socialiste ?  On ne sait pas.

Pour parvenir à la conformation de ce modèle, il faudrait, tout d’abord, se pencher plus profondément sur la pensée des précurseurs de la société socialiste : Thomas More, Campanella, Owen, Fourier, Saint-Simon. Puis sur celle des classiques Marx, Engels, Lénine, Trotski et autres. Enfin, il faudrait se pencher profondément sur les idées,  les faits pratiques et les erreurs de ceux qui ont essayé de construire le modèle socialiste, depuis Lénine jusqu'à Gorbatchev en passant par Mao Tse Dong, Ho chi Minh,  Joseph Broz Tito, Fidel Castro et Hugo Chavez.

Seulement alors est-ce qu’on pourra déceler les erreurs du système et les erreurs des hommes. Pour les projets de modèle socialiste échoués, il faudrait discerne les erreurs conceptuels systémiques des erreurs dans la pratique politique et sociale des hommes.

La question en est de focaliser les insuffisances du dit « socialisme réel » dont on parlait en Europe socialise et qui l’ont conduit du « réel » au néant.

Les constructeurs de ce projet misaient sur les bienfaits de la redistribution, à travers les « fonds sociaux de consommation », de la richesse créée par le travail comme ressort pour construire le « modèle socialiste ». Ceci supposait l’étatisation des moyens de production en les transformant en « propriété sociale » ou propriété collective, alors que Marx parlait d’étatisation des moyens fondamentaux de production. Ce n’est pas la même chose. Seulement qu’ils ont oublié de travailler et de créer les mécanismes pour que les travailleurs aient une mentalité de « maîtres » collectifs des moyens de production avec leur quota d’intérêts individuel.

L’étatisation à elle seule ne crée pas le modèle socialiste, parce que ça pourrait être un capitalisme monopoliste d’État où le travailleur reste aliéné des moyens de production, un simple salarié.

Touchant à cette conscience de « maître », il faut remarquer qu’il y eut une expérience intéressante en Yougoslavie, à l’époque de Tito, avec l’autogestion et la participation des travailleurs au fruit de leur travail ; directe, sous forme de supplément salarial, et indirecte, à travers les fonds sociaux de consommation. Mais, ils ont raté le travail idéologique, car l’argent n’est pas le meilleur outil pour créer une conscience socialiste.

Par ailleurs, pour démontrer que le socialisme est supérieur au capitalisme, il ne suffit pas de faire une distribution équitable de la richesse sociale, d’établir l’égalité sociale dans l’accessibilité et la jouissance des biens et de services sociaux. Car l’homme ne vit non seulement de pain, de logement, d’accès aux services d’éducation, de santé, de culture.

Il ne suffit pas de crier que le socialisme est supérieur au capitalisme, car la démocratie bourgeoise est une anti-démocratie. Il faut le démontrer par l’institution d’une démocratie participative où tous soient concernés, consultés et aient un pouvoir de décision. Les constructeurs du dit socialisme réel ne se sont pas penchés en profondeur sur la question de construire une démocratie supérieure à la vieille démocratie capitaliste qu’on critiquait et combattait parce que la « participation » des citoyens essentiellement se concentrait dans les batailles électorales et puis, dans le droit de manifester publiquement son opposition à une politique quelconque ou la revendication d’une mesure politique, économique ou sociale quelconque.

Il reste évident que les idéologues et les constructeurs de ces premiers essais socialistes ne se sont pas penchés profondément ni sur le développement d’une démocratie supérieure dans toute la ligne au modèle de démocratie qu’offrait le capitalisme, ni sur l’enrichissement des libertés individuelles et l’expression de l’individualité au service de l’intérêt commun. Ils ne se sont non plus penchés sur le développement et l’utilisation des organisations de la société civile comme mécanismes de consultation et de pratique de l’exercice démocratique.

Si le pluripartisme jusqu'à présent ne s’est avéré qu’une façade de démocratie où les partis politiques n’ont jamais lutté pour un changement structurel de la société en vue de promouvoir la justice sociale, le monopartisme avait été incapable de privilégier d’autres organisations de la société civile comme alternatives de jeu démocratique d’opinions plus efficaces et diamétralement opposées à la politicaillerie et la démagogie  mais propres à promouvoir le libre flux des idées.

Ils ont oublié que les notions de lutte de classe et de dictature du prolétariat impliquent la présence des éléments opposés, alors comment parvenir à ce que la lutte politique sous-jacente se déroule sur la voie d’une démocratie nouvelle et plus riche ? Comment parvenir à ce que les parlements socialistes reflètent intégralement les idées, les opinions, les attentes, la volonté du peuple et non les intérêts de groupes politiques et économiques, comme il se passe souvent au parlement bourgeois ? Comment parvenir à ce que la presse devienne une conscience critique de la société, un thermomètre sur les états d’opinions sur la construction sociale, sans tomber dans la supercherie de la liberté de presse bourgeoise ?

Ces oublis ont érodé les projets socialistes, ont créé la méfiance, la fatigue des populations sans pouvoir trouver la voie efficace de faire valoir leurs idées, d’exprimer leur mécontentement et leur envie de voir amender les erreurs. La brèche entre dirigeants et peuple a fait avorter ces projets socialistes.

Et au sein de cette débâcle, il y a Cuba, se battant en solitaire contre le blocus, devenu double, après l’implosion socialiste et la rupture des liens économiques qui a stoppé des projets, paralysés des industries, fermé les débouchés qui embrassaient 85% de son commerce import-export. Comme vous aviez bien dit, il y a eu des gens qui ont préparé les valises du retour et ils attendent encore. L’essai cubain de construire un modèle socialiste tient encore parce qu’on n’a pas fait les mêmes erreurs, mais non sans difficultés, il avance sur la voie de rectification d’erreurs et de l’analyse des erreurs faites ailleurs, il reste viable. Malgré les progrès substantiels atteints sur la voie de construction du modèle socialiste, l’essai cubain reste encore loin de pouvoir se présenter comme modèle socialiste. Il faudrait, tout d’abord construire le socialisme pour dire voilà, c’est la voie pour la construction de la société nouvelle.

Certaines, parmi les erreurs de pays de l’Est dans la construction du modèle se sont répétées à Cuba, il faudra s’en débarrasser pour dire qu’on marche sur la voie correcte.

Pour ce qui est de Cuba, il s’agit d’un cas de choix sui generis de la voie socialiste. Vu le caractère radical, nationaliste et anti-impérialiste de cette révolution, elle devrait nécessairement, à longue ou moyenne terme, déboucher sur la voie socialiste.  Mais elle n’était pas socialiste au départ. Cuba voulait maintenir des relations amicales avec les États-Unis sur la voie du respect de sa souveraineté. Mais les États-Unis ne voulaient pas lâcher prise.

Les agressions économiques états-uniennes ont obligé Cuba à répondre « œil pour œil  dent pour dent ». Ainsi Cuba s’est vue forcer à nationaliser les entreprises américaines, et puis les autres étrangères s’étant allié des États-Unis dans le boycottage de l’économie cubaine : le secteur socialiste de la production a ainsi été créé.  Le pays s’était préparé, au préalable, pour assumer cette responsabilité ?

Tout d’abord, des agressions économiques, les États-Unis sont passés ensuite aux agressions militaires par le biais d’actes terroristes, organisation de groupes de bandits dans les montagnes, agressions aériennes et maritimes contre des populations et des installations économiques, organisation d’une invasion militaire ; puis, les agressions diplomatiques forçant la rupture des relations des pays de l’hémisphère avec Cuba. Enfin, toutes les trois formes d’agressions se sont déroulées, à un moment donné, simultanément.  En conséquence, Cuba est resté isolé diplomatiquement dans la région et en attente d’une agression militaire qui allait liquider la révolution. La survie de la Révolution ne dépendait pas seulement de la décision inébranlable du peuple cubain de la défendre, mais de la solidarité internationale active. Il fallait chercher un allié de poids pour freiner les États-Unis ? Pouvait-on le trouver parmi les allés des États-Unis ?  La France, l’Angleterre, l’Allemagne ?

Les seuls alliés naturels de la révolution devaient être nécessairement les pays socialistes, fondamentalement l’Union Soviétique, puissance Mondiale, membre du Conseil de Sécurité de l’ONU. Une alliance idéologique ou politique avec ce bloc, l’obligerait de hausser sa voix en défense de Cuba pour arrêter une invasion directe des États-Unis.

Et dans cette situation exceptionnelle, de vie ou de mort, Cuba a déclaré, à la veille de l’invasion militaire annoncée, le caractère socialiste de sa révolution.  Le courage et l’héroïsme des Cubains a vaincu en moins de 72 heures l’invasion mercenaire. La solidarité immédiate de l’URSS et du camp socialiste a empêché les États-Unis de se lancer à l’invasion directe, malgré l’échec de la première étape du plan, à savoir occuper une tête de pont sur le territoire cubain par les mercenaires, y transporter un gouvernement provisoire qui réclamerait la reconnaissance des États-unis et leur soutien militaire.

Ainsi, sans savoir comment, sans une préparation, technique, scientifique, administrative, gouvernementale, au préalable, Cuba a dû s’assumer pays socialiste à partir du 16 avril 1961, au seuil de la tempête, et le 19 avril 1961, par la victoire dans la Baie des Cochons, elle a pu proclamer devant le monde, la première victoire militaire socialiste en Amérique Latine contre l’impérialisme yankee. 

Le lourd chemin de l’apprentissage socialiste, pour un gouvernement constitué notamment par des jeunes mineurs de 35 ans – l’âge qu’aura Fidel le 13 août 1961— sans expérience gouvernementale et de surcroît, sans formation marxiste, exceptés de rares cas comme celui de Che Guevara, devrait connaître nécessairement des difficultés et des erreurs.

Maints dirigeants, à tous les niveaux, ont dû se demander et qu’est-ce que c’est que le socialisme ?

Les théoriciens du socialisme définissaient, parmi ses objectifs, le développement optimal des ressources et des forces productives en vue de satisfaire aux besoins matériels et spirituels de la population. Et Marx, lui-même disait qu’avant de philosopher l’homme doit se loger, se nourrir s’habiller.  Tous ces aspects retombent dans le domaine de l’économie.

Pour diriger l’économie socialiste, il faut des économistes, d’autant plus qu’elle a en son centre la planification. Il fallait donc des économistes, des planificateurs.  Les avait-elle «la Révolution» ? Il y a une anecdote racontée par Che Guevara : « Dans une réunion de dirigeants de la révolution, Fidel Castro a demandé « Est-ce que quelqu’un de vous est économiste» ?   Che Guevara a levé la main. Et à Fidel de lui demander:« est-tu économiste» ?  Ah non ! J’avais entendu que tu demandais s’il y avait un communiste ? ».

Ça peut sembler une blague, mais montre bien le côté dramatique de la question : absence de cadres pour commencer à construire le socialisme.  La plateforme unitaire ORI (Organisations Révolutionnaires Intégrées) créée par la révolution par la fusion des mouvements politiques qui ont participé à la lutte contre la dictature, a permis de rallier les membres du parti marxiste (Parti Socialiste Populaire) où il y avait des cadres de haut niveau, dont Juan Marinello, Carlos Rafael Rodriguez et autres, une poignée, mais ils n’étaient pas économistes. 

Ceci explique des improvisations, marquées par l’enthousiasme et l’inexpérience, qui restent à la base des décisions économiques qui aux cours des décennies se sont avérées erronées.

En tout état de cause, on peut affirmer, que malgré une lourde défaite tactique, le socialisme comme aspiration humaine a démontré sa supériorité en termes de croissance du bien-être social, par rapport au capitalisme. Analysez, par exemple la Russie tsariste de 1917, non industrielle, semi féodale et vous la comparez à d’autres nations européennes qui ont toujours vécu sous le capitalisme. En 1991, elle a quitté la voie de construction d’un modèle socialiste. Ne pas oublier qu’il s’agit d’un pays ravagé par deux guerres mondiales et une guerre civile. Elle était devenu un pays développé –bien qu’avec des trous technologiques-- , une puissance nucléaire et spatiale ; elle avait fait des progrès incontestables en matière de justice sociale : éducation et santé gratuits, culture et sports accessibles à tous, élimination de la famine.

Comparativement, et compte tenu de la destruction presque absolue du pays lors de IIème Guerre mondiale, quel pays vivant sous le capitalisme a eu un tel progrès ?
L’Allemagne ? Devrait-on oublier le Plan Marshall et l’objectif de faire de ce pays une vitrine du capitalisme face aux pays voisins étant tombés dans la zone d’influence soviétique ?

Prenons, par exemple, Cuba. Un pays agricole pauvre en ressources naturelles, depuis l’eau jusqu’aux minerais, exportateur de produits primaires (sucre brut, café, cacao, nickel) ou de faible industrialisation ou valeur agrégée (cigares, rhum) importateur par excellence, depuis les médicaments jusqu’aux aliments qu’elle aurait dû produire.  Taux de Mortalité infantile 60 pour 1000 nés vivants, espérance de vie 56 ans, analphabétisme 15% de la population ; logement moins de 40% propriétaires et une partie significatives de ces maisons en propriété, dans le monde rural, dans un état déplorable.

Cuba, à partir du 16 avril 1961, a proclamé le caractère socialiste de la révolution. Soit, qu’elle était disposée de construire un modèle de société socialiste. Est-ce qu’il y a en Amérique Latine un seul pays qui ait eu plus de progrès que Cuba, malgré sa pauvreté en ressources naturelles. Et vous connaissez combien de pays, en Amérique Latine, sont riches en minerais, or, argent, cuivre, pétrole, étain et j’en passe.

Ainsi, donc, l’option socialiste reste valable, par ses résultats concrets en progrès social et justice sociale, non seulement à Cuba mais dans le monde. Toutefois, il faut analyser profondément les insuffisances, les erreurs, bannir le bureaucratisme, les clichés, le dogmatisme ; profiter davantage des ressorts hérités du capitalisme s’étant avérés positifs, développer une démocratie supérieure de celle hérité du capitalisme, puiser dans la conscience individuelle des constructeurs de la nouvelle société pour y faire germer des valeurs humaines supérieures.

C’est sur cette voie que la révolution cubaine marche en ce moment, toujours à la recherche des meilleures composantes pour créer un modèle de construction socialiste adapté aux pays pauvres et du Tiers Monde.



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QUESTION :           

La révolution cubaine a triomphé le 1er janvier 1959 et déjà en 1960 Cuba était un allié de l’URSS. Est-ce que la révolution au départ était communiste ?
Pourquoi Fidel Castro a instauré le communisme à Cuba, à seulement quelques kilomètres des États-unis, alors que cela devrait éveiller des réponses fortes des États-unis, le leader des démocraties occidentales ?

RÉPONSE :

Tout d’abord, Castro n’était pas communiste en 1953, lors de l’attaque contre la Caserne Moncada ; il ne l’était non plus lors du débarquement du bateau Granma le 2 décembre 1956 ; il ne l’était non plus le  1er. Janvier 1959. Pourtant étant un intellectuel avec une solide formation en histoire, en philosophie et en droit, il était bien informé sur la philosophie marxiste et sur les idées léninistes. 

Ainsi, le régime instauré à cette date-là  fut une démocratie révolutionnaire nationaliste et anti-impérialiste, sur la base des idées républicaines et de justice sociale de José Marti et non de Karl Marx. 

Compte tenu du fait que Cuba, après le Canada et le Mexique, est le pays le plus proche des États-unis et que ce pays contrôlait la vie  politique et économique de l’Île, il est vrai que Cuba n’aurait jamais pu échapper á la phobie anticommuniste du maccarthisme. La grande majorité du peuple de Cuba, dont l’immense majorité de combattants contre la dictature de Batista, étaient marquées par la peur du communisme, suite aux campagnes internationales contre cette notion de régime politique.

D’où il s’ensuit que Fidel Castro n’aurait pas pu instaurer le soi-disant ·communisme· en janvier 1959, sous peine d’entrer en conflit avec les mêmes gens qui ont combattu avec lui la dictature de Batista..

Le gouvernement révolutionnaire dirigé par Fidel Castro, immédiatement le pouvoir occupé n’a fait que se pencher sur l’objectif de mettre en pratique les mesures de justice sociale  comprises dans le ·Programme de la Moncada·, annoncé par Fidel Castro dans sa plaidoirie devant les juges suite aux événements  de l’assaut de la Caserne de la Moncada en 1953.

Un fait sur lequel on ne devrait jamais passer par-dessus : la visite de Fidel Castro  aux États-unis en avril 1959 : […] « non pas pour demander de l’argent  mais pour demander de la compréhension ».  Le vice-président  Richard Nixon a tellement bien compris la pureté des idéaux de Castro et de sa révolution qu’il a conseillé  le président Eisenhower «d’éliminer  ce régime». La branche d’olivier présentée par Castro a été écartée.

Les mesures de justice sociale prises par la révolution  étaient hautement appréciées par le peuple, qui a donné son soutien massif au gouvernement et à Castro. Pourtant le gouvernement états-unien  dénonçait ces mesures  comme communistes.

Alors, jusqu’au plus ordinaire des Cubains à se demander si c’était nuisible de donner la propriété de la terre aux paysans, obliger les patron à augmenter le salaire des ouvriers et à créer de nouveaux emplois,  décréter un rabais de 50%  des prix des loyers et des médicaments, instituer le principe de  gratuité pour les services de santé et d’éducation, ainsi que d’interdire toute sorte de discrimination, ainsi que l’existence des plages privées, etc.… Réponse évidente : NON. 

Pourtant les mêmes qui nous avaient inculqué  la peur bleu du communisme, dénonçaient maintenant ces bonnes mesures de justice sociales comme communistes.  Le plus commun des cubain pouvait interpréter qu’on nous avait trompé. Et que ce soi-disant communisme n’était pas tellement mauvais. Si à ceci vous ajoutez  que  lorsque les États-unis ont coupé le quota de sucre cubain sur le marché américain pour provoquer la famine dans un pays pauvre qui dépendait dans ses recettes d’exportation du sucre,  les mauvais  communistes ont acquis tout le sucre que les USA ont laissé dans les entrepôts cubains : échec de l’opération famine-révolte.

Puis les USA coupent toute fourniture de pétrole et autres combustibles afin de paralyser l’industrie nationale, et même la production d’électricité. Voilà que les mauvais communistes envoient immédiatement un convoi de pétrole vers Cuba pour assurer le fonctionnement des industries.

C’est ainsi que les États-unis sont devenue les meilleurs propagandistes des bienfaits du soi-disant communisme aux yeux des Cubains. Ce sont eux qui ont commencé à endoctriner le peuple vers des sympathies marxistes.

Ajoutez à ceci  que depuis les premiers mois de 1959  sous les directives du président Eisenhower et de la CIA, on a organisé une contre-révolution interne et les actes terroristes  sont devenus des faits quotidiens dans la vie des Cubains avec leur message de sang et de mort. Pire encore, comme une « épée de Damoclès·,  la menace d’invasion militaire américaine, soutenue par des mercenaires d’origine cubaine.

Ceci  est devenu une réalité imminente le 15 avril 1961, lors des bombardements des aéroports cubains pour détruire sur terre les avions capables de faire face à une attaque ennemie. 

Dans de telles conditions où la survie de la révolution était en jeu : la plus grande puissance militaire du monde attaquant un tout petit pays, pratiquement désarmé. To be or not to be that was the question. Quoi faire?

Le 16 avril 1961, lors des funérailles des victimes des raids aériens américains, vint le coup de maître de Fidel Castro : « proclamation du caractère socialiste de la révolution ». 

Quelles étaient les conséquences internationales et nationales d’un tel acte ? Cuba n’était plus désormais seule. Cette décision obligeait le camp socialiste, les pays du bloc de l’Est, notamment l’URSS à montrer leur solidarité, à ne pas permettre la destruction  du nouvel allié. C’est seulement à ce moment qu’on pouvait donc parler de socialisme à Cuba comme d’une volonté idéologique et politique, bien qu’encore loin d’être une réalité économique.

Le courage des soldats et des miliciens cubains dans le camp de bataille, et le soutien international, surtout des pays membres du pacte de Varsovie, en plus de la solidarité militante de beaucoup des peuples ont évité que l’attaque de la Baie des Cochons ait eu comme suite l’invasion des marines américains.

 

QUESTION :   
Pourquoi une grande partie des Cubains veulent quitter Cuba vers les États-unis ? On sait qu’en cherchant à traverser le détroit de la Floride, il y aurait dû avoir des centaines de morts. Des cas comme celui de l’enfant Elian Gonzalez en sont une preuve.

RÉPONSE :

 Il faut tout d’abord placer le phénomène de l’émigration depuis Cuba vers La Floride dans son contexte historique.

Cette émigration n’est pas née avec la Révolution cubaine, mais avec la conquête de la Floride par l’Espagne en 1565. Depuis lors, un pont d’émigration a existé. Des espagnols qui voyaient Cuba sans richesse facile ont cru pouvoir les trouver en Floride avec la colonisation espagnole, et sont alors partis à la grande aventure vers le Nord.  Il faut ne jamais oublier que La Floride Occidentale étaient une possession espagnole, comme plus tard là été la Louisiane, jusqu’en 1803.

Cette situation a duré des siècles, jusqu’à l’indépendance des Treize Colonies, qui ensuite sont devenues “les États-unis d’Amérique”, et l’intégration postérieure de la Floride et la Louisiane à ce pays.

Cuba étant condamné par l’Espagne à la pauvreté économique, au sous-développement, et l’oppression coloniale, la nouvelle République née au Nord, terre d’immigration, a été un attrait naturel pour les créoles cubains, les voisins les plus proches, à part les Mexicains et les Canadiens. Ainsi, une nouvelle vague d’immigrants est partie depuis Cuba et a aidé au développement de La Floride et des villes comme Key West.

À celles-ci viendraient s’ajouter d’autres composantes. On ne doit pas oublier que l’aristocratie cubaine depuis l’époque coloniale envoyait ses enfants étudier aux États-Unis, à la recherche des progrès scientifiques et techniques, parmi autres raisons. 

Ce flux naturel a duré des siècles, avec les deux composantes sociologiques : émigrants économiques et émigrants politiques.

Et précisément, cette émigration aura trouvé dans la lutte pour l’indépendance de Cuba le plus précieux soutien, aussi bien pendant la Guerre des Dix Ans de 1868 à 1878, que pendant la Deuxième Guerre d’Indépendance de 1895 à 1898, organisée par José Marti. Et cette indépendance a justement été escamotée par les États-Unis, qui ont établi à Cuba, vu qu’ils ne pouvaient pas l’annexer, une pseudo-république, un protectorat.

Pendant la période du protectorat américain ou de la pseudo-république, la situation n’a pas changé. Une partie de la population se voyait coincé entre l’oppression politique par les régimes dictatoriaux et la pauvreté d’un pays sous-développé. Alors le Nord est demeuré la terre d’espérances pour améliorer les conditions de vie. Ainsi la plupart des émigrants cubains vers les États-Unis dans la décennie 1950-59 étaient des émigrants économiques, le reste, des émigrants politiques et un nombre plus petit des émigrants cherchant la réunification familiale. Sans négliger une fraction de la couche riche qui vivait dans les deux pays et plaçait son argent ou l’investissait aux États-Unis, où ils pouvaient obtenir plus de gain.

Et voilà le contexte où devra se développer les nouvelles vagues d’émigrants cubains vers les États-Unis à partir du 1er janvier 1959.

Le volet « Émigration » fort exploité par le gouvernement américain pour disqualifier internationalement la révolution cubaine n’a pas porté à courte échéance les résultats escomptés par les ennemis de Cuba. Mais son encouragement, à la recherche d’un monde meilleur du point de vue économique et de bien-être social, n’est pas loin de créer un problème humanitaire, par la séparation des familles, le dépaysement des gens et autres. Voyons plus de près cette émigration.


Suite 
QUESTION et suite

On entend souvent dire ou on le lit dans des médias occidentaux que les Cubains n’ont pas le droit de voyager et d’émigrer non plus, ce qui provoque l’émigration illégale où beaucoup meurent dans la mer. Pour sauver un peu la face devant un tel mensonge, on ajoute ensuite que ceux qui voyagent sont des sportifs pour des compétitions internationales, des artistes qui vont se produire à l’étranger, des coopérants et des diplomates. Le seul fait de milliers d’immigrants cubains au Canada, dément cette affirmation qui vise de donner l’image de Cuba comme une « immense prison ».

On sait pourtant qu’il y a des restrictions et des démarches bureaucratiques, des frais exagérés et autres qui limitent le droit des Cubains à la libre circulation, soit, le, droit de voyager à des fins touristiques ou d’émigration.
Pourriez-vous faire le point pour nous sur les droits d’immigration et de tourisme international pour les Cubains ?

RÉPONSE :


Le flot de migration de Cuba vers les États-unis a existé depuis presque 200 ans et ne fait que refléter la tendance générale mondiale de migrations à partir des pays pauvres vers les pays riches.

Tout d’abord, c’est faux que les Cubains n’aient pas le droit de voyager ou d’émigrer. Tout comme c’est faux que tous les Cubains qui voyagent sont ceux qui sont au service de l’État, diplomates, coopérants, artistes. Sportifs, stagiaires, fonctionnaires et autres qui voyageraient au service de l’État.

Au départ, il faut insérer la question de l’émigration dans un contexte mondial où les ressortissants des pays pauvres émigrent vers des pays riches pour améliorer leurs conditions de vie. Cuba n’est pas une exception. Mais on verra par étapes la question.

Ainsi par exemple des dizaines de milliers de Cubains se sont installés, au XIXème siècle, aux États-Unis et ont été le support de la première et de la deuxième guerre pour l’indépendance de Cuba. La plus part de ces immigrants cubains étaient des immigrants économiques. Ceci révèle un flux migratoire naturel vers les États-Unis plus d’un siècle avant le triomphe de la révolution cubaine.

Le flot de migration de Cuba vers les États-unis a existé depuis plus de 150 ans. Sachez que les guerres pour l’indépendance de Cuba au XIXème siècle, depuis celle de 1868, ont eu le concours des émigrés cubains établis à Key West, la Floride, New York et d’autres villes états-uniennes. Par ailleurs cette émigration s’inscrit dans la tendance générale mondiale de migrations à partir des pays pauvres vers les pays riches, sans passer dessus la migration à caractère politique à la recherche d’asile.

Mais l’émigration cubaine, à partir de 1959, revêt des caractéristiques particulières. À Cuba on a fort politisé, la question de cette émigration postérieure à 1959, avec le départ des gens liés, d’une manière ou une autre avec la dictature de Batista, et gens riches dont leurs intérêts économiques ont été frappés par les mesures révolutionnaires comme la Réforme Agraire, les nationalisations et autres.

À ce premier groupe est venu s’ajouter un autre qui avait peur du conflit avec les États-Unis ou qui rejetait l’option socialiste annoncée le 16 avril 1961. Beaucoup misaient sur ce que leur émigration serait temporaire car une invasion des États-Unis remettrait les choses en ordre et ils reviendraient du côté des vainqueurs. C’est pourquoi, il y en eu qui ont caché dans des faux murs et sous la terre, dans leurs maisons, de l’argent, des bijoux, des œuvres d’art, qu’ils s’attendaient à récupérer après l’invasion victorieuse états-unienne.

Côté population, la politisation de l’émigration, a fait que ces gens-là soient appelés « gusanos » (vers de la terre) et d’autres formules irrespectueuses pour la dignité humaine. Pour la population, quiconque partirait aux États-Unis, s’allier aux ennemis de la nation, était un être méprisable. Songez qu’en mars 1960, déjà la CIA avait ourdi un plan pour détruire la révolution où participeraient des émigrés cubains. Au fur et à mesure qu’ils arrivaient aux États-Unis, la CIA faisait un choix et ils étaient entraînés au terrorisme et aux actions militaires, comme on l’a vu avec l’invasion échouée de la Baie des Cochons en avril 1961. Avec de tels dangers serait-il raisonnable de permettre que ceux qui quittaient le pays aient le droit de retourner, et peut-être comme terroristes ou agents de la CIA ? L’empêcher était une question de sécurité nationale. En fait d’immigration, il serait plutôt question de « sortie définitive »

Pendant les premières années de la révolution, tous ceux qui souhaitaient quitter le pays, s’il recevaient des visas, pouvaient partir, exceptés de manière temporaire, ceux qui avaient des peines à purger, pour des délits de droit commun ou politique,  et ceux  qui devaient rendre à l’État des biens détournés.

Côté État, on donnait toutes les facilités pour qu’ils partent, parce que tout d’abord, la présence des personnes mécontentes dans le pays pouvaient nourrir les rangs de la contre-révolution,  et ensuite, s’ils partaient avec leur famille, ils laisseraient un logement qui, saisi, devenait propriété sociale et pouvait être utilisé au service de l’éducation, de la culture ou pour améliorer les conditions de logement d’une famille mal logée. Ceci était facilité par le fait que l’option qu’on donnait à ces personnes était celle d’émigration définitive, alors elles ne pouvaient pas garder des propriétés dans le pays.

Et c’est ici que la politisation de la notion «émigration» mène l’État cubain à un conflit juridique avec l’un des piliers fondamentaux des sociétés précédentes : le droit de « propriété » et connexes.

 En effet, une fois qu’une personne et sa famille présentent les documents avec la demande de partir définitivement du pays, ils n’ont pas de droit sur leurs propriétés, ils ne peuvent pas les vendre ou les céder en héritage à des tiers, car on fera un inventaire des propriétés, lesquelles passeront à l’État aussitôt qu’ils auraient quitté le pays. Seulement, au cas où des membres de la famille logeant la même maison ne quitteraient pas le pays, la confiscation serait évitée.

Et autour de cette question, voilà l’une des revendications permanentes de l’émigration cubaine aux États-Unis : la récupération de leurs biens confisqués. 

De toute évidence, il s’agit là de deux violations de droit : le droit de propriété et le droit de citoyenneté, de sortir et d’entrer dans son propre pays chaque fois qu’on le voudrait. Mais comme je vous ai signalé ces deux violations étaient justifiées par des raisons de « bien social » et de « sécurité nationale ».

La deuxième ne serait pas éternelle. En effet, lorsqu’il y a eu un gouvernement aux États-unis qui cherchait d’améliorer les relations avec Cuba –le gouvernement de Jimmy Carter--  les relations avec l’émigration  ont amélioré et l’on a organisé en 1978, avec des représentants de l’émigration cubaine dans plusieurs pays, la conférence « La Nation et l’Émigration ». Évidemment, les émigrés qui participèrent n’appartenaient pas à l’extrême droite cubaine, ils cherchaient une entente avec le gouvernement, pour la réunification des familles.

Suite à cette conférence, les émigrés ont pu venir rendre visite à leur familles, leur envoyer des mandats, inviter leur famille à séjourner avec eux dans les pays d’accueil. Et alors les cubains, en dehors de programmes étatiques de tourisme « sélectif » envers les pays dits socialistes, les Cubains ont récupéré leur droit de faire du tourisme.

Quelles ont été les conditions exigées par la Direction de l’Immigration du Gouvernement de Cuba, pour ces voyages touristiques, non seulement entre les familles mais, ensuite, étendus à visiter des amis ?

Pour les émigrés :
Payer un permis d’entrée pour 21 jours au pays, au consulat cubain du pays où ils sont installés.
Loger dans des installations touristiques mais sans la famille. Soit passer la journée en famille mais dormir dans un hôtel ou installation touristique.
Ne pas se livrer au prosélytisme politique.

Pour les résidents à Cuba :
Une lettre d’invitation officielle signée par un notaire et légalisée au consulat cubain.
Paiement du passeport .
Octroi d’un permis de sortie payable en devises étrangères.
Permis de visite pour un mois, prorogeable jusqu’à onze mois ; les mois supplémentaires devant être payés en devises étrangères également.

C’est un pas en avant mais il y a des reproches : toutes les démarches, pour les Cubains résidants à Cuba, sont payées en devises ; c’est une première nouveauté que le citoyen d’un pays doive payer un permis de voyage, de surcroît, renouvelable sous paiement chaque mois ; une deuxième nouveauté serait la légalisation double de la lettre d’invitation, par un notaire et par le consulat cubain.

Ça semblerait une bonne affaire économique et profitable pour Cuba. Mais il y a des raisons. La question en est que le service extérieur coûte cher à tous les pays. Cuba, bien que pauvre, s’est vue obligée d’avoir des sièges diplomatiques dans plus d’une centaine de pays, alors que des pays riches ne le font pas. Pour Cuba, c’était une nécessité d’avoir des contacts directs avec les autorités de beaucoup de pays pour faire face aux efforts d’isolement international dont elle été victime de la part des gouvernements des États-Unis. Des victoire diplomatiques, comme la cessation de la condamnation de Cuba dans la Commission de Droits de l’Homme, manipulée par les États-Unis, ou le fait que 188 pays votent contre le blocus dans l’Assemblée Générale des Nations Unies  sont le fruit de ce travail fait par nos agents diplomatiques.

La voie pour aider à colmater le budget de ces sièges diplomatiques, c’est la légalisation de documents consulaires. C’est une tentative d’explication non de justification.

Enfin, en reprenant l’objet de la question, c’est faux que les Cubains ne puisse émigrer ou voyager comme touristes. Pourtant, il y a des limitations. La plus objective, c’est que les Cubains ne reçoivent pas leur salaire en dollars ou euros ou une devise internationale quelconque, mais en peso national. Même s’ils ont la possibilité d’acheter ces dévisses en échangeant la monnaie nationale, combien d’années devrait-on travailler pour acheter 2 000 dollars ? C’est une limitation objective. C’est pourquoi,  un Cubain théoriquement ne peut pas voyager en touriste libre et il a besoin d’une lettre d’invitation où la personne qui invite doit dire qu’elle assumera toutes les dépenses  du voyage de l’invité depuis  le transport international jusqu’aux frais de séjour.  

Mais il y a encore d’autres limitations, à caractère administratif, qui empêchent seulement temporairement l’émigration d’un Cubain vers un pays quelconque :
Ceux qui détiennent de secrets militaires doivent attendre 5 ans.
Ceux qui détiennent de secrets d’État doivent attendre 5 ans.
Les jeunes qui n’ont pas fait leur service militaire doivent attendre 2 ans.
Les diplômés techniciens et universitaires qui n’ont pas fait le service social doivent attendre, au moins deux ans, car récemment pour les médecins, on a augmenté le délai d’attente.


Quelques années plus tard, lorsque sous le régime de l’éducation gratuite se sont diplômés des gens formés par la Révolution, on a institué le service social obligatoire de deux ans, comme une contribution à la société. Ces diplômés devaient attendre, pour émigrer, l’accomplissement de leurs devoirs. Et encore, on a ajouté une autre catégorie des gens avec des limitations temporaires pour émigrer, les jeunes qui n’avaient pas fait de services militaires.

  



QUESTION : Alain Villeneuve, étudiant  de CEGEP    zv..   

Les États-unis accusent Cuba de terrorisme, Cuba accuse les États-Unis  de terrorisme. Quelle est la vérité dans cette accusation mutuelle?

RÉPONSE :

Depuis le premier janvier 1959, il n’y a jamais eu, sur le territoire des États-unis ou dans leurs eaux territoriales et juridictionnelles, un attentat terroriste, un meurtre, un incendie, une explosion, une attaque aux mitrailleuses contre la population civile ou militaire. Il n’y a pas eu non plus d’introduction de virus contre les êtres humains ou la nature ;  aucun bateau n’a été détruit par une explosion, il n’y a pas eu de bombardement contre des plantations agricoles ou des usines, ou  lancement de virus  par voie aérienne, partis du territoire de Cuba, organisé, financé ou encouragé par Cuba. Rien.

En conséquence, Cuba n’a en aucun cas réalisé une quelconque activité terroriste contre le peuple des États-unis ni contre le territoire des États-unis, ni contre les installations économiques et sociales des États-unis. Alors, on ne peut pas accuser Cuba de terroriste.

Pourtant, toutes ces actions ci-dessus mentionnées, ont été réalisées contre le peuple de Cuba, contre le territoire de Cuba et même contre des fonctionnaires de Cuba en  territoire étranger, par le gouvernement des États-unis, par la CIA, par les groupes terroristes organisés et financés par la CIA et par le gouvernement des États-unis à travers d’autres institutions de gouvernement.

Et pire encore, aucun avion civil américain n’a explosé en plein vol tuant des dizaines de personnes, victime d’un acte de terrorisme financé par Cuba. Pourtant, un avion cubain civil a été détruit en plein vol, en 1976,  provoquant la mort de 73 personnes victimes d’un acte de terrorisme financé avec de l’argent des contribuables américains, avec des explosifs américains et avec pleine connaissance du NSA et de la CIA, qui auraient pu éviter ce massacre.

Qui est alors le pays terroriste: Cuba ou les États-unis ?

Et encore, ici à Cuba,  nous ne donnons pas protection et salaire à aucun terroriste.

Pourtant, les États-unis ont sous leur protection à Miami, par exemple,  les commanditaires  de la destruction en plein vol de l’avion cubains, Orlando Bosch et Luis Posada Carriles. Et avec eux, des centaines de terroristes d’origine cubaine, dont  Felix Rodríguez Mendigutia, l’officier CIA qui, suivant les directives supérieures, a ordonné  et a participé au meurtre de Che Guevara.

Qui protège donc les terroristes ?

Mais pour avoir une vision plus exacte de l’origine du terrorisme du gouvernement des États-unis contre Cuba, voyons :

L’ancien officier de la CIA, Philip Agee, note que le cas Cuba a été l’objet d’analyse dans une réunion de Conseil National de Sécurité (NSA) avec la présence, parmi d’autres, du président Dwight Eisenhower, du Secrétaire d’État, Christian Herter, du vice-président Richard Nixon, du directeur de la CIA,  Allen Dulles,   du Secrétaire Assistant à la Défense,  John N. Irwing, du Secrétaire du Trésor  Robert B. Anderson, de l’Amiral de l’État-major  conjoint Arleigh Burke et d’autres hauts responsables  du gouvernement et de ses institutions armées et des services d’intelligence. Cette réunion, tenue à une date si prématurée comme le 11 mars 1959, et qui est enregistré dans le mémorandum de la réunion tenue à cette date, témoignant déjà l’intention du gouvernement des États-unis de renverser Castro.

Tout d’abord, il faut remarquer que la plupart des informations ci-dessous, sont tirées des documents déclassifiés par les « Archives de Sécurité Nationale  de l’Université Georges Washington ». En l’occurrence, pour les débuts des activités anti-cubaines de la CIA, on prend comme texte d’appui le rapport du haut fonctionnaire inspecteur général de la CIA, Lyman Kirkpatrick, au moins pour la période entre le triomphe de la révolution et les événements de la Baie de Cochons.

Selon Kirkpatrick, en août 1959, la CIA présenta un projet au président Dwight Eisenhower lui suggérant de créer une capacité paramilitaire apte pour être utilisé dans n’importe quelle crise en Amérique Latine.  Un mois plus tard, l’Agence était en train de recueillir des informations de la région, surtout sur Cuba. Et  en décembre, il y avait déjà un plan pour recruter des exilés cubains pour en faire des instructeurs paramilitaires qui formeraient d’autres compatriotes qui « seraient introduits clandestinement à Cuba afin de pourvoir d’un leadership les dissidents anticastristes ». Voilà le début officiel des activités de la CIA contre la révolution cubaine au pouvoir : «A Programme of Covert Actions Against the Castro Regime ».   Ce document  vous pouvez l’obtenir par Internet au site  www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB269/index.htm

Pas plus tard que le 18 janvier 1960, la CIA avait déjà installé  une nouvelle section pour  s’occuper de Cuba, la WH-A ou Branche 4  au sein de la division CIA pour l’Hémisphère Occidental. Cette section grandira énormément après la défaite de la Baie des Cochons  et aura le cryptonyme  JM/WAVE.
  
Passant outre des actions isolées, ce n’est que le l7 mars 1960 que le président Dwight Eisenhower approuva  le  projet présenté par  la CIA « A Program of Covert Action Against the Castro Regime ». Ce fut  seulement à 13 jours de la destruction du bateau français  « La Coubre », au Port de La Havane, un acte terroriste où la CIA, pour la satisfaction d’Eisenhower, a montré son efficacité et sa décision de détruire la révolution cubaine.

Le plan en question comportait les tâches suivantes :

« Formation d’une organisations d’exilés cubains  pour attirer des adeptes         cubains, dirigés des activités d’opposition et pourvoir d’une couverture les         opérations de l’agence ;
Une offensive de propagande au nom de l’opposition ;
Création à l’intérieur de Cuba  d’un appareil clandestin destiné à recruter des agents (et à agir) et responsable devant la direction de l’organisation de l’exil.
Développer, hors de Cuba, une petite force paramilitaire devant être     introduite à Cuba pour organiser, entraîner et diriger les groupes de résistance ».

Dorénavant, Cuba sera la cible d’un terrorisme d’état qui s’est prolongé pendant plus de quatre décennies.

Des documents déclassifiés révèlent qu’entre le 28 septembre 1960 et avril 1961 la CIA a introduit à Cuba par voie clandestine aérienne 75 tonnes d’armement et d’explosifs et 46, 5 tonnes par voie maritime.

D’après Jack Hawkins, un haut fonctionnaire de la CIA,  pendant cette période, il y a eu 110 attentats terroristes à la dynamite,  on a fait exploser 200 bombes, on a fait dérailler 6 trains, on a provoqué plus de 150 incendies dans de grands objectifs étatiques et privés, dont 21 logements et on a incendié 800 plantations de canne à sucre.

Quelques 300 bandes armées contre-révolutionnaires avec quelques 4000 hommes entre 1959 et l965 se sont livrées à des actions terroristes, depuis la destruction d’objectifs économiques, des écoles, des plantations agricoles, des moyens de transport, jusqu’aux meurtres d’instituteurs, des paysans, de chef de coopératives :   549 personnes sont mortes victimes de ces actions.

Depuis peu, après le triomphe même de la Révolution Cuba a commencé à être victime des attaques terroristes, soit avec la complicité, soit organisés et financés par le gouvernement des États-Unis. Ces actes de terrorisme ont coûté la vie de 3478 personnes et 2099 d’autres ont été blessées.

Et contre le président Fidel CASTRO, on a organisé 637 tentatives d’attentats.

Le terrorisme sous forme de guerre  bactériologique a coûté la vie à 158 personnes, dont 101 enfants (lorsqu’on a introduit le virus de la dengue hémorragique en 1981);  51 avions cubains, dont le premier, le 16 avril 1959, ont étés détournés par des terroristes  vers les États-Unis, la plupart des appareils n’ont pas étés retournés aux autorités cubaines;

Le coup d’envoi officiel du commencement du terrorisme d’état américain contre la révolution cubaine a commencé par la signature, le 17 mars 1960, du programme de guerre  par Allen Dulles, directeur de la CIA, et le président Dwight  Eisenhower.

Mais depuis 1959, ce terrorisme avait déjà commencé: on avait bombardé des sucreries, la ville de La Havane en octobre 1959, des plantations de canne à sucre. Et un grand acte de terrorisme de la CIA avant la signature de ce document :   le 4 mars 1960, la CIA a fait exploser le bateau français La Coubre au port de La Havane; 101 personnes sont décédées, dont 5 membres de l’équipage de ça bateau français.

À partir de là, Cuba aura été la victime d’actes de terrorisme jusqu’à la vague d’explosions qui ont secoué en 1997  des installations touristiques de La Havane, pour ne pas mentionner d’autres actions postérieures, comme la tentative d’attentat contre Fidel Castro au Panama en 2000, dont les auteurs sont en pleine liberté se promenant dans les rues de Miami.


QUESTION :

Pourquoi Cuba est un ennemi des États-unis si ce pays-là lui a permis d’atteindre son indépendance ?

RÉPONSE :
Zv..19 février 2011 12:01

Il faudrait plutôt inverser la question !
Pourquoi les États-unis sont l’ennemi de Cuba si ce pays lui a aidé à atteindre leur indépendance ?  Ne souriez pas, ce n’est pas un drôle d’exagération sans aucun fondement historique, même s’il faut se garder un peu de distance.

Sans aucun opportunisme, car elle était aussi une colonie et tout ce qu’on a fait c’était sous le drapeau de l’Espagne, nous pouvons affirmer que Cuba a aidé les États-unis à  gagner  leur indépendance.

Pour l’Espagne et la France, la meilleure manière d’affaiblir leur rival anglais, après la « Guerre de Sept Ans »,  était d’encourager la lutte des patriotes de l’Amérique du Nord (on dirait qu’ils ont oublié les patriotes du Québec, que ce soit dit en passant).

Toute de suite après le déclenchement de la lutte, l’Espagne a envoyé comme agent en Amérique du Nord, avec la façade d’agent de la firme commerciale espagnole « Aguirre, Arostegui y Compañia »,  le commerçant, expert en contrebande et autres activités liés au monde du commerce Juan de Miralles Trailhon  avec l’ordre de contacter  les membres du Congrès Continental et George Washington lui-même pour évaluer la situation, les nécessités et les possibilités d’offrir de l’aide, ainsi que pour coordonner l’aide aux rebelles avec les autorités pertinentes.

Cette aide a été déterminante pour la victoire de Georges Washington. Seulement que des politiciens et des historiens passent dessus avec une telle vitesse qu’ils ne font qu’une exclusive et succincte mention au Marquis de Lafayette et à la « Statue de la Liberté ». Parfois, ils mentionnent Rochambeau ou De Grasse, mais seulement comme des reliques de la solidarité reçue lors de la guerre pour l’indépendance. De l’Espagne et de Cuba, en particulier, on n’en parle jamais. Pourtant…!

Pourtant, les patriotes dirigés par Washington ont trouvé une arrière-garde logistique sûre  dans l’île de Cuba, la « Clé du Golfe ». La Havane et son port, le plus important de l’Espagne dans la région, ont été mis au service du ravitaillement en victuailles, en armes et munitions,  en médicaments,  pour ces patriotes, et encore pour la réparation et l’armement  des bateaux des rebelles.

À la Havane, on a installé un «Arsenal de la démocratie » destiné à pourvoir en armement les rebelles et leurs bateaux. Ici furent réparés, ravitaillés et armés les bateaux « Medley », « Caroline » et autres de l’escadre du Commodore Alexander  Gullon

Mais encore il faut préciser que La Havane est devenue aussi le centre financier et commercial de la guerre.

Les relations établies entre Juan de Miralles, agent commercial du Capitaine général de Cuba et  Robert Morris, capitaine du port de Philadelphie et commerçant négrier, mais qui est devenu  le « financier de la révolution » ont assuré un flux commerciale entre le port de La Havane et celui de Philadelphie mais ensuite, ont assuré  que l’arsenal de La Havane ait ses portes ouvertes aux patriotes du nord et que le port et les chantiers maritimes de la Havane  soient à la disposition de ceux-là pour la réparation et pour armer les navires;  c’est par ce biais que le général Oliver Pollock, de New Orléans, s’est ravitaillé en armes pour ses combattants, ainsi que les armes envoyées à la Louisiane (Bernardo de Galvez, gouverneur). Pollock avait été un agent de l’équipe de Robert Morris et Robert Smith, comme agent des Treize colonies pour des affaires commerciales, voir la contrebande, il a été victime d’expulsion dénoncé par la jalousie des commerçants péninsulaires…

Le port de La Havane est donc devenu l’escale nécessaire de tout ravitaillement ou toute aide en provenance de La France et de l’Espagne, ennemies de l’Angleterre et solidaires avec les patriotes.

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Juan de Miralles, commerçant hispano-français résident et marié à Cuba, à une dame havanaise, dans sa qualité de commerçant et trafiquant a été très lié à la lutte des Treize colonies ; il était en bons rapports avec Robert Morris, le financier de la  révolution, et il est devenu ami de George Washington.… Il meurt le 28 avril 1780  dans la résidence de George Washington, à Morristown, New Jersey,  soigné par le médecin de ce dernier. Il reçut  des honneurs propres d’un héros, par la présence de Washington et de son épouse, ainsi que du futur président John Adams et autres personnalités états-uniennes.

Lorsqu’on parle des personnalités qui ont aidé les patriotes états-uniens pour l’indépendance, on parle  du  Marquis de La Fayette, du maréchal Rochambeau (le comte Jean-Baptiste de Vymeur), du comte l’amiral François Joseph Paul De Grasse. On ne  parle pas des Espagnols   Miralles, Cajigal (Cubains), Miranda (Vénézuélien).  Mépris pour l’Espagne.


PARTICIPATION MILITAIRE CRÉOLE (CUBAINE)  DANS LA GUERRE
                 POUR L’INDÉPENDANCE DES TREIZE COLONIES


Découverte, en 1779, par les autorités anglaises, l’aide active de l’Espagne aux rebelles provoqua la rupture immédiate des relations diplomatiques . Le roi d’Espagne autorisa, le 21 juin 1779,  de rompre les hostilités.

Alors, rendue publique la participation de l’Espagne dans le conflit, et reconnue par elle publiquement,  la belligérance du Congrès Continental et des troupes de Georges Washington, La Havane deviendra le centre financier  et logistique de la guerre.

La participation de l’Espagne au secours des patriotes provoque la rupture des relations par la Grande Bretagne en 1779. Peu après, le 27 août 1779, le général Bernardo Galvez s’est lancé contre  les Florides, comptant avec les services de  l’amiral Juan Manuel Étant y Monserrate et le commandant Francisco de Miranda. Sur 667 hommes,  160 étaient des Havanais. Cette attaque attira (en détournant) des troupes que l’Angleterre aurait pu lancer contre Georges Washington.

Le 7 septembre, victoire espagnole à la bataille de Manchac ; le 29 septembre victoire à Panmure  et le 12 février à Bâton Rouge (Louisiane).  Galvez et Étant nettoient ainsi d’Anglais le bassin du Mississippi, ce qui soulageait les patriotes rebelles. Puis ce fut la reconquête des Florides, où a joué un rôle important la bataille de Pensacola,  pour laquelle on a dû utiliser des renforts de 3 239 effectifs, dont 2 760 hommes venus de la garnison de « Veteranos de La Habana ». Puis d’autres renforts sont venus avec le général santiaguais (né à Santiago de Cuba)  Juan Manuel Étant,  1600 effectifs, dont 640 Havanais. L’expédition partie en mars 1781et en avril, ce fut le  siège de la ville puis, en mai, elle était déjà conquise. Cette  bataille a couvert de gloire en plus du général  Étant, let colonel Francisco de Miranda, et le Marquis de «Amarillas ». 

 Il y eut aussi la bataille et l’occupation de Mobile, importante victoire  hispanique. Puis il y a eu la prise de Nassau aux Bahamas, ce qui a fermé une voie d’accès aux anglais, en plus d’avoir nettoyé d’Anglais  le Bassin du Mississippi, ce qui assurait la voie fluviale libre  pour les patriotes et leur logistique.

La participation des ressortissants de Cuba dans ces batailles est notable. C’étaient des gens du pays groupés dans les « Batallones de Pardos y Morenos », « Regimiento de Fijos de La Habana », « Milicias de La Habana », « et autres de La Habana ».

La coopération avec les rebelles des Treize Colonies avait déjà gagné la sympathie même de la population.

Pour avoir une idée minimale de cette double participation (Espagne et Cuba).

En 1780, suite à des difficultés économiques, le Congrès Continental a envoyé  John Jay à Madrid pour demander de l’aide économique. Madrid n’a pas pu lui apporter tout ce qu’on demandait et on lui a conseillé de faire des démarches à  La Havane. Alors, le commerçant Juan de croître Trailhon, collaborateur du  gouverneur de l’île, a fait des démarches  dans son monde et il réunit des armes et un demi-million de pesos or.  Et ce n’était pas la première fois. Car entre Croître et Robert Morris, considéré « le financier de la  révolution » on a consenti plusieurs emprunts pour la révolution dont l’un ou l’autre se portait garant auprès des commerçants qui offraient l’argent pour acquérir des marchandises, des victuailles, et autres besoins.

A ceci, ajoutez le fait que 2 000 soldats anglais ont été fait prisonniers et envoyés à La Havane, des forces assez nombreuses qui auraient pu aider décisivement Cornwallis, Clinton et d’autres chefs militaires impliqués dans la bataille décisive.  Enfin, la distraction des forces militaires britanniques par les actions entreprises par l’Espagne (Cuba incluse) a été décisive du point de vue militaire dans la mesure où ces forces n’ont pas pu venir au secours  de Cornwallis et Clinton. Ce sont des milliers  d’effectifs qui n’ont pas pu participer aux combats dans le front principal.

Du point de vue exclusivement militaire, la participation espagnole (et cubaine) à la victoire  de Yorktown aura été déterminante.

VOIR  Cornwallis et Clinton       GEORGES III, roi d’Angleterre.  Mobile (Alabama)    


GEORGES WASHINGTON ET LES ENNUIS ÉCONOMIQUES


Peut-être l’un des faits les plus mémorables du rôle joué par Cuba dans l’indépendance des «Treize Colonies» a été la manière dont Georges Washington aura reçu le secours cubain alors qu’il était resté sans ressources économiques pour continuer la guerre, alors qu’ils assiégeait Yorktown. Des démarches faites en France auprès de Louis XVI se sont avérées  nul.

Le gouverneur Juan Manuel Cajigal a envoyé son homme de confiance, Juan de croître Trailhon contacter G. Washington sur place pour connaître ses besoins et préparer les conditions pour la réception de l’aide indispensable,  tandis que le Vénézuélien Francisco de Miranda, se chargerait  du problème de la collecte de fonds. Au retour de Croître, une quête publique de fonds  avait été faite par Miranda dans  la ville de La Havane, laquelle  a versé un quota provenant des fonds coloniaux, des commerçants et des artisans.

Et même les dames de la ville ont apporté une partie des leurs bijoux pour secourir financièrement la guerre d’indépendance des Treize Colonies. Le montant, près de deux millions de pesos, une véritable fortune pour l’époque, a été  délivré par le célèbre Francisco de Miranda et reçue par Claude-Henry de Saint-Simon, un officier français solidaire (de même que Lafayette),  de la lutte pour l’indépendance des Treize Colonies, Il sera plus tard un très important écrivain et philosophe de l’utopisme socialiste.

 En mai 1781, Georges Washington et le maréchal Rochambeau imposèrent le siège de Yorktown. Mais la situation était difficile :  l’état d’esprit et le moral de  l’armée de Washington étaient fort bas pour la bataille imminente.  Il y avait beaucoup de désertions et même, on craignait des mutineries possibles. Au manque de ravitaillement en vêtements, victuailles et armements venait s’ajouter l’absence de solde depuis plusieurs mois pour payer le salaire des soldats. On était au bord de la catastrophe. Les Français  de Rochambeau,  à leur tour, étaient coincés par l’armée du général britannique Charles Cornwallis et ne pouvaient donc pas venir secourir Washington et de son armée. Lafayette lui, il était pris en Virginie.

Le 16 juillet 1781, une flotte de 23 frégates de la marine française, sous le commandement  de l’Amirale De Grasse, s’est ancrée à Cap Haïtien, en Haïti, afin de neutraliser la flotte anglaise, venant au secours des Anglais qui luttaient contre les patriotes en Amérique du Nord. En arrivant, De Grasse reçoit trois lettres du maréchal Rochambeau, datées du mois de juin. Dans la première, il lui demandait des renforts pour l’armée de Washington.  De Grasse recrutera 3 000 volontaires haïtiens qu’il a mis sous les ordres du jeune officier de 21 ans Claude Henry de Saint-Simon.

Dans la deuxième, il lui expose la terrible situation économique de Washington et de son armée, situation que le financier de la révolution, Robert Morris, n’avait pu résoudre ; il n’y avait plus d’argent pour payer le salaire des  soldats de Washington depuis quelques mois ; ils se mutinaient et désertaient. Il n’y avait non plus de l’argent pour pourvoir cette armée des victuailles indispensables. Le maréchal Rochambeau demandait en urgence  1 200 000 livres sterling pour couvrir ces besoins et être en mesure de vaincre  lors de la prochaine bataille de Yorktown.

Voyons un extrait de la troisième lettre :
    […] « Je ne dois pas vous cacher, Monsieur, que les Nord-américains sont        à bout de souffle dans ses ressources, que Washington n’a pas ni la moitié         des forces  qu’il  croit posséder, et qu’à mon avis, même s’il reste silencieux        à ce sujet, il n’a pas 6 000 hommes, ni Monsieur de Lafayette réunit non plus        1000 réguliers avec la milice pour défendre la Virginie ».

Pour sa part, Washington écrivit à son financier Morris :
[…]« Je dois vous demander avec urgence, s’il est possible, de me procurer        en espèce le salaire d’un mois pour le détachement  sous mes ordres. Une     partie des troupes n’a pas reçu de salaire depuis longtemps, et à  plusieurs     reprises, ils ont montré des signes d’un grand mécontentement…[…] Je n’ai        pas des doutes sur ce que la douceur d’un peu de monnaie dure leur rendra        le caractère approprié. Si on ne pouvait pas  obtenir la quantité totale, au         moins une partie d’elle serait mieux que rien ».

Et à Morris de lui répondre :   
    […] «  Je vous ai informé, Excellence, sur la triste situation en fait        d’argent. Et je m’en doute  beaucoup que ce soit possible de payer,         comme vous voulez, un mois de salaire à votre détachement. Pour            autant, je pense qu’il sera mieux toujours ne pas créer de fausses            expectatives en ce sens »

L’amiral De Grasse a réussi à recruter des hommes et de l’armement mais il n’a pas pu trouver de  l’argent, ni en France, ni en Haïti, ni à Saint-Domingue. Chez les  Dominicains, où  le Marquis de Salavedra, chargé espagnol des douanes et des finances, s’en est excusé, mais lui a conseillé d’exposer la situation aux autorités de La Havane et de contacter  dans cette ville le gouverneur Juan Manuel Cajigal. Mais à Cuba, on était déjà au courant de la situation à travers le duo Croître Robert Morris. Pourtant Croître avait été dépêché par le gouverneur pour connaître la réalité de la situation et Cajigal a chargé le Commandant  Francisco de Miranda, un vénézuélien très habileen fait de commerce et de finances et  avec beaucoup de contacts aux plus hauts niveaux, pour se procurer l’argent.

Dans une telle situation, il a demandé de l’aide à La France à travers Rochambeau : celle-ci  passa la balle à l’Espagne. Le Maréchal Rochambeau écrivit à l’amiral De Grasse, alors en Haïti, en lui exposant la grave situation. Ce dernier a dépêché vers La Havane  un émissaire. Et le grave problème que Washington affrontait  avec son armée a été résolu grâce à La Havane. Ci-dessous,  on vous en donne les détails.

Le général Juan Miguel Cajigal y Monserrate, le gouverneur a chargé Juan de croître Trailhon pour aller voir George Washington et  connaître sa réelle situation . À son retour, il fait le compte rendu dramatique de la situation et  transmet une demande de plus d’un million de pesos pour sauver la situation. Le gouverneur Cajigal a chargé Francisco de Miranda, le patriote vénézuélien qui plus tard participera à la Révolution Française et puis sera le précurseur des indépendances hispano-américaines, pour  faire les démarches nécessaires afin de trouver cet argent.

Miranda a mobilisé des fonds de l’état et puis  a commencé une collecte publique parmi la population de La Havane, et même les dames de la haute société ont donné une partie importante de leurs bijoux pour réunir la somme demandée par Washington.

Plus de 1 800 000 pesos ont été réunis.  Miranda a contacté Claude Henry de Rouvroy, connu comme le comte de Saint-Simon, philosophe qui  sera très connu par ses idées utopistes. Ce dernier arrivera à La Havane le 5 août 1781 à bord de la frégate « Aigrette », et 5 jours  plus tard, il repart avec l’argent livré par  Francisco de Miranda au nom du gouvernement et des habitants de La Havane. Le 14 août,  il rejoint au large, face aux côtes de Varadero, la flotte commandée  par De Grasse.  Le 25 août, Washington recevait  l’argent nécessaire pour poursuivre la guerre et ainsi vaincre.  

Maintenant, et grâce à l’action de la flotte française en mer et les actions de Galvez et Cajigal, les Anglais ne pouvaient plus recevoir de renforts. Et encore, Georges   Washington et Rochambeau ont reçu les appuis des Haïtiens recrutés par De Grasse et  des Cubains,  dont les  Bataillons de « Pardos et les Bataillons de Morenos » de La Havane.  Parmi les combattants se trouvait José Antonio Aponte, un noir qui, inspiré des idées d’indépendance reçues dans la lutte aux côtés des patriotes des Treize Colonies, a pris la tête d’une conspiration contre le colonialisme espagnol et a été exécuté en 1812. 

Alors le général Charles Cornwallis a dû se battre seul et il a été vaincu à Yorktown. Le 31 octobre 1781 se produisit la capitulation. Oui, il y aura des combats résiduels. Galvez et Miranda continueront à participer aux combats, ainsi que les  bataillons de « Pardos y les  bataillons de Morenos » jusqu’à ce que se produisit la capitulation générale de la Grande Bretagne et la signature du « Traité de Paris » le 5 septembre 1783.

En ce sens, on ne devrait jamais oublier les prédictions  faites par le Comte de Aranda, le diplomate espagnol ayant participé au Traité de Paris pour la signature du document octroyant l’Indépendance des Treize colonies. Dans son rapport au roi d’Espagne, il  écrivit :

    […]«Je viens d’ajuster et signer un traité de paix avec l’Angleterre;             dans ce traité  a été reconnue l’indépendance des colonies anglaises (...)

[…] « Cette République fédérative est née, disons-le, pygmée, parce         qu’elle a été  formée  et a reçu l’être, de deux puissances puissantes             l’Espagne et la France,  en la secourant  avec leurs forces pour qu’elle            puisse devenir indépendante. 
     […]  Demain elle sera géante, dans la mesure où elle finisse sa constitution          et après elle deviendra un colosse irrésistible dans ces régions-là   […] et elle         ne pensera plus qu’à son agrandissement. Agrandie cette puissance anglo-    américaine, nous devons croire que ses premières visées seront portées sur la        possession des Florides pour dominer ensuite le sein mexicain. Une fois         accompli ce pas […]  elle aura l’aspiration de la conquête de ce vaste empire»

    […]  Ceci, Monsieur, ne signifie pas des craintes vaines, mais un pronostic          véritable sur ce qui va se passer infailliblement d’ici quelques années,, s’il        n’y a pas avant un trouble plus grand dans les Amériques ». ARANDA, (Saco 324-325)

En effet, l’ancienne colonie anglaise, toute de suite après avoir arraché son indépendance à la Grande Bretagne, a commencé à montrer une voracité très curieuse, une maladie génétique – la voracité territoriale- qui désormais s’installerait à jamais dans la tête de ses politiciens au plus haut niveau : la présidence même de la nation américaine.

Pour ceux qui croyaient à une certaine mémoire historique immédiate, de la part des autorités des anciennes Treize Colonies, ce fut frustrant de voir « le chien mordre la main de celui qui lui quoi  donné à manger ». Le premier conflit opposant l’Angleterre et  la France et provoquant un blocus commercial qui  portait atteinte aux intérêts égoïstes de la jeune nation, ont fait oublier l’aide décisive de La France à l’indépendance des Treize colonies, et l’ont mise au bord de la guerre contre celle-ci, exemple sans pareil de la  loyauté des  gouvernements  états-uniens envers ses alliés.

C’est inconcevable que quelques années aient suffi pour oublier le sang français versé au nom cette indépendance ingrate.

La France a dû ensuite subir d’autres frustrations, elle a même failli entrer en guerre  avec les États-Unis pour la possession de la Louisiane. Des circonstances internationales  particulières obligèrent Napoléon Bonaparte de se désister de la reconstitution de l’empire colonial français dans l’Amérique du Nord, et il a cédé la Louisiane aux États-Unis malgré  la volonté contraire de l’Espagne. Et l’on a ainsi évité une guerre qu’encourageait  Thomas Jefferson, le président aux visées les plus expansionnistes de l’histoire américaine.

Mais cette ingratitude américaine ne sera pas exclusive par rapport à la France, qu’on rappelle au moins  lorsqu’on voit la Statue de la Liberté et qu’on mentionne les grands militaires français qui ont lutté `pour l’indépendance des États-unis. Mais en ce qui concerne l’Espagne. Le silence  était absolu, et reste encore absolu.

Évidemment, on n’allait pas louer la solidarité de celui qu’on va prendre comme victime. Cela aurait été un affront aux yeux  des simples citoyens américains. C’est pourquoi,  il fallait faire oublier l’Espagne dans l’histoire américaine. Et faire oublier Cuba, qu’on devrait dévorer.

On ne peut pas penser à un oubli involontaire des historiens et des politiciens, lorsqu’un 4 juillet, on fête l’anniversaire de l’indépendance, et on ne mentionne pas  la dette de cette  indépendance due aux autres peuples. Pour l’orgueil américain, pour l’arrogance d’une grande puissance appelée à jouer  un rôle messianique dans le monde,  c’en serait  trop  de divulguer qu’à l’époque où elle n’était qu’une colonie, elle a dû recevoir pour  gagner l’indépendance, l’aide de peuples qu’ensuite, devenue une puissance,  elle allait agresser : soit l’Espagne et Cuba. Pour ne pas parler des ingratitudes envers la France.


 Alors, donc, qui doit à qui ? Qui a aidé qui ?

Zv..

QUESTION :

Pierre du Bois, professeur du Secondaire.

En visitant la ville de Cienfuegos, nous y sommes arrivés vers 10 heures,  j’ai remarqué qu’il n’y avait nombre  d’enfants  dans la rue, et en passant face à une école, on entendait un brouhaha et je me suis approché de la grande porte de la cour et c’était presque une centaine d’enfants très gais, habillés tous pareils, qui jouissaient de leur récréation. Et j’ai vu leur pauvre collation, rien de comparable à ce qu’on voit dans nos écoles. Et certaines  questions me sont venues à l’esprit. Puis de retour à La Havane, lors d’une journée de congé, je me promenais vers 17 heures par un quartier et j’ai vu des  filles écolières habillées en robes longues, noires, entrer dans une belle maison mais peu peinturée . On entendait des airs de musique espagnole. Évidemment, c’étaient des élèves de danse espagnole. Un détail, aussi bien ceux de Cienfuegos que ceux de La Havane me semblaient en très bonne santé et surtout, très contents. Comme je vous l’ai dit, des questions m’étaient venues à l’esprit. Comment ça se passe avec l’enfance à Cuba, l’éducation, la santé? L’école de danse est-elle gratuite ou ce sont-ils des cours privés ?  .

RÉPONSE :

Même si vous tous le savez, avant même être venus  à Cuba, je tiens à répéter que l’enseignement à Cuba, pour tous les niveaux, depuis l’enseignement primaire jusqu’à l’université, et pour tous les enseignements spéciaux, comme ceux artistiques (musique, chant, danse, arts plastiques) sont gratuits.

Puis abordons votre commentaire, et vos questions.

Tout d’abord, comme vous le savez, la révolution  cubaine est inspirée des idées de José Marti, apôtre de notre indépendance, héros national de Cuba.  Justement, José Marti avait écrit :  « Los niños son la esperanza del Mundo » (Les enfants sont l’espérance du monde.). C’est l’une des raisons pour lesquels les enfants sont au centre des préoccupations de la société cubaine. 

Pour que vous ayez une idée sur les efforts que la révolution a dû consentir pour réaliser le rêve de José Marti d’avoir  une enfance, saine, cultivée et heureuse, remarquez  que Cuba, malgré sa pauvreté,  a le taux de mortalité infantile le plus  bas des Amériques, excepté le Canada : 4,3 pour mille nés vivants. Ensuite, avant les deux ans de vie tout enfant doit avoir reçu 13 vaccins pour l’immuniser contre toutes les maladies contagieuses les plus communes. Cela explique, en partie leur bon état de santé.

L’enseignement est obligatoire à partir de 6 ans, c’est pourquoi vous ne  pourrez pas voir des enfants en âge scolaire en jouant ou en se promenant dans la rue. Le taux de scolarisation atteint 98,3%. Le restant 1,7%  ces sont des cas d’incapacité totale pour l’apprentissage.

Mais encore, pour des enfants handicapés qui ne peuvent adhérer à aucune école, on a institué un programme  appelé « Educa a tu hijo » (Éduque ton enfant) d’après lequel la mère de l’enfant est appelée à passer un stage pédagogique et des séminaires, sous l’orientation de pédagogues et de psychologues, afin de s’occuper de l’éducation de l’enfant en question, en fonction d’institutrice non pas de mère, car c’est une fonction sociale et elle reçoit un salaire pour ce travail.

Dans toutes les institutions d’enseignement travaillent des instructeurs d’art qui font un travail de promotion et découverte de la vocation chez les enfants. Ils font un travail d’initiation artistique et découvrent de potentiels talents. Les enfants apprennent à déclamer des poèmes, à chanter individuellement comme solistes ou en  chœur, apprennent la danse, le théâtre et d’autres activités artistiques de leur choix. Ceux qui montrent du talent ou un intérêt spécial révélant une vocation, sont recommandés pour des  écoles spéciales où tout en suivant l’enseignement général,  disposent de cours supplémentaires sur un art spécifique. D’autres vont à des écoles, en dehors de l’horaire scolaire, pour faire partie d’une troupe de théâtre ou de danse. Là encore, les cours sont gratuits, et les professeurs sont, en général bénévoles ( car ils travaillent le matin dans une école spécialisée). Le cas que vous avez mentionné des écolières en robe logue et noire, étudient la danse espagnole en dehors de l’horaire scolaire et elles ont une troupe de danse qui se produit dans des spectacles publics et dans des écoles pour des événements importants. Justement, de ces écoles de quartier sont nés des artistes professionnels aujourd’hui appréciés aussi bien à Cuba qu’à l’étranger.

Ça se passe de même pour les enfants qui montrent  une certaine vocation pour les sports. Ils sont découverts par les professeurs d’éducation physique et sont proposé pour l’École d’Initiation Sportive ; ils suivent le chemin des écoles spécialisées et peuvent devenir des champions olympiques.

Une autre composante importante de la formation de l’enfant pour son insertion dans la vie sociale et pour le développement de sa personnalité, c’est la participation dans l’Organisation de Pionniers José Marti, à laquelle appartiennent tous les enfants jusqu’en neuvième année de scolarisation. Ici les enfants apprennent des habitudes de vie  en collectivité, et la participation aux activités collectives. Ils participent à des réunions où ils doivent émettre des opinions, prendre des décisions, élire des candidats, voter pour un candidat, avoir des notions sur ce que c’est que la démocratie. Car les pionniers sont organisés jusqu’au niveau national  et  tiennent de congrès à chaque quatre ans, pour lesquels ils doivent élire des délégués au niveau d’école, de municipalité, de province et du national. Et remarquez que leurs opinions sont  importantes autant que leurs critiques car ces enfants ,dans un congrès, ont provoqué la démission d’importants fonctionnaires dans le pays liés aux activités des écoles. Les enfants ne mentent pas et s’ils apprennent à exercer leurs droits démocratiques, ils sont appelés à être des bons citoyens.

La confiance envers eux est  telle, qu’ils sont les gardiens des urnes lors des élections générales du pays. Dans d’autres pays se sont des policiers ou les forces armées ou des représentants des partis politiques ou d’autres gens.

Par ailleurs, la société dans son ensemble et toute la communauté, ainsi que les autorités, veillent à de qu’il n’y ait pas de violence familiale contre les enfants, ce qui constitue un délit ; et également, l’utilisation des enfants dans des travaux, soit l’exploitation infantile, ou les utiliser pour acheter des cigarettes ou de l’alcool  dans des établissements commerciaux.

À Cuba il n’y a pas d’enfants sans abri ; il n’y a pas d’enfants mendiants. Pourtant, ce n’est pas bizarre de rencontrer des enfants qui vous demandent des crayons ou de la gomme à mâcher, qu’ils appellent « chiclet » ; ou qui vous demandent des bonbons, qu’ils appellent  « caramelo» ; ce n’est pas fréquent qu’ils vous demandent de l’argent. Mais, dans un tel cas, attention ! Il se peut que ce soit envoyé par un adulte, car la société cubaine a des problèmes économiques, et il y a des gens qui faisant fi des valeurs où ils avaient été formés, deviennent des « chasse touristes » en corrompant un enfant. C’est un délit, punissable par la loi. Mais il y a de gens qui s’en foutent.


 QUESTION :

Mireille Poumier, professeur.

En revenant  aux enfants.  Il y a quelque chose qui m’a frappé, alors que je logeais dans une maison privée à la Vieille Havane. Depuis ma chambre, je voyais la cour de l’École. À huit heures tous les écoliers, tous en uniforme, étaient à une cérémonie: j’ai vu qu’ils se tenaient comme de soldats, qu’ils saluaient comme de soldats avec le pouce au front, et le drapeau national était hissé. Le lendemain  à 8 heures moins dix, j’étais près de la clôture pour voire de quoi s’agissait-il ?  Là j’ai appris que c’était le «Matutino », la cérémonie pour commencer la journée écolière, et on chantait l’hymne national et on criait le slogan « Seremos como el Che » (Nous serons comme CHE Guevara). Enfin, une fille de quelques dix ans a lu un texte avec des choses politiques, les enfants ont applaudi, et finit  le «Matutino ».  D’une manière ordonnée, disciplinée les enfants se sont retirés vers leurs salles de classe.
Qu’est-ce que c’est que cela ?  Est-ce qu’à cet âge les enfants comprennent les notions politiques ? Pédagogiquement et psychologiquement  parlant est-ce correct, on ne fait pas brûler  des étapes à l’enfant ? De quoi s’agit-il au juste ?

RÉPONSE :


Le «Matutino » fait partie de l’éducation patriotique des enfants. Ce n’est pas de l’éducation politique, à proprement parler,  mais de l’éducation patriotique comme partie intégrante de la formation aux valeurs. L’enfant, comme objectif final dans sa formation, lorsqu’il arrivera à la maturité, devra être un être humain riche  en valeurs, un bon fils, un bon frère, un bon ami, un bon citoyen, un  bon patriote.

Le cœur et l’esprit de l’enfant doivent être rempli à l’école de beaucoup d’amour, dont l’amour de la patrie, le sens d’appartenance à une nation, à une culture, à une histoire, à une collectivité humaine. C’est pourquoi, à l’école, il apprend à identifier les symboles de cette appartenance, de sa nation, de sa patrie et il commence à les aimer, à se sentir fier de ces symboles. Cela n’est pas contraire à sa formation psychologique, mais la renforce par l’assimilation  des meilleures valeurs.

À l’école, parmi les premiers symbole de grandeur avec lesquels il entre en contact , il y a le drapeau national, on lui explique sa valeur, son histoire, les raisons pour le respecter et pour l’aimer ; puis il y a le buste de José Marti, notre héros national, on lui explique ce que José Marti signifie pour la patrie, ce qu’il a fait pour les enfants, ce qu’il a fait pour tous les Cubains, ils commencent à apprendre des poèmes choisis de José Marti qu’ils déclament, au « Matutino »,  et les enfants commencent  à l’admirer et à l’aimer et avec lui, ils développent encore le sens d’amour de la patrie, et d’amour pour l’indépendance.
(NDLR: les écoliers québécois me disaient justement qu’ils n’ont pas de héros national auquel se référer. Cela m’en a fait comprendre la réalité.)

Cette cérémonie, apparemment insignifiante, avant d’entrer à la salle de classe, pour qu’elle puisse aider à former des valeurs, doit être solennelle, car il s’agit de témoigner du respect aux  symboles de la patrie, qui est celle qui permet justement d’être là. C’est pourquoi, on commence par  chanter l’hymne national, que les enfants  du premier degré, les plus petits, ne  connaîtront à peine par cœur. Et ensuite, c’est la cérémonie solennelle d’hisser le drapeau national et de lui rendre hommage, en le saluant solennellement. C’est pourquoi, il faut  faire cet acte en position d’attention, qu’on apprend à l’école.

Alors la notion de solennité en ce qui concerne les symboles et les héros de la patrie commence à être inculquée là, dans cette cérémonie, et les futurs patriotes commencent à naître là, dans ce « Matutino » où l’on parle brièvement des éphémérides commémorées ce jour-là, soit des événements historiques importants pour la patrie, ou pour l’humanité, qui ont eu lieu, à cette même date, ou dans une autre époque. Alors l’enfant commence à aimer son histoire. 

Pour nous apprendre la notion de patrie avec ses symboles, ne relève pas de la politique, mais de la formation aux valeurs. Et ces valeurs sont aussi une sorte d’antidote contre le message que les enfants reçoivent dans la TV ( dessins animés ou  jeux vidéo ).

Et justement, parce que les fantaisies dont  ont besoin les enfants, on fait appel aux dessins animés  avec Superman, Batman, Mickey Mouse et autres héros qu’on  présente dans ces produits audiovisuels, Pour compenser, Cuba a créé une autre sorte de héros pour ces dessins animées -- « Elpidio Valdés »-- dont les illustrations se voient dans les salles de classe du préscolaire et du premier degré et qu’on présente aussi dans la programmation infantile de la TV.  Il s’agit d’un patriote qui lutte pour l’indépendance de Cuba, mais on y présente aussi une héroïne, qui montre la grandeur de la participation des femmes dans les luttes pour la patrie ; mais encore on présente aussi le cheval « Palmiche », que les enfants aiment beaucoup, parce que c’est un patriote qui accompli des exploits invraisemblables pour aider les patriotes dans la lutte pour l’indépendance.

Sachez que notre héros national, José Marti, qui est la source de notre pensée politique et sociale, mais aussi de notre formation en valeurs,  avait  publié la première revue pour des enfants –« La Edad  de Oro »-- qu’on connaît dans toute l’Amérique. Et il était un pédagogue, parmi ses multiples professions ; là, il passait en revue  les plus belles valeurs de l’homme, où il mettait en relief la générosité, le courage, la fidélité, l’amitié, le patriotisme. Et c’était une littérature pour des enfants.

Et comme José était un enfant patriote,  je saisis  cette occasion pour vous montrer un morceau de ce drame en vers écrit à l’âge de seize ans et que nous avons vu au Mémorial José disparaître, à La Havane, le drame « Abdala ».
[…]
« El amor, madre, a la Patria            L’amour, mère, de la patrie
 No es el amor ridículo a la tierra        Ce n’est pas l’amour ridicule de la terre
Ni a la hierba que pisan nuestras plantas    Ni de l’herbe que nos pieds écrasent
Es el odio invencible al que la oprime           C’est la haine invincible de celui qui                                l’opprime
Es el rencor eterno a quien la ataca                C’est la rancune éternelle de celui qui                                   l’attaque

QUESTION :

Mireille Fontaine, éducatrice et accompagnatrice de groupe.

Étant Cuba un pays latin, et avec une vieille tradition de culture « macho » ou machisme, y a-t-il eu  une évolution ?  Quelle est la situation de la femme à Cuba ?


RÉPONSE :

En effet, le machisme a toujours été présent dans la vie de notre  île, depuis la colonisation espagnole, car je ne crois pas que chez les aborigènes, avec leur division simple du travail, ce défaut ait pu exister.  Le principe en était, la femme c’est pour se marier, avoir des enfants, servir son mari, élever les enfants, faire le ménage, rester à la  maison, ne pas contredire son mari, témoigner soumission au mari ;  et pour les filles, l’interdiction de jouer avec des garçons ou faire des jeux de garçon, apprendre à laver, repasser, faire la cuisine, broder, tricoter, et d’autres activités domestiques. Étudier, c’était un devoir, surtout  urbain, car il y avait très peu d’écoles dans le monde rural, dans la campagne. Pour les filles des familles pauvres, l’objectif était de savoir lire et écrire, toute au plus obtenir la 6ème année de scolarisation, objectif terminal, car les études secondaires et l’université, c’était pour des familles aisées.

Mais, en générale toute les couches sociales étaient victimes des mêmes principes du machisme, grossier et cruel: plus ignorante et inculte était la famille, plus raffiné dans les familles plus cultivés. Mais en tout cas, on violait les droits de la femme et elle était discriminée sur le marché du travail.

Passons par-dessus le travail de domestique, serveuse de bar ou restaurant et prostituée.
 Pour le domaine industriel, l’éventail des postes auxquels elle pouvait aspirer, c’était dans l’industrie textile et de confection textile, analyste aux laboratoires, secrétaire, dactylos, comptables. Pour ce qui est de la culture et des professions libérales, elles pouvaient être depuis institutrice jusqu'à professeur universitaire. Dans le domaine de la santé,  presque toutes les activités, depuis infirmière jusqu’à spécialiste dans n’importe quel branche de la médecine ; mais songez que les femmes professionnelles, en générales, provenaient des familles aisées et riches où il y avait plus de liberté.

Mais le domaine de la politique lui était presque absolument interdit. La voix de la femme n’était pas entendue dans les affaires  politiques.

Pour contrer ce fléau,  la révolution a dû lutter dès  la victoire du 1er Janvier 1959. C’est pourquoi, l’une des premières lois a été l’abolition de toute forme de discrimination pour des raisons de sexe, religion, couleur de la peau. Et dans les premières mesures pour combattre le chômage, pour les nouveau postes créés, on a donné une relative préférence aux femmes dans des postes jadis réservés uniquement aux hommes. Et, il y a eu des résistances chez des hommes, lesquels  voyaient les femmes incapables de travailler comme eux dans certains postes, si ancrés dans la conscience des hommes et de la société étaient  les préjugés machistes.  Mais il y avait  aussi beaucoup des femmes pleines de préjugés, qui considéraient certaines activités comme « choses de mâles ».

C’était un problème d’éducation, et le machisme, il  fallait  le combattre par l’éducation de la société dans la lutte pour l’égalité de la femme. Le combat,  il fallait l’entamer dans la mentalité des familles, qui préparaient les femmes seulement pour le mariage et pour avoir des enfants. Et cette bataille, la révolution l’a commencé dès ses origines mêmes.

Une révolution culturelle profonde et authentique  a commencé par  la « Campagne Nationale d’Alphabétisation » en 1961, laquelle a creusé un trou profond dans  l’inculture et le bloc de préjugés du machisme.

Si l’on tient compte du fait qu’une grande partie de ces alphabétiseurs étaient des filles, on  comprendra la révolution qui devait s’opérer dans la mentalité des familles qui, tout d’abord ont dû accepter un  changement dans la notion d’éducation des filles, en leur permettant d’aller alphabétiser et dormir, donc, en dehors de chez-elles, ce qui était mal vu. Mais  c’était une  décision politique. Car comment ne pas coopérer avec cette tâche de la révolution qui avait tant fait en deux ans ? Les filles ont commencé à se sentir indépendantes, un peu libres de la tutelle des parents, même si les maisons des analphabètes où elles logeaient avaient les mêmes préjugés et peut-être plus.

Les alphabétiseurs, terminée la Campagne, se sont vus octroyer des bourses pour tous les niveaux d’enseignement et toutes les spécialités, dont quelques-unes de création récente par la révolution.

Maintenant les parents  se voyaient comme obligé à accepter que les filles étudient comme boursières dans la capitale du pays, où l’on a commencé le Plan National de Bourses. Ici a commencé la dite « libération de la femme », au contact avec l’éducation, en se formant pour des métier et des professions interdits socialement aux femmes dans la société du passé.

C’était l’adieu à l’éducation traditionnelle et conservatrice du passé où l’on faisait la promotion de la fille pour le mariage, et dans cette conception « macho » sur l’éducation : « la place de la femme, c’est la maison, faire le ménage et avoir des enfants ».  Divine révolution  culturelle qui a jeté les bases de la libération de la femme !

Comme résultat de ce processus de formation culturelle et technique des  femmes, et l’action de la Fédération des Femmes Cubaines auprès des instances gouvernementales plaidant de beaucoup de places jadis réservées aux hommes, les femmes ont remporté la grande bataille de se voir ouvrir le marché du travail, même dans le domaine de la construction et dans la récolte de canne à sucre, le plus brutaux de travaux.

C’est ainsi que de promotion en promotion, à partir de la décennie 1970, les universités ont vu diplômer des  femmes  ingénieurs, architectes, géologues, agronomes, pour mentionner seulement quelques-unes des spécialités universitaires où les femmes étaient frappées aussi de discrimination. 


Comme résultat de ce processus, le machisme à Cuba a fortement reculé, car si, dans la vieille société antérieure à celle qui a commencé en 1959,  la femme ne pouvait pas répliquer au mari, car elle dépendait de lui économiquement, et il pouvait partir et l’abandonner à son sort avec des enfants, maintenant la femme n’était plus une domestique, une femme de ménage, une esclave de la maison, mais une personne à  part entière avec des droits sociaux, dont un  salaire ; la femme avait gagné son   indépendance économique. Alors, comme la femme travaillait elle aussi,  le mari s’est vu dans l’embarras du choix : ou  il apprenait à faire la cuisine et aidait sa femme dans les activités domestiques ou il devrait crever de faim  en attendant que sa femme revienne du travail pour lui faire la cuisine. Et ce fut pareil pour d’autres activités domestiques.

Une victoire sur le chemin de la libération de la femme : l’homme cubain participe aux activités domestiques au même titre que sa femme.

C’est ainsi que la femme cubaine s’est faite un espace  dans toutes les activités sociales et économiques dans la société cubaine, même dans le domaine politique et gouvernemental. Maintenant, on peut voir des femmes ministres, présidentes du pouvoir populaire provincial ou municipal, directeur d’entreprises, et députés à l’Assemblée Nationale. Et ces chiffres sont fort illustratifs :
 
FEMMES:

66,1% des travailleurs techniques et professionnels
48,9 des chercheurs;
63,3% des diplômés universitaires;
56% des médecins ;
43, 6% des députés à l’Assemblée Nationale ;

Maintenant, la femme cubaine peut se vanter d’avoir vu réalisé un autre rêve de José Marti, à savoir donner une participation décisive à la femme dans les grandes tâches de la vie : […] « Sin sonrisa de mujer, no hay gloria completa de hombre »
 « Sans le sourire de la femme il n’y a pas de gloire complète d’homme »
Ce sourire est justement la place proéminente que la femme occupe maintenant dans la société cubaine.



 QUESTION :

Serge Lantier,  Retraité
       

À ce que j’ai entendu dire, les Cubains gagnent un salaire moyen de 15 dollars par mois. Lorsqu’on constate qu’au Canada même avec un salaire de 15 dollars l’heure, on peut  avoir des difficultés économiques, on ne comprend pas comment un Cubain pourrait vivre avec un salaire tellement bas.15 dollars par mois. Est-ce vrai que les Cubains gagnent un salaire moyen de 15 dollars par mois ?


RÉPONSE :

Oui, c’est vrai. Mais partiellement. Le salaire minimum à Cuba, c’est de 285 pesos, équivalents à quelques 12 dollars au taux d’échange de 1 CUC =  24 CUP (pesos) mais la moyenne c’est de  325  =  13,5 CUC.

Mais c’est seulement partiellement car les gens reçoivent d’autres prestations par rendement, par le résultat du travail sous la rubrique de stimulation salariale en CUP et en CUC, en dépendance du secteur où l’on travail.

Mais partons du chiffre  universellement divulgué par les médias ailleurs Cuba. Là, il s’impose d’établir une différence substantielle  -- salaire  nominal et salaire réel-- et  voyez que je ne parle pas de salaire brut et salaire net, comme on dirait chez vous. Et  il s’impose d’éclaircir les  notions  salaire  nominal et salaire réel.

Sans tomber dans les technicismes des économistes, on dirait que le salaire  nominal c’est le montant qui apparaît dans un registre comme salaire gagné, et salaire net le montant que le travailleur ou employé empoche après les déductions d’impôts, des cotisations à la sécurité sociale, à l’assurance maladie et autres. Et le salaire réel, dont on ne parle pas au Canada, au moins que je sache,  serait la capacité réelle de l’argent net reçu pour subvenir aux besoins personnels,  avoir accès à  certains services et satisfaire avec la  qualité  nécessaire les besoins matériels et spirituels qui font partie de la vie.

Ça c’est vrai pour le Canada, non pour Cuba. Votre  salaire net  est à Cuba  un salaire  nominal en opposition au  salaire réel. Car des activités que vous payez au Canada, ici sont gratuites ou fortement subventionnées. Et cette partie  (pas payée)  devrait faire partie du salaire réel.

Au départ, il faut reconnaître que la notion  salaire, comme telle, a souffert à Cuba d’une distorsion. Les raisons n’en sont pas économiques mais idéologiques.

L’approche, forcée par les agressions états-uniennes, du socialisme et du marxisme ont dénaturé la notion de salaire au profit de la  lutte contre le « dieu argent ».  

En effet, en embrassant le marxisme et ss théorie sur la construction du communisme, à la fin du processus socialiste, a fait que les Cubains d’une manière très enthousiaste  mais peu scientifique, prenne certaines idées par la queue et non par la tête, à savoir celle de réduire au presque néant le rôle de l’argent  dans la société. Dans cette lutte contre « les armes érodées du capitalisme », la motivation salariale et la valeur du salaire en ont été des victimes.

L’État providence devrait tout résoudre aux citoyens sans l’intermédiaire de l’argent, presque tout devait venir des « fonds sociaux  de consommation » d’une  manière égalitaire pour tous les citoyens. C'est-à-dire le rôle du salaire comme motivation individuelle, a été réduit presque à zéro.

Un détail intéressant, Che Guevara, qui, au départ avait souscrit à  de telles idées a éclairci ses points de vue : « on doit miser sur la stimulation spirituelle, balancée avec la stimulation matérielle ; mais si un jour on se rend compte de ce que la stimulation spirituelle devient une entrave au développement, on  devra revenir sur la stimulation matérielle ». Malheureusement, on n’a pas retenu cette idée.


Comment s’est répercuté sur les salaires l’idée de « ne pas rendre culte au dieu argent » et d’amoindrir le rôle de l’argent comme ressort de la activité productive ?

On a gelé les salaires, on a déclenché une campagne pour la renonciation volontaire aux salaires élevés, qui marquaient une différenciation des fonctions dans la société, pour des salaires plus bas « égaliseurs » de la condition sociale. Il y avait l’aspiration à l’égalité n’est-ce pas ?

Seulement qu’on a brûlé des étapes dans les lois de construction du socialisme : « à chacun selon sa capacité, à chacun selon son travail ». Le salaire comme marque de différenciation de travail, de qualité et niveau de complexité du travail disparaissait. Pourtant le socialisme ne postulait cela qu’à la fin du processus lorsque les nécessités matérielles et spirituelles de la société dans son ensemble seraient déjà résolues, et qu’on commencerait alors  la construction du communisme.


LA DOLLARISATION DE L’ECONOMIE CUBAINE

La bataille cruciale pour la défense des valeurs de la société cubaine est encore en cours, elle dure depuis plus de quinze ans. Elle a commencé avec l’implosion  du camp socialiste, qui a imposé à Cuba comme un double blocus. Pour s’en sortir, on a dû ouvrir les portes au « Cheval de Troyes » du dollar.  Après les cubains sont devenus moins innocents avec l’argent, et ils ont perdu leur virginité idéologique là-dessus, parce que l’argent est devenu une nécessité, alors qu’il n’était à peine qu’un instrument, qu’un outil de mouvance dans l’équilibre social, dont les ressorts pouvaient être facilement contrôlés par l’état.

Depuis les premières années de la Révolution, l’état avait dû contrôler les augmentations de salaire pour pouvoir faire face à la construction d’écoles et d’hôpitaux, à la création de nouveaux emplois et au plan d’industrialisation du pays, à ceci vint s’ajouter l’intégration  au camp socialiste, caractérisé par des bas salaires et des fortes subventions aux prix des produits et de services et aux activités sociales. La stabilité des prix, en absence de la concurrence et de l’économie de marché, rendait inutile et inflationniste l’augmentation des salaires. Par ailleurs, les prix du COMECON étaient stables et la dépendance de Cuba du marché capitaliste représentait moins de 15% à cause du blocus. Sans les « va et vient » du marché international et comptant sur le pouvoir  d’une banque centrale de l’état finançant la stabilité des prix,  les salaires sont restés pratiquement inchangés pendant des décennies. Ainsi un décalage de plus en plus important est apparu entre les salaires à Cuba et les salaires dans le monde capitaliste, où les prix et les salaires évoluaient  de manière plus ou moins proportionnelle à l’échelle  de marché mondial. Mais l’état socialiste pouvait  contrôler les prix du marché interne avec ses réserves.

Dans la Cuba postérieure à l’implosion du camp socialiste en Europe de l’Est et en Union Soviétique la  QUESTION SALAIRE  est devenu un véritable problème dans la vie de gens et dans leur adaptation  à de nouvelles conditions des marchés en deux monnaies.  Pourtant, l’État a défendu les acquis de la Révolution à tout prix, par un système de subventions, non rentable, impossible à maintenir avec la même proportion et la même qualité longtemps.  Mais voyons de près cette question. 

Le plus souvent, on entend dire que les cubains gagnent à peu près l’équivalent de 15 USD par mois. Il s’agit du salaire nominal non pas du salaire réel comparé à ce qui se passe ailleurs.  L’ignorance de ce fait est à l’origine de pas mal d’erreurs faites par des étrangers à Cuba. Souvent ils pensent à tort que 1 ou 5  ou 10 dollars sont une fortune entre les mains des cubains. C’est faux.

Supposons que le salaire nominal d’un ouvrier est de 15 dollars par mois à Cuba tandis qu’au Québec c’est de 1200.
                                                  DÉPENSES

                                      Au Québec            Á Cuba

Loyer   (Appartement ou maison)                  700 dollars            2 dollars
Électricité  (en hiver c’est plus cher              50  dollars            3 dollars
Éducation* (tous les enseignements)                100 dollars            0 dollars
Santé* (assurances médicales)                  60 dollars            0 dollars
Transports (métro, bus)                120 dollars            2 dollars
Alimentation (toute sorte de nourriture)        100 dollars                  10 dollars
Sports et Loisirs  (cinéma, théâtre, concert)        20 dollars             1 dollar
                                               _____________          _______________
                                     1150  dollars            18 dollars  zv...

* Au Québec, on sait que les services d’éducation et santé sont relativement gratuits. Mais il  y a des redevances ou des versements sociaux comme contribution pour l’assurance sociale et pour des services auxquels elle donne l’accès. En tout cas, l’enseignement universitaire n’est pas totalement gratuit, depuis les frais d’inscription jusqu’au diplôme.

D’où il s’ensuit que les différences de salaire réel ne sont pas très notables entre un ouvrier cubain et un ouvrier québécois en ce qui concerne la jouissance relative des services sociaux assurant leur vie et celle de leur famille. Seulement que telle jouissance est inférieure en quantité et en qualité à Cuba à cause de la pauvreté de Cuba par rapport à  la richesse du Québec. Et ceci est valable dans toute comparaison avec toute société du monde développé et Cuba.

Seulement que le standard de vie est bien différent entre un québécois et un cubain. Les nécessites matérielles sont  bien différentes. Un Cubain peut s’en passer des vêtements d’hiver, du chauffage qu’il reçoit éternellement de la nature, sans assurance-maladie, sans téléphone et j’en passe.  Un Cubain peut vivre éternellement sans carte de crédit, un Québécois pas du tout.

Mais, pour avoir une idée, songez seulement que malgré les progrès énormes de Cuba en matière de santé, il reste des problèmes d’hygiène générale à résoudre en ville et dans la campagne où ils subsistent encore, comme réminiscences d’un passé d’insalubrité et de pauvreté, des communautés sans adduction d’eau ou des aqueducs et avec des latrines rustiques, pour ne pas parler des cuisinières en bois. Le problème de maintenance des immeubles, de réparation des rues,  d’aménagement et conditionnement des installations du commerce et de la gastronomie populaire. On ne parle pas de celles qui fonctionnent en  CUC ou en devises étrangères.   Cuba reste matériellement pauvre. Mais le salaire suffit pour assurer le premier des droits de l’homme, le droit de vivre.


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QUESTION :

Monique  Lessard,  étudiante CEGEP       

Récemment il y a eu un débat à Radio Canada où l’on a posé la question : Castro est-il un héros ou un dictateur ?


RÉPONSE :

Il est un héros dans toute la ligne.

Né le 13 août 1926, fils d’une famille aisée, avec des propriétés agricoles, des plantations de canne à sucre, et un cheptel bovin. Par rapport aux misérables sans terre où produire les aliments pour la famille, il aurait été considéré riche. Au moins sa famille avait suffisamment  d’argent pour payer ses études au « Collège de Belém » (jésuite) et ensuite ses études  de droit à l’université de La Havane.
L’université , depuis le début de ses études, lui a imprégné son caractère d’un charisme de leader et a parachevé en lui une architecture de héros,
Ses deux héros sont José Martí et Eduardo Chibas, qui a appartenu au Directorio Estudiantil dans les années 1930, et qui s’est illustré dans la lutte politique. Il a créé un parti radical en 1947, le Partido Revolucionario Cubano Orthodoxo.
Il s’inscrit à l’université en 1945 et devient avocat en 1951, non sans passer par des moments difficiles où son caractère et son courage  ont été mis á l’épreuve avant de devenir un grand dirigeant des masses universitaires.

Ainsi, dans sa qualité de dirigeant de la Faculté de Droit de l’Université de La Havane, il a dû braver  à la maffia progouvernementale de l’Université lui ayant interdit d’entrer à l’institution. Il y est revenu armé d’un pistolet Browning avec 15 balles. Choisir: Plutôt mourir que  d’être désespéré. Ce trait de caractère l’accompagnera toute sa vie.

Attitude semblable,   il l’a aussi manifesté lors de l’expédition  frustrante de « États-Uniens Confites » contre la dictature  de Rafael Leonidas Trujillo en République Dominicaine. Il défie les requins de la Baie de Nipe avant que d’être fait prisonnier par l’armée.

C’est le même individu qui, lors des funérailles d’un étudiant assassiné, détourne le cortège funèbre pour le faire passer devant le Palais présidentiel, escalade les vestiges de la Muraille de La Havane, face au Palais présidentiel, à la tête des étudiants universitaires pour dénoncer le gouvernement.

C’est le même, qui à la tête d’une délégation universitaire,  voyage, en novembre 1947,   à La Demajagua,  les ruines  de la sucrerie du « Père de la Patrie, Carlos Manuel de Céspedes,  et arrache la cloche historique aux politiciens  voulant profaner ce symbole de la lutte pour l’indépendance de Cuba, et la rapporte à La Havane.

C’est le même  qui s’est entretenu avec le leader colombien Eliecer Gaytan, lors du « Bogotazo ». Ce fut le 9 avril 1948, à Santa Fe,  Bogotá.

L’homme du congrès latino-américain d’étudiants face au congres gouvernemental de l’OEA. Il s’agit de l’homme qui devient assistant du chef de la police  fidèle à Eliecer Gaytan, de l’étudiant cubain qui devient chef d’une unité de combat pour la révolution, de l’étudiant cubain qui est pour l’indépendance du Porto Rico et connaît Albizu Campos, pour l’indépendance du Canal de Panama, et pour l’indépendance des îles Malouines.


Le 13 octobre 1951 :

  Fidel Castro quitte l'Université de La Havane avec les titres de Docteur en droit, en sciences sociales et en droit diplomatique et s'inscrit comme avocat au Barreau de la capitale.

Il a organisé un comité contre la discrimination raciale.

Devenu avocat en 1951, Castro est le premier à s’opposer activement à la dictature de Batista. 
La corruption administrative, la répression de toute tentative démocratique, le jeu et la prostitution, contrôlés par des gangs italo-américains, de nouveaux privilèges  aux investisseurs  étrangers, se développent dans des proportions encore jamais vues.

 En plus des activités comme leader des étudiants, Fidel Castro participe dans les activités politiques du Parti Révolutionnaire Orthodoxe, qu’il considère le plus radical, le seul, excepté le Parti Socialiste Populaire (marxiste), à ne pas être contaminé par la corruption.

En  janvier 1952, il est désigné candidat du Parti Orthodoxe aux élections législatives prévues pour le mois de Juin. Il dénonce dans la presse la corruption du gouvernement de Carlos Prio Socarras.

Compromis avec le devenir politique de Cuba, l'avocat Fidel Castro met sa profession au service des causes les plus nobles et de la  pureté politique. Le 4 mars 1952, il porte plainte à La Havane pour l'assassinat de l'ouvrier orthodoxe Carlos Rodriguez.

Le 10 mars 1952, appuyée  par la Maffia  italo-américaine et par le gouvernement des États-unis, Fulgencio Batista, le sergent devenu général, fait un coup d’État.: Le  27 mars le gouvernement fruit de cet acte anticonstitutionnel est formellement reconnu par les –États-unis, qui l’avaient promu.



Le 24 mars, le  jeune avocat Fidel Castro, en solitaire, sans aucune crainte sur les représailles, au risque de sa vie, dépose une plainte auprès du Tribunal d’Urgence de La Havane contre le violateur de la Constitution, le dictateur Fulgencio Batista

C’est une tentative de recours légal contre le coup d’État de Batista, où il l’accuse d’avoir violé six articles du Code. Le 16 août, Castro écrit ainsi dans le journal clandestin « El Acusador » : « Des malheurs dont Cuba souffre, des peines qui l’accablent, du sang versé, je t’accuse Batista. »

Le 28 janvier 1953, en marge des cérémonies officielles, les étudiants organisent une Marche aux flambeaux pour commémorer le centième anniversaire de la naissance du héros national José Martí (1853-1895).
La "Génération du Centenaire" descend dans la rue et le dirigeant orthodoxe Fidel Castro défile à la tête de 500 militants de son mouvement de jeunes radicaux.

Fermées les voies formelles pour une opposition démocratique, les  universitaires  s’organisent et en 1953, la génération dite du Centenaire de José Marti  se lance  sur la seule voie possible, la lutte armée.

26 juillet 1953 : La forteresse de Moncada, deuxième caserne du pays, est prise d’assaut par Fidel Castro et 200 ouvriers et étudiants dont beaucoup trouvent la mort lors de ce combat. C’est la naissance du mouvement du 26 juillet et de la révolution. Capturé, Castro est emprisonné

Oui, c’est à l'aube de ce  26 juillet 1953,  que 150 combattants organisés et dirigés par Fidel Castro attaquent les casernes Moncada et Cespédes situées respectivement à Santiago de Cuba et à Bayamo.

C'est un cuisant échec. Six soldats sont tués au cours de l'action. Le dictateur  Batista  ordonne que pour chaque soldat décédé,  dix révolutionnaires  soient exécutés. C’est la raison pour laquelle 54 seront assassinés dans les jours suivants. Le bras droit de Fidel, Abel Santamaria est affreusement torturé avant de succomber.
Une vingtaine de survivants décident de suivre Fidel dans la Sierra Maestra.

Octobre 16 1953  : Fidel Castro prononce sa célèbre plaidoirie "L'Histoire m'acquittera" avant d’être condamné à 15 ans de prison.

L’attaque  échouée de la Caserne « fraîches » du 26 juillet 1953,  a attiré l’attention du gouvernement des États-unis non seulement par le fait d’être le premier acte de ce genre en Amérique Latine, habituée à des coups d’état militaires, mais non à des attaques contre des casernes militaires exécutées par des civils.  La question en était  les raisons avancées pour cette attaque et les objectifs énoncés dans le réquisitoire de Fidel Castro connue comme « L’Histoire m’acquittera ». 
Désormais, il s’avérait nécessaire pour Washington de suivre de près les actions de l’opposition au régime tout en prêtant une attention particulière non aux communistes, qui qualifiaient l’attaque d’aventure,  mais aux s partisans de Castro.

La pression populaire a obligé le dictateur à octroyer, le 15 mai 1955, une amnistie   bénéficiant à beaucoup de prisonniers politiques, incluant ceux qui avaient mené l'assaut de 1953. Sont libérés Fidel Castro et  28 camarades ayant participé aux attaques des casernes.

Poursuivi par les agents de la dictature, il organise le mouvement de résistance à la tyrannie, lequel reçoit l’appellation de « Mouvement pour rendre hommage aux martyrs de l’Attaque des casernes de Santiago de Cuba et Carlos Manuel de Céspedes, à Bayamo.  Sa vie en danger, la groupe a résolu qu’il parte en exil. Dans une allocution, à l’occasion de son départ,il a proclamé solennellement :  « En 1956, nous serons libres ou nous serons des martyrs ».

Le 25 novembre 1956, avec un groupe d'environ 82 hommes il prend la mer à bord du bateau « Granma » pour Cuba et débarque sur la partie orientale de l'île le 2 décembre. Après le désastre de « Alegría de Pío »  le 5 décembre 1956,  le groupe est presque décimé, 15 jours plus tard se produit la rencontre  historique de Fidel avec son frère Raul  à « Cinco Palmas ». Ce jour-là, Fidel prononce une phrase qui marquera l’histoire  et sera la preuve la plus fidèle de son trait de caractère.  Après la joie d’embrasser  son frère, Fidel lui demande : « Combien de fusils as-tu ?  Et Raul de lui répondre : Cinq ! Et Fidel s’écria :  « Alors, les cinq que tu as  plus deux que j’ai, ça fait  sept.  ¡Ahora sí que ganamos la guerra !»  ( « À présent SI, nous gagnerons la guerre »).

À quel point, sa fermeté de caractère ! Combien de foi dans la victoire ! Avec seulement sept fusil, et au total 12 hommes,  encerclé par les forces de la tyrannie qui comptait des dizaines de milliers d’hommes, appuyés par l’aviation, qui pouvait  penser à la victoire ?  Un seul homme dans l’histoire : FIDEL Castro Ruz. Un exemple de ténacité, de courage, de foi dans la force et la justesse de sa cause.


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QUESTION :   

Marc D’Villiers,  étudiant CEGEP

Souvent on lit dans des médias que Cuba n’est pas un pays démocratique. Pourtant  au cours de mon séjour, je n’ai pas pu constater que ce soit une dictature. Je n’ai pas vu de répression, de manifestations des opposants ou des choses pareilles.  Mais on parle de 75 dissidents incarcérés et des « dames en blanc ».
Y a-t-il à Cuba une démocratie ou une dictature ? Il y a des élections démocratiques ?

RÉPONSE

À Cuba il y a une démocratie dans toute la rigueur de cette notion : gouvernement du peuple pour le peuple.

Pourtant la démocratie de Cuba n’est pas pareille  de celle du Canada ou de celle des États-unis Car il n’y a pas un seul modèle de démocratie.

La Constitution a été approuvée en 1976 par référendum au suffrage universel, direct et secret, à 97,7% des voix. Elle a établi la forme du pouvoir qui désormais devrait être organisé à Cuba, avec une  Assemblée Nationale qui, à son tour devrait élire le Conseil d’État comme la plus élevée instance de  gouvernement et  le président et les vice-présidents  de ce Conseil. C'est-à-dire, l’élection du Président n’est pas faite directement par les  électeurs au cours des élections générales, mais de manière indirecte car c’est l’Assemblée Nationale qui, au nom  du peuple,  élit le président, les vice-présidents et le Secrétaire du Conseil d’État. 
Le Conseil d’État, à son tour, élit  le Conseil  de ministres et désigne les ministres.


        ASAMBLÉE NATIONALE     609 DEPUTÉS
1 député chaque 20 000 h. ou  plus de 10 000   

Députées  614

Femmes: plus de 43%

CONSEIL D'ÉTAT: Rénovation 41,9%

Président    :        RAUL CASTRO,
Premier vice-président :     José  RAMON MACHADO VENTURA
Vice-présidents :        ABELARDO COLOMÉ IBARRA,  ESTEBAN LAZO
            JULIO CASAS  REGUEIRO, JOSE R.FERNANDEZ
Secrétaire         :      JOSE MIYAR BARRUECOS,
Il y a en outre  23 AUTRES MEMBRES  DONT 13 DÉPUTÉS  nouveaux. 



Élections

Le gouvernement garantit que le système politique de Cuba est démocratique, mais avec un modèle propre, autochtone, créé avec la Constitution de 1976, qui privilégie le vote direct pour les délégués des circonscriptions et pour les députés qui simultanément composent l'Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, et choisissent les autres instances du pouvoir législatif et de l'exécutif. Aux dernières élections générales en 2008, 96% de la population électorale a pris part aux élections. Cuba est une république parlementaire unitaire, où le Parti Communiste ne peut pas présenter de candidats dans les élections de base et, dans les élections de deuxièmes et troisièmes instances, dès lors qu'il compose, conjointement avec d'autres segments de la société, la Commission de Candidatures, qui fait des propositions pour les candidats. Les délégués des assemblées du peuple sont choisis par vote direct, secret et à la majorité absolue (plus de 50% des votes), les représentants du pouvoir exécutif municipal, provincial et de l'État et, aussi dans le cas de l'Assemblée Municipale, se choisissent des candidats et élisent des délégués pour l'Assemblée Provinciale, qui de leur côté choisissent et désignent le Comité Exécutif Provincial. Peuvent être candidates des personnes qui ne sont pas déléguées, bien qu'elles aient besoin de passer par la désignation des délégués ou des commissions de candidatures.
L'Assemblée Nationale, le Parlement, est l'organe suprême du Pouvoir de l'État et elle assume à la fonction législative, exécutive et judiciaire, le chef d'État et de Gouvernement ne peut pas la dissoudre. Cette assemblée est élue par vote direct de la population. Les députés choisissent le Conseil de l'État parmi les membres de l'assemblée, ainsi que le Président de la République. Il revient au Parlement de choisir le Conseil des Ministres et les membres du Tribunal Suprême, qui n'ont pas nécessairement besoin d'être des députés. De cette manière, le Chef d'État cubain doit se soumettre à deux processus électoraux, un pour être député élu par le vote direct de la population et un autre à l'Assemblée Nationale pour être élu par les collègues délégués comme président du Conseil de l'État.
Les assemblées sont des instances du pouvoir législatif, en conséquence plusieurs protagonistes peuvent légiférer outre les députés, le Tribunal Suprême et le Ministère public. La société civile organisée peut demander l'approbation d'une loi avec les signatures d'un minimum de dix mille électeurs-citoyens.
La Constitution de 1976 a divisé le pays en 14 provinces, qui sont subdivisées en 169 communes ou municipalités, et un territoire d’administration spéciale, l'Île de la Jeunesse. Chaque commune est divisée entre 30 et 200 circonscriptions électorales, qui sont des secteurs qui ressemblent à des quartiers. Comme chaque quartier peut choisir jusqu'à deux délégués pour les assemblées municipales, il existe aujourd'hui à Cuba plus de 15 000 délégués de circonscription. Il y a 1.201 délégués provinciaux et 614 Députés. Tous ces délégués et députés ont été candidats après une désignation directe de la population dans les circonscriptions, ou par le biais de la commission de Candidatures, dans les autres instances, dont font partie les organisations de la société civile qui proposent des lignes directrices aux candidats. Le Parti Communiste cubain ne peut designer des candidats ni prendre part à aucun moment du processus électoral.
La loi électorale interdit tout type de campagne discriminatoire, offensive, diffamatoire ou manipulée. Le processus est surveillé par des commissions électorales convoquées par le Conseil de l'État environ 120 jours avant l'examen minutieux, qui dirigent les élections et élaborent les biographies des candidats qui sont affichées dans des locaux publics. Le jour du vote la sécurité des urnes est faite par des enfants de l'école primaire. En 2003, 300 000 enfants surveillaient les urnes, sans avoir besoin d'aucune force militaire.
Lors des dernières élections générales, le 20 janvier 2008, 8 230 832 citoyens se sont rendus aux urnes soit 96% des électeurs dans un pays où le vote n'est pas obligatoire.
On compte 5% de vote blancs et nuls qui sont analysés comme un vote de protestation par la présidente de la Commission électorale nationale de Cuba (CEN), María Esther Reus.
Dans les 614 députés élus au Parlement, 28 % sont ouvriers et paysans, 43.16 % sont des femmes contre 35.9% dans la précédente assemblée.
Cuba occupe la troisième place dans le monde pour la représentation féminine à l'assemblée nationale et pour Yolanda Ferrer, secrétaire générale de la Fédération des Femmes cubaines (FMC), ces résultats constituent une victoire de plus pour la révolution, puisqu'ils reflètent la fin de la discrimination.
Le rapport sur les élections remarque que "les élus nés après la révolution représentent 56 % des élus, ce qui signifie le renouvellement du Parlement. Le niveau scolaire est très élevé, 99,02 % des représentants ont le niveau supérieur ou moyen supérieur".
Par ailleurs, le fait que 63,22 % députés sont nouveaux renforce cette idée de renouvellement



QUESTION :       

Aline Lévesque


L’hostilité des États-unis par rapport à Cuba ne serait pas le fait d’une réaction états-unienne logique, devant l’ingratitude de Cuba qui aurait oublié que les États-unis l’ont aidé décisivement à combattre le colonialisme espagnol et  à être indépendante ?

RÉPONSE :

Les autorités états-uniennes se sont appliquées à frustrer toute tentative fructueuse d’acquérir des armes ou de préparer une expédition, lorsqu’elles en avaient  l’information. De la sorte, elles ont boycotté  la lutte pour l’indépendance de Cuba. Elles offraient des informations aux autorités espagnoles sur les mouvements des patriotes cubains aux États-Unis de manière à empêcher à tout prix que le rêve de Jefferson se voit frustré par  l’indépendance de Cuba.


LES PRÉSIDENTS ÉTATS-UNIENS CONTRE L’INDÉPENDANCE DE CUBA

Tel qu'on l'a exprimé au prologue, c’est faux. Les origines de ce différend remontent aux débuts du XIXè  siècle, alors que les États-unis n’étaient qu’un jeune état et Cuba une colonie de l’Espagne. Un rôle très important y a été joué  par Thomas JEFFERSON, considéré l’un des pères fondateurs de la nation américaine. Puis, il s’est manifesté dans le temps et simultanément par des actions concrètes du gouvernement des États-unis pour empêcher l’indépendance de Cuba et s'en emparer lorsque les conditions seraient propices.

Ces actions ce sont manifestées  par :
des pressions diplomatiques sur le gouvernement de la Grande Bretagne pour que celui-ci ne s’intéresse pas à remplacer l’Espagne  dans l’occupation de Cuba et qui réserve ce rôle exclusif aux États-unis ;
l’organisation de groupes annexionnistes basés aux États-Unis et à Cuba, lesquels ont même organisé des invasions au territoire cubain comme celle de 1850 á Cardenas, près de La Havane, et celle de 1851 à Pinar del Rio dans l’extrémité occidentale de Île :
négation  systématique, depuis 1868, de la reconnaissance de l’état de belligérance à la lutte pour l’indépendance de Cuba, ce qui laissait libre le gouvernement américain pour intervenir et faire sa propre guerre d’annexion ; 

l’espionnage et la répression des groupes patriotiques indépendantistes dans l’émigration cubaine résidant aux États-unis ; la délation auprès des autorités espagnoles des expéditions présumées ou certaines des patriotes cubains en direction de Cuba ;

le sabotage ou la saisie de toute acquisition d’armes par les patriotes et toute victuaille pour les groupes expéditionnaires qui viendraient intégrer l’armée pour l’indépendance de Cuba;

des pressions pour empêcher à tout prix l'indépendance de Cuba, même par le chantage, sur les patriotes hispano-américains, dont Simon Bolívar, intéressés à venir aider la libération de Cuba comme on l’avait jadis  fait pour le reste de la région;

la capture des expéditions de patriotes cubains en direction de Cuba ; 

six tentatives infructueuses d’achat de Cuba à l’Espagne ;

l’intervention militaire dans la guerre hispano cubaine au moment juste où les deux belligérants étaient affaiblis par l’effort de guerre, mais étant favorable aux patriotes,  sur le  point de faire finir la guerre hispano-cubaine par la capitulation de l’Espagne ;

occupation militaire de l’île et séquestre de son indépendance.


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Et les plaies de la guerre des «Treize colonies» n’étaient pas totalement guéries, et voilà qu’en 1805, à peine 24 ans  après l’indépendance, Thomas JEFFERSON, président des États-Unis a communiqué en octobre 1805,  à l’ambassadeur de la Grande Bretagne que si les États-Unis entraient en guerre contre l’Espagne pour la possession de la Floride occidentale «ils prendraient Cuba car ils la considéraient comme indispensable pour assurer la défense de la Louisiane et de la Floride, à laquelle ils aspiraient également» (2).

Devant la ferme position anglaise, intéressée la Grande Bretagne également à Cuba, à Jefferson d’amender ses propos : «nous saurons nous satisfaire du fait que Cuba et le Mexique restent dans leur dépendance actuelle» (3)

Dans une lettre adressée au président Madison le  27 avril 1807, Thomas Jefferson insiste sur le sujet. En  parlant de la bonne volonté de Napoléon Bonaparte, il a dit :   

[…]  Bien qu’avec une  certaine difficulté  (l’Espagne) elle consentira            aussi à ce qu’on ajoute Cuba à notre Union, à fin que nous n’aidions            pas le Mexique et les autres provinces. Ce serait un bon prix. Alors            je ferais lever une colonne dans la partie la plus reculée de l’Île avec            l’inscription NEC PLUS ULTRA, comme pour indiquer que là serait                    la limite de nos  acquisitions dans cette direction, d’où on ne pourrait             pas passer".

Et comme le Canada faisait partie des ambitions  annexionnistes de Jefferson :

    […] « Dans ce cas, la seule  chose qu’il nous manquerait pour compléter            pour la Liberté  l’empire le plus vaste qu’on  n’avait jamais vu dans le            monde depuis la Création,  ce serait  d’inclure dans notre confédération            le pays que nous avons au Nord »  (Jefferson’s Works, t. V. p 443)

Encore  en 1823, l’obsession  cubaine de Jefferson  s’exprime dans ses lettres du 23 et 24 juin  au président Monroe :   

[…]  « La vérité c’est que l’agrégation de Cuba à notre Union est exactement ce dont on a besoin pour faire que notre pouvoir en tant que nation atteigne le plus grand degré d’intérêts ».     […] « Je vous avoue franchement que j’ai toujours regardé Cuba    comme l’addition la plus intéressante qu’on ne puisse jamais faire à notre système d’États. La domination que cette île, avec la Pointe de la Floride, pourrait nous donner sur le Golfe de Mexique et les pays et l’isthme baignés par ses eaux, comblerait la mesure de notre bien-être politique ».

Et encore :
« Notre maxime la première et fondamentale devrait d’être de ne jamais intervenir dans les disputes de l’Europe, et la deuxième de ne pas consentir  que l’Europe intervienne dans les affaires  cisatlantiques (sic). Mais, après tout, nous devons  nous poser  une question : Souhaitons-nous acquérir pour notre confédération une ou plusieurs provinces espagnoles? J’avoue, avec toute sincérité que j’ai toujours considéré Cuba comme la plus intéressante addition  que nous puissions jamais faire à notre système d’États. Avec  la Floride, le contrôle que cette île nous donnerait sur le Golfe de Mexique et les pays et l’isthme contigus, ainsi que les terres dont les eaux débouchent dans le Golfe, assureraient complètement notre sécurité continentale ». 
            (Thomas Jefferson, 23 juin 1823,  Gregorio Selser, ob cit., p.128


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Si Cuba était un objectif de politique extérieure des États-Unis depuis 1805, elle  est devenue importante au même titre pour des  nations hispano-américaines  récemment indépendantes. Car le point le plus proche du Continent  était Cuba, à l’entrée du Golfe de Mexique, l’Espagne prétendait de l’utiliser pour la reconquête de  la Colombie, le Venezuela,  le Mexique. Alors l’indépendance de Cuba est devenue une question vitale  pour  ces nations. De là  qu’on est fait des préparatifs pour libérer Cuba de la tutelle espagnole, et  priver ainsi l’Espagne de cette base d’attaque contre  des nations indépendantes hispano-américaines.

Ainsi, en 1825, le gouvernement du Mexique a pensé sérieusement à une action militaire contre le colonialisme espagnol à Cuba. Dans une communication à son représentant à Londres on peut lire : […] « La politique exige du gouvernement de Mexique qu’il tente de s’emparer s’il était possible de cette île ou, au moins, de faire qu’elle soit indépendante et qu’aucun de ses voisins ne vienne pas s’agrandir avec une si riche possession ». (***)  pp.291 -293

Et à Simon Bolivar de dire : […] Il me semblerait bien que le gouvernement de la Colombie, par les moyens qu’il jugerait pertinents, intime l’Espagne que si aussi longtemps elle ne reconnaissait pas  l’indépendance de la Colombie et faisait la paix, les mêmes troupes iraient immédiatement à La Havane ».

Puis ce serait  le Congrès de Panama, où Bolivar se proposait de poser  la question de constituer une armée pour  l’indépendance de Cuba. Il  a été boycotté  par les pressions des États-Unis et de l’Angleterre. Par ailleurs, ceux derniers avaient communiqué officiellement qu’ils s’opposaient á tout changement du statut de Cuba.


Les raisons pour cette opposition  états-unienne sont évidentes : l’espoir de s’annexer Cuba, le rêve de père fondateur Thomas Jefferson. Et les informations reçues  par le gouvernement  des États-Unis sur l’éveil du sentiment d’indépendance  chez les Cubains, ainsi que l’intérêt possible de la France ou de l’Angleterre  pour elle, ont donné lieu  à la fameuse « Doctrine Monroe » formulée en 1823, ainsi qu’à la théorie de la  « Pomme mûre » de John Quincy Adams.

Mais pour ne pas prendre des risques, les  gouvernements des  États-Unis s’appliquèrent  à encourager  la formation des groupes annexionnistes  à Cuba tout en vantant les avantages d’unir  l’Île à une nation en plein progrès et puissante. C’était, par ailleurs l’alternative  à laisser l’indépendantisme faire de progrès dans  l’Île.  Ceci  jusqu’à l’organisation directe des expéditions annexionnistes de 1850 et 1851. Ces expéditions prétendaient de créer une vaste tête de pont qui pourrait servir pour initier dans  l’Île la lutte armée anticoloniale  demander ensuite depuis une position de force la reconnaissance de la belligérance, leur soutien massif ne se ferait pas attendre, ensuite, tout  comme le Texas, il viendrait une indépendance qui tout de suite demanderait l’annexion de la part des États-unis. 

Échouée cette première tentative, les efforts pour acquérir Cuba ont été  par la voie diplomatique : proposition d’achat. Faites les démarches et refusés les offres états-uniens, Washington est resté aux aguets, pour profiter la première opportunité de s'annexer Cuba par la force, le cas échéant.

Zv.....
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LES TENTATIVES D’ACHAT DE CUBA À L’Espagne

Le 30 mai 1848 Polk présente le projet d'acheter Cuba à l'Espagne avec la proposition d'offrir 100 millions de dollars pour cuba. Le 9 juin fut approuvée par le cabinet l'autorisation pour entreprendre les démarches.

En 1848, le président James K. Polk, profitant des faiblesses de la couronne espagnole proposa á travers son ambassadeur à Madrid l’achat de Cuba  pour 100 millions de dollars. Dans la proposition transmise au gouvernement espagnol, on établissait d'un ton insolent que les États-Unis ne se mêleraient aux problèmes de Cuba tant qu'elle reste sous la souveraineté espagnole, mais qu'ils ne toléreraient pas que Cuba soit transférée à une autre puissance. C’est la première tentative dont on ait des  informations. Mais si Cuba était pour les  États-Unis une obsession, elle n’en était pas moins pour l’Espagne. Elle a refusée : « …le peuple espagnol préfère que l’île s’enfonce au fond de l’océan plutôt que de la voir entre les mains d’une puissance étrangère ».

En 1854, sous cette présidence de Franklin Pierce, le gouvernement des États-Unis offre pourtant  à l’Espagne jusque 130 millions de dollars pour l’achat de Cuba. Cette tentative infructueuse d’achat de Cuba a été  entourée de pressions grossières qui amenèrent la situation sur le point d'une guerre. Comme ce fut  l'incident du bateau Black Warrior, au début mars 1854. Accusé de violation de normes de douanes au port de La Havane, il s'est vu confisquée la cargaison et a été condamné à payer une amende.  Cet incident était attendu dans le Sud pour l'exploiter comme "casus belli". Une dite "Armée cubaine" du Mississippi, sous les ordres du général sudiste Quitman, était presque prête à se lancer contre Cuba pour l'arracher e l'Espagne et l'incorporer aux États-Unis comme un état d'esclaves supplémentaires pour la cause du Sud.  Mais une autre question intérieure vint stopper cette initiative: le "Kansas-Nebraska Bill", une victoire politique du Sud sur le Nord  qui mettait à l'ordre du jour national la possibilité d'une guerre civile. Même la directive de tentative d'achat  donnée à l'ambassadeur Pierre Soulé en poste à Madrid, a été paralysée de peur que l'incorporation de Cuba à l'Union incline la balance en faveur des états  sudistes, ce qui signifierait aussi la guerre.

Sous le gouvernement  de James Buchanan, en 1860, il y eut une troisième tentative d’achat, mais elle a eu des ennemis non seulement en Espagne, mais aux États-Unis même, étant la justification anti-esclavagiste pour cet achat avancé par Buchanan rejetée par le Nord. Ensuite, ce fut la Guerre de Sécession et les rêves de posséder Cuba ont été différés.


GRANT

La quatrième tentative eut lieu, en 1870, sous la présidence du général Ulysse Grant. Son secrétaire d’État, Hamilton Fish en donna des instructions à son ambassadeur en Madrid; une fois de plus le gouvernement espagnol répondit avec des évasives. Mais cette fois-ci,  ces négociations ont été filtrées aux médias et ce fut un véritable scandale.

Avant la cinquième tentative plus ou moins officielle, vint de James Gillespie Blaine, Secrétaire d’état au gouvernement Harrison, en 1891 de faire vendre Cuba.

La cinquième occasion fut lorsque le Secrétaire d’État Olney, sous les orientations du président Cleveland, proposa à l’Espagne en 1896, lorsque la guerre pour l’indépendance avait été déjà allumée depuis l’Orient jusqu’à l’Occident,  de vendre Cuba aux États-unis.




QUESTION :       

On sait que l’embargo est injuste parce qu’il fait souffrir le peuple. Mais pourquoi les Cubains le qualifient de blocus et encore de génocidaire ?

RÉPONSE :

Un embargo est une question  bilatérale impliquant des mesures bilatérales. Mais lorsque les mesures  du soi disant embargo, prises par un pays contre un autre,  ont une portée extraterritoriale  ce n’est plus un embargo mais un blocus.
 La désinformation sur la portée réelle des mesures économiques prises par les USA contre Cuba et bien manipulées par falsimédia fait que  des personnes sincères comme  cette élève ne voient pas sous l’euphémisme embargo la véritable nature du blocus.
D’une manière superficielle, ils répètent les mêmes arguments que  falsimedia : ce n’est pas un blocus parce que Cuba commerce avec d’autres pays. Pour que ce soit un  blocus  aurait-il fallu donc  un commerce zéro avec le monde ?
Pensez simplement au fait mentionné par notre élève dans son travail, de l’interdiction  de commerce avec Cuba de toute entreprise étrangère non états-unienne  mais possédant des actionnaires états-uniens.
Suite au Plan Marshall pour la reconstruction d’Europe  après la Deuxième  Guerre mondiale, les USA ont pratiquement colonisé l’économie européenne.   La présence du capital américain était une réalité presque partout. Alors  les succursales, les filiales  ou simplement les entreprises européennes, asiatiques, sud-américaines et autres possédant du capital américain  ne pouvaient pas commercer avec Cuba.
Plus encore, les gouvernements alliés des USA ont subi des pressions politiques pour qu’ils  persuadent  leurs entrepreneurs de ne pas commercer avec Cuba. Certainement il y a eu deux honorables exemples en  matière d’exercice de la souveraineté en Amérique : le Canada et le Mexique.

Encore, pour ceux  qui n’acceptaient pas de ce plier au mesures extraterritoriales états-uniennes, ils ne pourraient pas exporter vers les États-unis des produits contenant même un minimum de matière première cubaine ; puis les directions de ces entreprises et leurs familles se verraient refusé tout visa  pour entrer aux États-unis sans compter des possibles amendes. Tout bateau  étranger ayant touché un port cubain était sanctionné à ne pas toucher un port ´des États-unis  pendant 180 jours. Est-ce que les compagnies de transport maritime pouvaient se payer un tel luxe ?

Lorsque de telles mesures ne réussissaient pas  á décourager  certains entrepreneurs européens importants pour Cuba. Il y avait encore d’autres mesures dans l’arsenal  états-unien. Exemples :
Tous les moyens de transport en commun et de transportation de charge et de marchandises étaient de fabrication américaine. Avec le blocus, les pièces de rechange tombèrent à zéro : quasi paralysie du transport. Cuba réussit à ce que l’entreprise  britannique Leyland Motor Corporation défit le blocus  en lui vendant plus de 400 autobus et quelques centaines de camions pour le transport de produits agricoles.  Une affaire millionnaire qui a sauvé cette entreprise  de sévères problèmes économiques à cause de la contraction du marché.  Moins de deux ans plus tard, des entrepreneurs états-uniens acquièrent une  bonne paries des actions de cette entreprise britannique. Conséquences ?  Cessation de ventes à Cuba et de nouveaux véhicules et de pièces de rechange pour la réparation et la maintenance de ceux que Cuba avait déjà acquis. Résultat pour Cuba ?  Un cimetière de ferraille  Leyland.  Même histoire avec l’entreprise  française Berliett qui vendait des camions pour  le transport de la canne à sucre et de bus pour le transport en commun.
Cuba avait entrepris un vaste plan d’aménagement  routier et de développement agricole. Pour cela il fallait des bulldozers et  des tracteurs. Les équipements existants, de la marque Caterpillar, étaient de fabrication états-unienne.  Pas de pièces de rechange. Alors on a trouvé une entreprise française « Richard Continental » décidée à contrer le blocus. Cuba a fait un lourd investissement en équipements lourds de tout genre pour la construction. Tout a bien marché pendant quelque quatre ans. D’emblée,  l’entreprise à des difficultés économiques,  du capital américain est venu racheter  les actions. Fini le commerce  avec Cuba.  Un nouveau cimetière de ferraille  marque Richard  a été  créé. 

Et l’histoire  s’est répétée dans n’importe quel domaine, mais ce qui  provoque la plus grande indignation  c’est l’application du blocus contre les médicaments et contre les appareils électro-médicaux. Combien de décès inutiles se sont produits à Cuba en défaut d’un médicament qu’on nous interdit d’acheter même á la transnationale « Bayer » ou  d’un appareil d’électro-médecine, dont on a empêché la vente pour  Cuba.



CARACTÈRE GÉNOCIDAIRE DU BLOCUS

Pour ceux qui doutent du caractère génocide du dit « embargo » états-unien –qui est réellement un blocus- il faut demander si cela ne  relève pas du génocide de faire souffrir inutilement, sadiquement, de manière morbide, une personne, au risque de sa vie, lorsqu’on peut  alléger sa douleur et on peut sauver sa vie.

Des tels exemples, il y en  des milliers à Cuba, sous les yeux  aveugles pour ne pas voir et les oreilles sourdes pour ne pas entendre les cris de douleurs des femmes et des enfants.

Au VIIIeme Congrès de Centroaméricain et des Caraïbes d’Anesthésiologie, on a dénoncé le cas dansr le rapport du secrétaire de la Section d’Anesthésie Obstétrique :
         […]  « Nos femmes poussent, crient et  pleurent pendant 8 ou 10
heures au cours de l’accouchement. Par l’analgésie, cet acte est naturel et complètement indolore. Et lorsqu’on ne réussit pas à     alléger totalement la douleur, on la diminue entre 75% et 80%.    Mais il nous faut des pompes d’infusion et les cathéters, par     exemple.[…] Ils existent seulement dans les pays développés, et les yankees ne nous laissent pas les acquérir » […] 



VALTRA est une entreprise allemande, succursale d’une  entreprise américaine, qui vendait à l’entreprise cubaine EMSUME ; jusqu’en juillet 2007, des batteries pour des appareils cardiovasculaires et auditifs. Le Département  du Trésor lui  a retiré sans avis au préalable le  permis pour vendre à Cuba ces produits indispensables pour la survie de personnes ayant des cardiopathies ou des insuffisances  ou des insuffisances  auditives requérants des prothèses utilisant telles batteries.


Sainte-Jude, une firme européenne à capital états-unien, vendait à Cuba les « stimulateurs cardiaques » au nombre de presque 3 000 par an. Au début 2007,  l’entreprise a communiqué à MEDICUBA, qu’on n’allait pas continuer avec la fourniture  de tels appareils. Elle ne peut vendre non plus  à Cuba un appareil pour le mappage anatomique tridimensionnel utilisé pour le traitement des arythmies cardiaques, étant la  seule entreprise qui produisait cet engin.

Radiometer, entreprise danoise,  vendait à Cuba des  équipements pour les salles de thérapie intensive, dont le gazomètre ABL-555 qui utilise des électrodes que la firme a annoncé que ne pourra plus  fournir à partir de janvier 2008, à cause de la non rénovation de la licence par le Département  du Trésor des  États-Unis. 

Blocus ou Embargo ?
Bien plus qu'une question de vocabulaire
Il est souvent question, à cause du mot anglais, d'"embargo" contre Cuba alors que le terme qui s'impose est bel et bien blocus. Il ne s'agit pas d'une question de vocabulaire.

En effet, sur le strict plan économique, l'embargo signifierait l'arrêt de toute vente de produits nord-américains à Cuba et de tout achat de produits cubains par les États-unis Le blocus, par contre, est destiné à faire la chasse où qu'ils se trouvent aux produits cubains, que ce soit en tant que tels en exerçant par exemple des pressions sur un pays ou une entreprise prêts à signer des contrats avec Cuba ou même lorsque des matières premières cubaines entrent dans la composition de produits élaborés par des pays tiers.

Il consiste également, bien sûr, en l'interdiction de toute vente de produits nord-américains à Cuba, y compris par des filiales installées hors des États-unis

Depuis la promulgation du blocus, le 6 février 1962 au terme d'un "ordre présidentiel" donné par le président Kennedy, il s'est agi d'une véritable guerre économique qui a été renforcée par un enchevêtrement de lois venues s'ajouter les unes aux autres, chacune n'annulant en rien la précédente.

Cet enchevêtrement de lois est tel que tant le président Clinton (lors de la conférence de presse qu'il a donnée à Washington en compagnie du premier ministre italien, Romano Prodi, le 6 mai 1998) que son homologue cubain, Fidel Castro ont reconnu qu'il ne serait pas facile à dénouer même pour celui qui en aurait la volonté.


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QUESTION :           

Luc  Bertrand, retraité.

La cause de l’embargo établi par Kennedy en février 1962, selon les informations les plus répandues, c’est l’expropriation des  propriétés états-uniennes à Cuba. Pourquoi Cuba ne paie pas l’indemnisation des biens aux États-uniens en vue de la levée de l’embargo ?


RÉPONSE :
QUESTION :           

D’après ce que j’ai entendu dire, dans la décennie 1960  le monde a failli  assister à  la Troisième Guerre mondiale à cause de Cuba et des missiles soviétiques qu’elle a installés  à 90 milles des États-unis  Si Castro savait que tout l’Occident allait se révolter contre lui  pourquoi a-t-il permis l’installation de ces missiles ?

RÉPONSE :

Certainement, en octobre 1962, le monde a failli voir se déclencher la Troisième guerre mondiale. Mais ce n’était pas la faute de Cuba. Mais des États-Unis par leurs principes géopolitiques.

Cuba a failli être balayée de la face de la terre par les missiles et les avions américains, sous prétexte de ce que des missiles nucléaires soviétiques étaient installés sur son territoire.

Pourtant la Charte de l’ONU établi que toute nation en danger d’être agressée a le droit de se défendre avec tous les armements et les moyens à sa portée. Il  était donc légitime pour Cuba d’avoir n’importe quel armement pour assurer sa défense. Dans l’Article 51 de la Charte de l’ONU on peut lire :

 […] "…toutes les mesures nécessaires pour repousser l’agression".



La question en est que Cuba n’était pas une puissance nucléaire et la présence de telles armes la transformait au plus haut niveau en objet de la guerre froide entre les deux plus grandes puissances mondiales : les États-Unis et l’Union Soviétique.

Mais on peut se demander pourquoi une île pauvre devrait se munir d’armes nucléaires ?

La question en est la suivante. Les services d’information et intelligence soviétiques avaient appris que Cuba serait envahie par les forces armée états-uniennes. Ceci venait confirmer les soupçons et les dénonciations de Cuba à la lumière des provocations croissantes depuis la base navale de Guantanamo et le survol de l’espace aérien cubain par des avions espions américains. Cuba soupçonnait que l’on cherchait un prétexte à l’invasion. Pour en avoir une idée, il suffit de remarquer le fait que selon les statistiques divulguées par  La Havane indiquent que seulement entre janvier  et août  1962 se sont  produits plus de cinq mille actions terroristes contre Île, dont 600   de grande envergure.

 En mai 1962 était arrivée à Cuba une délégation du gouvernement soviétique, qui a annoncé la disposition de son gouvernement d’aider à conjurer l’agression des États-unis par des mesures de dissuasion, à savoir l’installation de missiles nucléaires à moyenne portée.

Dans de telles circonstances, en mai 1962, le gouvernement soviétique s’était dirigé au    gouvernement cubain pour lui proposer l’installation de missiles nucléaires afin de créer un équilibre de forces entre l’Union Soviétique et les États-unis et en même temps dissuader le Pentagone d’une agression avec ses troupes régulières à Cuba.

D’après Fidel Castro lui même,  Cuba  a accepté  cette proposition, non pas d’une manière égoïste, en prétendant que les autres courent des risques d’une guerre nucléaire à cause   d’une petite île avec quelques millions d’habitants. On accepterait cet offre comme un geste de solidarité envers le camp socialiste. 
Sans être malins ou trop perspicaces, on imagine que les Cubains savaient parfaitement bien que leur seule chance de survie à une attaque américaine, serait justement d’assurer la paix par la dissuasion et que ces armes nucléaires seraient vitales pour la dissuasion.

En même temps, les Cubains auraient évalué les risques : un isolement, une aliénation totale de tout soutien des gouvernements latino-américains.  Mais est-ce qu’au cas d’une attaque américaine ces gouvernements, soumis à la férule des États-unis, excepté le Mexique et le Canada, allaient défendre Cuba ?

Devant ce danger, et les problèmes éthiques qui supposait l’installation de missiles nucléaires sur le territoire cubains, Fidel Castro a insisté sur la partie soviétique pour rendre publique cette décision à travers un pacte d’assistance militaire, connu par tout le monde. Autrement, Cuba se verrait attaquée depuis tous les fronts.
Les Soviétiques, de leur part, considéraient prématuré de rendre publique cet accord, ils ont préféré de le rendre public lors de la visite projeté de Nikta Kruschev

“L’insistance de la direction cubaine sur la nécessité de rendre publique la décision d’installer de telles armes dans l’archipel. Cependant, le leader soviétique Nikita Khrouchtchev, s’en est refusé ».


Ils ont enfin exprimé qu’ils voulaient rendre publique cette nouvelle de manière officielle lors de la visite projetée de Khrouchtchev à Cuba en novembre 1962.


La crise a commencé par la découverte, le 16 de octobre de 1962 d’une rampe de lancement de missiles dans la région occidentale de Cuba par le pilote U-2   Richard Stephen Heyser.

 Et un détail cruciale, aucun missile n’avait de charge nucléaire. Il n’y avait que des rampes, et les charges étaient à des dizaines de kilomètres de l’emplacement. C’est à dire ; risque zéro.  Objectif : dissuasion.

Le 28 octobre, 13 jours après la découverte par un analyste de la CIA de la présence des missiles soviétiques grâce à une photo prise depuis un avion espion U-2, Moscou a annoncé, par radio, à l’insu de Fidel Castro et du gouvernement de Cuba, le démantèlement de ces missiles en vertu d’un accord auquel étaient parvenues les autorités soviétiques et celles de Washington.  Moscou obtenait en revanche le retrait des missiles américains Pershing de la Turquie, mais Cuba, pourtant, ne tirait pratiquement rien de ces pourparlers, auxquels elle n’avait pas été invitée, et où on n’a pas discuté ses exigences d’intérêt national pour assurer la survivance en paix de la révolution par la création d’un “modus vivendi” acceptable aussi bien pour Washington que pour La Havane.

Les soviétiques se sont bornés à defender leurs intérêts stratégiques et accepter le compromis américain de ne pas accomplir d’invasion directe contre Cuba.

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Dans ses mémoires, le leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, en parlant sur cette crise a écrit :

          « Les Américains avaient entouré notre pays avec des bases militaires
          et nous menaçaient d'armes nucléaires, et maintenant ils allaient
          apprendre ce que l'on ressent quand on a des missiles ennemis pointés
          sur vous ; nous ne faisions rien de plus que leur rendre la monnaie de
          la pièce. ...Après tout, les États-unis n'avaient aucune querelle
          d'ordre légal ou moral avec nous. Nous n'avions rien donné de plus aux
          Cubains que ce que les Américains avaient donné à leurs alliés. Nous
          avions les mêmes droits et les mêmes opportunités que les Américains.
          Notre comportement dans l'arène internationale était gouverné par les
          mêmes règles et limites que les Américains. » (1)
      
Khrushchev Remembers (Londres, 1971) pp. 494, 496.

Pourtant, les Soviétiques ont omis les intérêts de Cuba. D’une manière égoïste, ils ont tiré le profit qui les intéressait de la présence de leurs missiles sur le territoire cubains. On a l’impression qu’ils ont utilisé Cuba pour se débarrasser de missiles américaines installés sur leur frontière turque.

Cuba avait posé  des conditions pour le retrait de ces missiles qui pouvaient rester légitimement sur son territoire, des conditions qui pourraient assurer sa survie dans des conditions de paix :


« PREMIER :    Cessation du blocus économique et de toutes les mesures de pression commerciale et économique  que les États-unis exercent contre notre pays dans toutes les parties du monde ».  

« DEUXIÈME : Cessation de toutes les activités subversives,  le lancement et le débarquement d’armement et d’explosifs par air et par mer, l’organisation d’invasions mercenaires, l’infiltration d’espions et de saboteurs, des actions qui toutes sont menées à bien depuis le territoire des États-unis et  de quelques pays complices. »

« TROISIEME : Cessation des attaques pirates qui sont réalisées depuis des bases installées aux États-unis et à Porto Rico. »

« QUATRIÈME : Cessation de toutes les violations de notre espace aérien et naval par des avions et de bateaux de guerre nord-américains. »

« CINQUIÈME :  Retrait de la Base Navale de Guantanamo et dévolution du territoire cubain occupé par les États-unis ».

            FIDEL CASTRO RUZ
        Premier Ministre du Gouvernement
        Révolutionnaire de Cuba


Les Soviétiques ont fait fi de ces revendications. Ils se sont limité à accepter verbalement le compromis de Kennedy de ce que Cuba ne serait point envahie par les forces armées américaines. Mais les opérations de la CIA ont continué, les attaques terroristes ont continué. Le blocus a continué. La base navale de Guantanamo reste là entre les mains des américains et elle est devenu un symbole néfaste de la torture. 

Mais, en tout cas, on peut assurer catégoriquement, que seulement grâce à la présence de ces missiles sur le sol cubain en 1962, vous pouvez visiter aujourd’hui  cette île indépendante et entendre parler espagnol.




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QUESTION:       



Le président Bush a présenté le 20 mai 2004  un dénommé « Plan Bush » qui renforce davantage le blocus et promut ouvertement le changement de régime à Cuba, tout en encourageant l’opposition interne et externe à accomplir des actions contre Cuba, mais  ce qui attire le plus mon attention ce que la famille Bush a été particulièrement agressive contre  votre pays, car il y a aussi la Loi Torricelli  signée par  Bush le père et le pardon présidentiel qu’il a donné  à l’un des terroristes  cubains accusé de détruire en plein vol un avion civil. Pourquoi cet acharnement de la famille Bush contre Cuba ?

RÉPONSE:

La famille Bush était liée à Cuba bien  avant 1959. En 1920, Georges  Hebert Walter, arrière père maternel de George  W. Bush (de la famille) était directeur d’un groupe de sept compagnies qui opéraient à Cuba dans le domaine du sucre, la distillation de rhum et les chemins de fer : The Cuba Company,  The Cuban Railroad, Cuban Dominican Sugar, Barahona Sugar, Cuba Distilling, Sugar States of Oriente, Atlantic Fruit and Sugar, lesquelles se sont unies en 1942 dans la  West Indies Sugar Company qui a été nationalisé en 1960 par la révolution cubaine.

Il y a donc une raison personnelle pour que la famille Bush soit ennemie de la  Révolution cubaine.

((La famille Allen Welsh  et John Foster Dulles avaient des  intérêts à  la « United Fruit Company », qui avait vu nationalisées 120 000 hectares de terres à Cuba.)) Vous pouvez avoir davantage d’informations au bouquin de  PHILLIPS Kevin : « Dynastie américaine : Aristocratie,  Fortune  et les Politiques de tromperies dans la Maison des Bush », 2004

Georges Bush (le père) a fondé en 1953 la compagnie Zapata Offshore qui a signé en 1958 un contrat pour l’exploration du pétrole à 40 milles de Cuba  dans le Golfe de Mexique, le triomphe de la révolution a liquidé ce négoce  qui devait avoir des bases d’opérations en terre ferme dans la province de Las Villas.


QUESTION:       

Souvent on publie des informations révélant des enquêtes où une majorité  des États-uniens sont favorables à la levée de l’embargo et même des groupes de congressistes ont proposé à la Chambre ou au Sénat des résolutions pour relâcher les interdictions qui pèsent sur des ventes d’aliments et des médicaments à Cuba. Comment se fait-il que des telles résolutions ne passent pas au Congrès ? Par ailleurs, à l’ONU, l’immense majorité des pays votent contre le blocus. Pourquoi les États-Unis ne respectent pas ces résolutions ?



RÉPONSE:

Toutes ces initiatives se heurtent, tout d’abord,  à la résistance des groupes de droite anti-cubains au Congrès ; puis ils se heurtent à  l’action du lobby cubano-américain au Congrès qui est financé par des transnationales comme « Bacardi », des organisations comme la Fondation Nationale Cubano-Américaine, « US-Cuba Pac », « Consejo por la libertad de Cuba » (Conseil pour la liberté de Cuba) et autres. Ces organisations financent les campagnes électorales de certains législateurs, sans écarter certains « dons » personnels.

Ainsi par exemple, une organisation non gouvernementale de Washington « Public Campaign » a publié un rapport où l’on fait état des contributions  financières en faveur de certains congressistes, afin qu’ils bloquent ou votent toute initiative pour améliorer les relations entre les deux pays.  Le rapport  donne le nom de quelques-uns parmi ces congressistes, la personne qui  fait  le « don » de cet argent et la quantité donnée.

Celui qui doit corrompre ou payer ces congressistes c’est un monsieur cubano-italien, Mauricio Clever-Carone, à  la tête de la « US-Cuba Pac ». Dans la longue liste de législateurs qui ont reçu de l’argent en échange de maintenir la politique hostile contre Cuba il y a aussi bien de Démocrates que des Républicains, mais c’est curieux que la majorité ce sont des Démocrates.

Passant dessus les législateurs Torricelli,  Helms et Burton, de triste mémoire pour l’économie cubaine  par les lois qu’ils ont patronné en vue de renforcer le blocus, et qui ont joui dans leurs campagnes électorales des largesses de la FNCA, il y a une longue liste où figurent les Républicains, Mario Díaz-Balart (364 176 dollars),  ),    puis les Démocrates    ),),),), 0),  Ron Klein (50 700) ;


NOM            SIEGE        ÉTAT    DÉMOC        REPUB        MONTANT



Lincoln Díaz-Balart         SEN        Florida            X                          $ 366 964 
Mario Díaz-Balart           SEN        Florida            X                      $ 364 176 
Ileana Ross de Lehtinen     SEN        Florida             X                     $ 240 050
       
John McCain            SEN        XXXX                    X        $ 183 415
Bob Menéndez             SEN        Florida            X            $ 165 900
Bill Nelson        SEN        Florida             X              $ 155 149
Joseph Lieberman        SEN         NEV ?               X                  $ 112 550
Kendric Meek        SEN                         Florida            x             $ 103 500
Debbie Wasserman-Shultz    REP              FL               x         $   75 700
Albio Sire            REP        New Jersey     X          $   52 150
Ron Klein            REP        Florida             X         $   50 700
Harry Ried        SEN        Nevada            X             $   49 795
Frank Pallone        REP        New Jersey     X             $   39 600
John Salazar        REP        Colorado            X             $   37 100
Elliot Engel        REP        New York            X             $   33 450




QUESTION:

Vincent Lorimier, professeur de Secondaire

Pourquoi Cuba maintient l’application de la peine de mort, alors que cela est répudié par la communauté internationale ?

RÉPONSE:

Depuis 1959 à Cuba on n’a jamais appliqué la peine de mort contre  une femme.

Le 1er janvier 1959, le dictateur Batista a fui avec ses affidés, des criminels de guerre, des tortionnaires et des gens compromis avec un régime qui avaient coûté 20 000 morts au peuple. La même journée le peuple s’est chargé de capturer les assassins, les tortionnaires, les délateurs, qui n’avaient pas pu s’échapper. On exigeait justice, et il y a eu même des tentatives d’exécuter des assassins par des masses indignées de leurs crimes, ce qui a été empêché par l’Armée Rebelle sous le compromis de ce que justice serait  faite.
Et dès que le Gouvernement Révolutionnaire a assumé le pouvoir, devant l’exigence de justice posée par le peuple, on a annoncé l’établissement des « Tribunaux Révolutionnaire » pour connaître des dénonciations des familles des victimes assassinées et de personnes torturées, pour que les inculpés soient jugés en bonne et due forme conformément à la loi, dans des procès publics, en présence de leur famille et de la presse nationale et étrangère.
Ce n’est pas un secret, qu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, on a institué le « Tribunal de Nuremberg » pour juger les criminels de guerre et les génocides. Et le monde a accepté comme un acte de justice la peine capitale appliquée contre ces assassins. Alors quoi de bizarre à ce que Cuba applique cette peine aux génocides qui ont  provoqué la mort de 20 000 personnes sur une population de quelques 6,5 millions de Cubains.
Et voilà que justement ceux qui voyaient dans leur pays appliquer la peine capitale même contre des mineurs et des handicapés mentaux, c'est-à-dire, des États-uniens, des membres du gouvernement des États-unis et  la presse américaine ont été les premiers à s’attaquer contre la révolution cubaine à cause de la peine de mort contre les criminels.
Depuis le premier jours de la victoire, les médias états-uniens avec objectivité, présentait des nouvelles sensationnelles sur  l’arrivée de la guérilla à la Havane, dont  les légendaires « Che » Guevara et Camilo Cienfuegos, parlait beaucoup sur la colère populaire contre les résidences des sbires, contre les maisons de jeu, contre les stations de police où l’on avait  torturé et assassiné tant de jeunes patriotes et de combattants contre la dictature. On montrait le peuple exigeant de faire la justice et les efforts des  nouvelles autorités  pour empêcher les gens de faire la justice de leurs propres mains. Les gens ont exigé la création de tribunaux révolutionnaires pour juger les criminels,  les tortionnaires, les sbires, et les mouchards de la tyrannie.
Et tel que le peuple l’a demandé, on institua les tribunaux révolutionnaires, où l’on a jugé  publiquement de telles personnes, lesquelles ont compté avec des avocats de la défense nommés d’office ou désignés par la famille. Les procès ont été réalisés à la vue publique avec la présence de journalistes nationaux et étrangers, des familles de victimes et  tous ceux qui pourraient trouver un espace dans les locaux.

Tous les cas d’assassinat dûment prouvés par les témoignages, des témoins où les aveux des sbires ayant participé aux crimes ont été  condamnés à la peine capitale.
Alors, suivant des orientations gouvernementales pour les premiers affrontements contre la révolution cubaine, avec une hypocrisie proverbiale, les médias américains se sont lancés contre Cuba. Pourtant, ces vautours médiatiques, qui ne critiquaient jamais la peine de mort aux États-unis, où l’on appliquait cette peine même contre des mineurs et des débiles mentaux ou des personnes ayant  des troubles mentaux au moment de commettre  un crime, ont déclenché une campagne contre Cuba à laquelle sont venus se rallier d’autres non moins hypocrites en Europe et en Amérique Latine, tous incapables aussi de condamner l’application de la peine de mort aux États-unis 
En effet, des critiques  virulentes venaient aussi de cette Europe servile qui n’osait non plus critiquer la peine de mort  appliquée par  Washington et qui l’avait acceptée lors des procès de Nuremberg où des nazis ont été condamnés à la peine capitale.
Depuis lors, chaque fois qu’à Cuba, on applique la peine de mort sautent les vautours  médiatiques, les manipulateurs et désinformateurs de l’opinion internationale pour condamner Cuba. Tout comme en 1959, on le fait maintenant, et on est capable d’appliquer des sanctions contre Cuba. Mais qui appliquera des sanctions contre les États-unis, si on n’est pas même capable de critiquer le génocide en Irak et en Afghanistan, ni le génocide d’Israël contre la Palestine ?
 Mais, cette question de la peine capitale au monde et à Cuba, peut avoir une approche plus profonde, au-delà de Nuremberg. Voyons…

À la 59ème Session de la Commission de Droits de l’homme à Genève, on a présenté un rapport répondant  a la Résolution 2002/77 (E/CN.4/2003/106, où l’on fait état du fait que jusqu’en décembre 2002, il y avait au monde 71 pays qui maintenaient la peine capitale pour punir certains délits extrêmement graves, contre 77 qui l’avaient déjà abolie totalement et 15 qui  l’avaient abolie pour les délits de droit commun.

En ce qui concerne Cuba, dans sa Constitution approuvée le  24 février 1976, on ne mentionne pas la peine capitale,  pourtant dans son Code Pénal, on établit cette peine pour les délits les plus graves, à savoir :
Des actes contre l’indépendance ou l’intégrité territoriale de l’État ;
Promotion des actions armées contre Cuba ;
Le service armé contre État cubain ;
L’aide à l’ennemi du pays ;
L’espionnage ;
La rébellion ;
L’usurpation du commandement politique ou militaire ;
Le sabotage, le terrorisme, la piraterie, le mercenarisme, le génocide ;
Les actes contre la sécurité de l’État ;
Le trafic international de drogues ;
Le meurtre, la violation de mineurs.

Pourtant, la loi n’est toujours pas appliquée mais dans  des conditions et des cas exceptionnels pour des délits contemplés au Chapitre III, section 1ère,  Article 29 du Code Pénal ou la Loi contre des actes de Terrorisme. Et encore même pour ces délits  le règlement de sanctions prévoit des peines alternatives.

Mais dans le but de limiter au maximum possible l’application de la peine capitale,   l’Assemblée Nationale a modifié, en 1999, le Code Pénal par l’adoption de la Loi 87, où l’on établit la prison à vie pour certains délits paisibles de la peine capitale.

Par ailleurs dans les cas regrettables de détenus passibles de la peine capitale, Cuba respecte ce qui est établit par le droit international, dont la Résolution 1984/50 ECOSOC.

Ainsi, par exemple, au Chapitre III, section 1ère,  Article 20 du Code Pénal, on établit que seraient exemptés  de la peine capitale les détenus ayant commis le délit en état d’aliénation mentale,  troubles psychiques transitoires, retard mental ou un état quelconque qui lui aurait empêché de comprendre la  gravité de son action. C’est pourquoi les détenus passibles de tel peine sont  soumis à un examen médical rigoureux par une équipe de spécialistes où participent, au moins deux psychiatres et un médecin légiste.

Sont également exemptés de la peine capitale les détenus mineurs de 20 ans (pourtant  dans des  préceptes de l’ONU on établit l’âge limite de 18 ans).

Les détenus sont  jugés par un tribunal composé de 5 juges et ont toujours un avocat  de la défense, désigné par l’accusé et sa famille ou un avocat d’office.

La sentence de peine capital prononcée en première instance peut être appelée par l’accusé, mais s’il n’exerce pas ce droit, le fait qu’il n’ait pas  appelé, n’empêche  que la peine soit appelé d’office auprès du Tribunal Suprême Populaire, l’instance la plus élevée du système judiciaire. Reçu l’appel par ce tribunal, un nouveau procès est réalisé avec un tribunal de  5 juges. Si la peine est ratifiée, le Tribunal Suprême doit remettre le verdict au Conseil d’État lequel peut gracier le condamné en commuant la peine par une autre de  privation  de liberté. Par ailleurs sans le verdict du Conseil d’État, on ne pourra jamais exécuter la peine capitale.

Cuba ne fait pas les oreilles sourdes devant des voix au monde qui clament pour l’abolition de la peine de mort. Mais elle n’accepte pas l’hypocrisie et la servilité de ceux qui se révoltent et proposent des sanctions contre un pays du Tiers monde qui appliquerait la peine capitale, et font silence absolu devant une telle application aux États-unis où l’on a découvert après l’exécution  que le condamné était innocent.

Mais, victime des actes de terrorisme qui ont coûté plus de 3 480 victimes, dont les deux derniers en 2008 assassinés par des terroristes qui ont prétendu ensuite voler un avion  pour le détourner vers Miami, Cuba ne peut pas abolir la peine de mort contre des actes de terrorisme.

Par ailleurs, le trafic de drogues et un crime de lèse humanité, qui détruit des jeunes et des familles lentement et conduit les malades a devenir même des criminels  pour avoir de la drogue, tant que le danger existe pour notre pays, la peine capitale  reste une arme de dissuasion devant le crime de trafic de drogues.


Pendant des années Cuba a appliqué un moratoire dans l’exécution de la peine capitale, mais le Conseil d’État n’a pas demandé à l’Assemblée Nationale de se pencher, lors de ces séances, sur la question de l’abolition de la peine capitale. La question en est que tant qu’aux États-unis on protège les terroristes d’origine cubaine et l’on encourage des actes de terrorisme contre Cuba, la peine capitale restera un acte de justice pour les crimes de terrorisme et une arme de dissuasion devant ceux qui pourrait se sentir animés à commettre certains délits parmi les plus graves et exécrables parce qu’ils ne risquent pas la vie.

Certainement Cuba a dû appliquer la peine de mort contre trois jeunes qui avaient capturé une embarcation de passagers pour le transport interne dans la ville de La Havane et ont pris en otage tous les passagers et spécialement deux touristes françaises, mettant en danger leur vie tout d’abord et, ensuite le prestige internationale du tourisme à Cuba, considéré très sécuritaire. La portée de cet acte mettait aussi en danger la vie de beaucoup de malades dont les médicaments dépendaient de l’affluence du tourisme dans ce pays bloqué.

Cet acte de terrorisme  contre des étrangers se produisait, après deux autres de détournement d’avions. Les services de renseignement de Cuba avaient appris de l’existence d’un vaste plan d’actions similaires avec instigation depuis Miami. Ce délit est qualifié comme terrorisme et passible de la peine capitale en vertu de la Loi contre des actes de Terrorisme. 

Bien informés tous les Cubains sur le régime doux de la prison à Cuba avec des réductions importantes de peines comme prix pour le bon comportement, beaucoup de délinquants ne craignent pas la prison.

Dans le cas de ces trois terroristes on a appliqué la peine établie par la Loi. Et vu les circonstances où leur acte de terrorisme avait eu lieu, ainsi que le plan de déstabilisation politique par de tels actes et les tentatives de décourager le tourisme vers Cuba, désormais ayant pu être considérée non sécuritaire pour le tourisme international, avec de sévères conséquences économiques pour le pays, pour l’alimentation de la population et pour la santé de malades,  ratifiée par le Tribunal Suprême la peine établie par la Loi, le Conseil d’État a décidé de ne pas utiliser ses facultés de gracier les terroristes.
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Pour expliquer (et non pour justifier) l’exécution de ces trois pirates en mars, il faut rappeler qu’il y avait eu sept détournements d’avions et d’embarcations entre août 2002 et mars 2003, que ces détournements (violents) avaient mis la vie de centaines de passagers en danger.

 .....14 février 2011 21:21 xxxxxxxxxxxxx

Un aspect très important du contexte international où ces actes de terrorisme se sont produits, c’était l’hystérie triomphaliste du gouvernement Bush et de la maffia anticubaine de Miami par la guerre d’agression  déclenchée contre l’Irak, justement quelques semaines avant le fait en question. On n’ignore pas les mots d’ordres criés à Miami : « Tout d’abord Saddam, ensuite Castro ! ». Il ne fallait que trouver le prétexte et Cuba serait devenue l’un parmi les « 60 coins obscures du monde » où Bush pouvait venir combattre le soi-disant terrorisme. Au milieu de l’hystérie antiterroriste de Bush, une nouvelle vague de Cubains déferlant sur le territoire des  États-unis, serait devenue une question de sécurité nationale. D’autant plus que le contrôle dans les frontières devait être absolu après les évènements du 11 septembre 2001.
S’agirait-il  d’une masse de terroristes de Fidel Castro déguisés en dissidents  venant aux États-unis pour faire collapser le système de sécurité nationale et la paix des citoyens américains ?  Des raisons suffisantes pour une invasion contre Cuba !

Il fallait arrêter drastiquement le projet macabre de cette vague de détournement d’avions et  de navires vers les États-unis, et toujours avec un respect strict de la Loi.
Il fallait décourager, par l’application stricte de la « Loi 93 contre les actes de Terrorisme, du 24 décembre 2001, toute nouvelle tentative de prise d’otages, de détournement d’avions et d’embarcations, sous peine de voir tomber tout le poids de la Loi sur les exécuteurs d’actes de terrorisme.

Les autorités cubaines n’ignoraient pas le scandale qui allaient organiser justement les instigateurs de tels actes de terrorisme et ses  serviles acolytes européens, toujours prêts, en ce qui concerne Cuba, à condamner la victime et non le victimaire, parce que ce serait condamner les États-unis et leur politique d’instigation et protection du terrorisme contre Cuba qu’ils n’ont jamais condamné dans la Commission de Droits de l’Homme ou dans le Conseil Européen.

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 Les autorités états-uniennes se sont appliquées à frustrer toute tentative fructueuse d’acquérir des armes ou de préparer une expédition, lorsqu’elles en avaient  l’information. De la sorte, elles ont boycotté  la lutte pour l’indépendance de Cuba. Elles offraient des informations aux autorités espagnoles sur les mouvements des patriotes cubains aux États-Unis de manière à empêcher à tout prix que le rêve de Jefferson se voit frustré par  l’indépendance de Cuba.

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QUESTION:   

Pascal  Rouvoi, étudiant secondaire   


 QUESTION :           

Pourquoi Cuba considère-t-elle que les cinq Cubains accusés d’espionnage et condamnés à de lourdes peines aux États-unis comme des Héros?

RÉPONSE :

Tout d’abord,  ils ne sont pas des espions. D’après le droit international et le ´Code pénal  des États-unis,  pour que une personne puisse être accusée d’espionnage, il faut prouver que la personne a essayé de s’approprier  des documents de sécurité nationale, de la défense ou des relations  étrangères du pays en question.  Dans le cas de ces Cinq Cubains, on n’a pu jamais prouver qu’ils aient essayé d’obtenir de tels documents ; ils n’ont jamais essayé de pénétrer dans des endroits où l’on puisse générer de telles informations, et on ne leur a pas préposé un seul document d’une telle catégorie, capable de faire dommage à la sécurité nationale des États-unis ou à leur relations internationales. Alors sans documents d’espionnage, il n’y a pas d’espionnage

Qu’est-ce qu’ils ont au juste fait ? Ils ont infiltré des groupes terroristes d’origine cubaine qui avaient déclenché une offensive terroriste contre des installations touristiques cubaines, dont la vague d’attentats terroristes contre des hôtels à La Havane où avait perdu la vie  le touriste italien Fabio di Celmo, résident à Montréal.. Cuba avait dénoncé tout ces actes auprès des autorités américaine pour qu’elles arrêtent les coupables et en finir avec de telles actions qui mettaient en danger la vie de la population civile, des touristes étrangers et boycottaient le développement du tourisme dans le pays. 

Vu que ces autorités ne faisaient rien, Cuba s’est vu obliger d’infiltrer ces groupes, faire le monitoring de  leurs activités et en avertir les autorités cubaines pour les faire avorter. C’est à dire que l’action était un  acte de légitime défense de la part des autorités cubaines.

Pour qu’on puisse avoir une idée sur les raisons que Cuba avait d’infiltrer les groupes  terroristes qui en toute impunité agissaient depuis La Floride contre l’Île, voyons une inventaire des actions terroristes fait depuis le début des années 1990


REPRISE DES ACTES TERRORISTES

Évanouies  les illusions de voir tomber Castro en quelques jours, les terroristes de Miami actionnent une série d’actions à partir de 1992.

4/07/92   attaque contre des objectifs  sur les côtes de La Havane. *
7/10/92   attaque maritime contre l’Hôtel Melia-Varadero  **
2/04/93   attaque contre un bateau chypriote à 7 miles de Matanzas ***
11/03/94  attaque maritime contre l’hôtel Guitart-Cayo Coco
6/10/94     attaque similaire au même endroit
20/05/95   encore attaqué le même hôtel


En 1993, quelques actions terroristes ont été interrompues ou interceptées  par les autorités états-uniennes. Mais,  interrogés par le FBI, ils  sont remis en liberté.

En janvier 1993 sont arrêtés par le service de garde-côtes des États-Unis  5 terroristes dans une embarcation armée avec des mitrailleuses lourdes et  d’autres armements qui naviguaient en direction de Cuba. Ils ont été remis en liberté. Ils ont retourné à Miami et ils n’ont pas été inquiétés, interrogés, enquêtés.

Le 21 mai 1993, sont arrêtés 9 terroristes à bord d’une embarcation  armée  en direction de Cuba. Ils ont été arrêtés, mais remis en liberté quelques mois plus tard par le juge Lawrence King.

Le 12 juillet 1995 arrêté à Miami  des terroristes alors qu’ils se disposaient à participer dans une flottille  et s’infiltrer à Cuba.  Malgré la possession d’armement et des explosifs, ils ont été remis en liberté.

Le 23 janvier 1996  à  Key Marathon  sont arrêtés 5  terroristes  armés,  dans une embarcation qui se dirigeait vers Cuba, Interrogés par le FBI, ils ont été libérés.

Du fait qu’un nombre significatif de terroristes ait été  arrêté in fraganti  et interrogé par les autorités américaines, ces dernières  avaient des informations sur  les exécutants et les commanditaires de ces actions terroristes. Pourquoi n’avait-on rien fait pour les arrêter et proscrire à jamais de telles actions qui empoisonnaient les relations entre les deux pays ?

Devant l’impunité par laquelle   les groupes terroristes de Miami pouvaient préparer des actions contre Cuba, dont seulement quelques-unes étaient  interrompues par  les autorités américaines, Cuba avait  dû  prendre des mesures destinées à connaître d’avance les actions dont elle serait  la victime. Alors elle avait envoyé des agents  s’infiltrer dans les organisations terroristes basées à Miami.

Elle ne pouvait  rien communiquer  aux autorités états-uniennes sur cette action, par des raisons évidentes.  Si les États-Unis finançaient  ces groupes et n’arrêtaient pas leurs actions, c’était par des causes politiques évidentes. Jamais on permettrait des agents cubains  travailler aux États-Unis. Ça devait être en violant la loi états-unienne qui établi l’obligation  de tout agent étranger doit s’enregistrer  auprès du Département de  Justice. C’était le risque qu’il fallait courir pour sauver le pays des attaques terroristes.

Depuis le début du triomphe de la révolution, surtout dans la décennie 1960, la période la plus chaude et meurtrière du terrorisme contre Cuba et des menaces d’invasion militaire, dont celle ratée de la Baie des Cochons,  Cuba a dû infiltrer des  agents aussi bien dans les organisations terroristes que dans la CIA, elle-même, qui venait les recruter. Mais elle n’a jamais eu des espions. C’était des agents qui devaient envoyer l’alerte d’avance sur une attaque ou une action terroriste contre le pays. Précisément grâce à ces agents, Fidel Castro restait vivant (combien des plans de magnicide la CIA n’avait-elle organisé contre lui ?). Combien de milliers de personnes  n’avaient-elles sauvé leur vie grâce aux informations  de ces agents ? Et même avec ça le terrorisme avait provoqué presque 3 500 victimes mortels et plus de 2 000 handicapés ou blessés.
Si les États-Unis, au lieu d’encourager le terrorisme contre Cuba, se livraient à l’empêcher et juger les terroristes, Cuba n’aurait jamais eu besoin d’infiltrer des agents dans les organisations terroristes.


Interviewé par CNN en octobre 1998, suite à la détention de plusieurs agents cubains infiltrés  dans  ces organisations de Miami, Fidel Castro  a répondu : […] « Oui, nous avons parfois envoyé des citoyens cubains qui se sont infiltrés dans des organisations contre-révolutionnaires, pour informer sur les activités destructives contre notre patrie. Et je crois que nous avons le droit de la faire tant que les États-Unis toléreront que depuis leur territoire, on organise des sabotages, des incursions armées, le mitraillage d’installations touristiques, l’introduction d’armes, d’explosifs et, surtout, la réalisation des attentats terroristes brutaux ».

Grâce à l’action héroïque  des agents cubains infiltrés dans les organisation  terroristes, Cuba avait réussi à découvrir un plan encore plus macabre que celui où la destruction, en plein vol d’un  avion cubains en Barbade, en 1973, avait coûté la vie de 73 personnes .Mais voyons tout  d’abor les avances de ce plan.



NOUVELLE VAGUE DE TERRORISME ET CONTACTS DIPLOMATIQUES

Le nouveau chapitre du terrorisme anti-cubain commence  par une séquence d’explosions de bombes dans des installations touristiques cubaines (au total 8 entre le 12 avril 1997 et le 04 septembre 1997) dont les commanditaires se trouvaient à Miami et en Amérique centrale. Objectif faire peur aux touristes sur le sol cubain et aux touristes potentiels en destination de Cuba et de la sorte faire collapser l’économie cubaine.

Le 12 avril 1997 éclate une bombe dans la discothèque « Aché » de l’hôtel Melia Cohiba de La Havane.
Le 30 avril 1997des forces  spécialisées désactivent une charge explosive au 15ème étage de l’hôtel Melia Cohiba.
Le 12 juillet1997 une bombe éclate à l’hôtel Capri.
Le 12 juillet 1997 presque simultanément  éclate une autre bombe  à l’hôtel National avec le bilan de 4 personnes blessées.
Le 4 août 1997 une autre bombe éclate au Melia Cohiba.
Le 4 septembre 1997,  des bombes explosent dans  plusieurs installations touristiques : à l’hôtel Copacabana, avec la mort  du touriste italien, résident à Montréal, Fabio di x; à l’hôtel Château Miramar ; à l’hôtel Triton ; et dans un  petit restaurant très renommé, « La Bodeguita del Medio »

Depuis la première explosion, Cuba a fait une mobilisation spéciale  dans ses dispositifs de sécurité. Car la cible avait été un centre de tourisme international et un incident  fatal  pourrait être un coup mortel pour le tourisme, devenu par le hasard de l’implosion du camp socialiste, l’industrie fondamentale du pays. La cible d’une telle action était l’image de tranquillité et sécurité  qu’on vendait de La Havane. Détruire cette image rendrait de Cuba un pays de danger pour la sécurité personnelle du touriste, et ce serait donc, la fin de l’insertion de Cuba dans le monde du tourisme international.

Mais à la première explosion  vinrent s’ajouter d’autres, et même si par des notes diplomatiques on protestait  auprès du gouvernement des États-Unis, qui était le seul à pouvoir faire  arrêter ces actions, les résultats étaient nuls. On savait que les commanditaires étaient à Miami, et que c’était des gens qui travaillaient aux ordres de la Fondation National Cubano-Américaine (FNCA) laquelle avait reconnu le 11 août 1997 son soutien à de telles actions, selon un message rendu publique par la Junte de Directeurs de  la FNCA. Ce message présentait  tels actes de terrorisme comme des « incidents de la révolte interne que pendant les dernières semaines  se produisent à travers l’Île ».

Soudain, enfin un appel  au nom du gouvernement des États-Unis. De surcroît, fort bizarre. Serait-il le signe d’un changement suite aux dénonciations internationales faites par Cuba ? Les organisations  terroristes de l’exile cubain circulaient librement, passaient des messages à la radio et la télévision, organisaient des meetings publiquement, librement, sans être inquiétées, stoppées, par  le gouvernement qui les avait donné naissance pour les utiliser dans la lutte contre Cuba. De la même manière où ces autorités auraient pu éviter  la mort des 73 personnes dans la destruction de l’avion cubain  en Barbade, car elles avaient toutes les informations et même deux bombes avait fait explosion dans  les gares de Kingston et de l’aéroport Kennedy, avant  la bombe dans l’avion de Barbade.  Ce que Cuba avait réussi à obtenir, c’était, tout au plus, que les garde-côtes américains arrêtent momentanément les terroristes, que le FBI les interroge pour ensuite les laisser en liberté.

Et maintenant, voilà ! Un  appel du Chef du Bureau des Intérêts Américains à La Havane,  Michael Kozak, le 01 octobre 1997, à 22 :00 heures, au Ministère des Relations Extérieures de Cuba pour prévenir Cuba, à partir des informations en provenance d’un pays tiers, sur une possible action terroriste à être exécutée entre le 01 et le 02 octobre. C’était un geste qui témoignait de la préoccupation des autorités américaines pour la poursuite de ces actes de terrorisme qui avaient frappé des installations touristiques cubaines. Ces contacts ont continué jusqu’au 09 mars 1998 par des échanges d’information.  
Mais Che Guevara avait fait un avertissement un certain jour : […] « ¡ En los imperialistas no se puede confiar ni un tantito así ! » (Aux impérialistes, on ne peut pas se fier même pas un petit peu.)

Le Département de Sécurité de l’État de Cuba qui avait réussi à faire avorter d’autres tentatives d’actions terroristes avait obtenu des informations très précieuses sur  la mise au point par les terroristes d’un projet plus monstrueux pour punir tous ceux qui oseraient voyager à Cuba et couper ainsi Cuba de l’extérieur.
En effet,  des données fiables d’intelligence reçues par cette instance faisaient état d’un plan terroriste encore plus macabre : répéter à grande échelle le crime commis en Barbade le 26 octobre 1976 –la destruction en plein vol d’un avion chargé de passagers par l’explosion d’une bombe placée dans un compartiment de l’appareil.

Cette fois-ci, il s’agissait de placer des engins explosifs dans des avions de passager en destination de Cuba et en provenance de n’importe quel pays de l’Europe ou de l’Amérique, y compris les États-unis d’Amérique. Le dispositif explosif à retardement conçu permettait de programmer l’explosion dans l’avion 99 heures après avoir activé l’engin.

Il fallait écarter à tout prix ce projet. Combien d’innocents  américains, européens, latino-américains pourraient courir le même sort que les 73 personnes mortes au crime de Barbade ?



GABRIEL GARCIA MARQUEZ : MESSAGE À CLINTON


Pour les autorités cubaines, la question en était de ne pas perdre du temps, mais on ne pouvait pas paniquer non plus et tomber dans la tentation de faire une dénonciation internationale qui servirait  précisément aux objectifs des terroristes anti-cubains, à savoir, faire paniquer les touristes potentiels et  couper ainsi les voyages vers Cuba, ce qui ferait fléchir l’économie cubaine. Il s’agissait donc de frapper aux portes sensibles  ayant suffisamment de pouvoir pour arrêter  la tragédie dans ses sources,  et couper donc ses racines.
L’enjeu en était d’une telle envergure et demandait un si haut degré de confidentialité, que la seule instance apte à déjouer ce vaste projet terroriste ce serait le président des États-unis lui-même. Mais comment y parvenir ? Avec la destruction du socialisme en Europe de l’Est et en Russie et les développements politiques subséquents, aucun intermédiaire de cette région n’aurait  le poids nécessaire pour frapper chez le président Bill Clinton. 
Mais voilà qu’aux débuts d’avril,  était rentré d’Europe le Prix Nobel de Littérature Gabriel Garcia Marquez, ami de Cuba et du président  Castro, et, en même temps, une connaissance bien appréciée du président Bill Clinton, lequel aimait sa façon d’écrire et qui l’avait déjà accueilli en  septembre 1997. Il devait faire un atelier de littérature à l’Université de Princeton à la fin avril 1998 et il avait l’objectif de s’entretenir avec Clinton.
Castro a expliqué à Garcia Marquez son dilemme et, connaissant le possible entretien entre Garcia Marquez et Clinton,  lui a proposé d’être le porteur d’un message indirect au président des États-unis Ce serait un message indirect, sans la signature de Castro, pour ne pas compromettre Clinton à  lui répondre. Garcia Marquez a accepté de transmettre le message ; celui-ci portait le titre suivant : « SYNTÈSE DES PAROLES EXPRIMÉES À GABRIEL GARCIA MARQUEZ ...À TRANSMETTRE CONFIDENTIELLEMENT AU PRESIDENT CLINTON »
Garcia Marquez a fait les démarches pour être reçu par Clinton mais ceci n’a pas été possible, à sa place, il a été accueilli par du personnel de son entourage et en son nom.
Mercredi le 6 mai, à 11 :15 du matin, il s’est réuni, dans la Maison Blanche, au Bureau de Thomas ‘Mack’ McLarty, avec les personnes désignées par le président Clinton pour recevoir ces informations confidentielles et très sensibles : Thomas ‘Mack’ McLarty,  Conseiller du président pour l’Amérique Latine,  Richard Clarke, Directeur principal pour les Affaires Multilatérales et Conseiller du président pour la politique internationale, dont la lutte contre le terrorisme et contre le trafic de drogues ; James Dobbins, Directeur principal du Conseil National de Sécurité (NSC) pour des affaires interaméricains et Conseiller du Président pour l’Amérique Latine et les Caraïbes ; et Jeff Delaurentis, Directeur des Affaires interaméricaines au NSC et Conseiller spécialisé sur le thème Cuba.
Le message a été délivré par écrit à McLarty et commenté  verbalement par Gabriel García Márquez.
Suite à cette réunion et au message en question, trois jours plus tard, le 9 mai 1998, le chef ad intérim de la SINA, porteur d’un message du gouvernement états-unien, est reçu au MINREX cubain. À ce contact se succèdent d’autres entre les deux parties, aussi bien à Washington qu’à La Havane, les 11, 12  et 20 mai 1998 ; les 3, 4, 5 et 6 juin. Ceci démontre le bien-fondé du message et de la démarche de García Marquez.
Suite à ces contacts, le 8 juin se produit la première action américaine en fonction de prévenir le terrorisme contre les avions : l’Agence Fédérale d’Aviation émet une circulaire aux compagnies aériennes  desservant les routes vers Cuba en leur informant des présumées tentatives d’attaques terroristes contre les avions. (Cuba était contraire à cette démarche par ses conséquences sur le tourisme).

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Les autorités cubaines informèrent également Washington des agissements illégaux qui se tramaient à Miami.

[…]« En juin 1998, une délégation étasunienne incluant deux agents du FBI fut envoyée à Cuba ou elle reçut quatre volumineux dossiers, deux heures quarante-cinq minutes de matériel vidéo et huit cassettes audio regroupant des renseignements sur les agissements terroristes des groupes d'extrême droite de Floride. En réponse, les cinq cubains furent arrêtés pour espionnage ». 29







ACCUSÉ                PEINE            ADDITIONNELLE

Gerardo Hernandez Nordelo        deux perpétuités    +    15 ans de prison
Ramon Labañino Salazar        perpétuité        +    18 ans de prison
Antonio Guerrero Rodriguez        perpétuité        +    10 ans de prison
Fernando Gonzalez Llort        19 ans de prison
René Gonzalez Sehwerert        15 ans de prison
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RÉPONSE:


QUESTION:   

Paul Villeneuve, retraité, professeur d’histoire.

En ce qui concerne le cas de Gerardo Hernández Nordelo, je considère que c’est une flagrante injustice, une vengeance, une manipulation judiciaire brutale, dépourvue de tout support légal. Accuser Hernández Nordelo de conspiration pour assassiner au premier degré dans le cas des pilotes des avionnettes qui ont été abattues  sur les eaux juridictionnelles de Cuba est  une monstruosité qui a conduit à ce que cet homme soit condamné à deux prisons à vie  plus 15 ans. C’est évident que Hernandez Nordelo ne pouvait pas commander depuis Miami  la destruction des avionnettes, il n’était pas au centre  de vol d’Opalocka pour savoir le point exacte où se trouvaient les avionnettes et ordonner leur destruction. Au préalable, il ne savait non plus le plan de vol de pilotes pour pouvoir conspirer avec les autorités cubaines et leur dire heure exacte et point exacte où les appareils devraient être abattus. D’autant plus que des avertissements cubains et des autorités fédérales de la FAA, avaient interdit de survoler les eaux territoriales de Cuba.

Pourtant, au-delà des règles du droit international qui autorisent toute nation d’abattre tout avion qui violerait illégalement son espace aérien, le fait de détruire aux missiles de MIG-23 deux avionnettes civiles ne constitue pas une erreur, un excès d’utilisation de la force ? N’y avait-il pas un autre moyen pour faire descendre ces avions sur un aéroport cubains et procéder d’après la loi à les inculper de violer   l’espace aérien cubain ?


RÉPONSE:

Il y a, tout d’abord, plusieurs volets  dans cette question. Avionnettes civiles ? 
25 octobre 1959 un avion civil B-25 a bombardé la ville de La Havane ;
18 février 1960 un  avion civil Piper Comanche  250 conduit par le pilote américain Robert Ellis Frost et un ancien policier de Batista, Onelio Santana  Roque, a éclaté dans l’aire  au moment de bombardé la sucrerie « España Republication»,  dans la province de Matanzas ;
21 octobre 1996, lorsqu’un avion monomoteur, inscription N3093, au service du Département d’État états-unien, a fait plusieurs aspersions d’une substance  sur le « corridor  aérien Giron ».  Un mois demi plus tard, le 18 décembre 1996, dans la même zone  est apparue une maladie dans des plantations de pomme de terre de Matanzas, ensuite el s’est répandue à l’est et l’ouest, affectant des provinces dans les régions centrale et occidentale : le  Thrips palmi qui a affecté plusieurs provinces dans les régions centrale et occidentale. 
Le 5 septembre 1963 des avions en provenance des États-Unis ont essayé de bombarder des zones industrielles de Santa Clara. Ils ont bombardé la ville. Il y a eu des morts et des blessés, dont l’instituteur Fabric Aguilar Noriega.
Des millions de tonnes de canne à sucre ont été brûlées par des avionnettes « civiles » en provenance des États-unis.

Dans de telles circonstances, où je ne vous ai montré que la pointe de l’iceberg, et aux moments où la droite cubano-américaine misait sur la destruction du socialisme cubain, à l’instar de ce qui s’était passé en Europe de l’Est et l’ancienne URSS ; seulement que cette fois-ci  on le cherchait par des voies violentes, par une provocation obligeant les États-unis  à accélérer la chute du socialisme  à Cuba à travers  une invasion militaire. Pouvait-on considérer  ces appareils comme des avions  civiles ?  â un moment si dangereux pour l’histoire de Cuba,  pouvait-on présumer que ces avions ne portaient pas des virus, des explosifs ou d’armement ?

En tout cas, avant de se lancer à cette provocation, à ce défi contre l’État cubain, les pilotes auraient dû s’en tenir à l’avertissement officiel fait par l’OACI et par l’Agence Fédérale d’Aviation des États-unis, interdisant tout survol de l’espace aérien de Cuba.  Ainsi donc, le fait de les abattre était parfaitement légal.  Ne pas le faire aurait été une faiblesse  que la population cubaine ne pardonnerait pas, mais la communauté internationale non plus, car on aurait considéré  cela un signe de faiblesse  à partir duquel tout serait possible car les communiqués officiels du gouvernements cubain ne signifieraient plus que du bla bla bla. Ce serait le signe de portes ouvertes à n’importe quel provocation car les « faibles » autorités cubaines n’avaient plus de pouvoir.

Mais il y a un autre volet dans votre question, à savoir s’il y a avait des moyens autres que les missiles pour faire descendre ces avions et épargner la perte de vies humaines.

Sans être un expert en questions militaires, je suis persuadé que OUI, mais au risque de la  vie des pilotes intercepteurs. Car vous placez deux avions intercepteurs aux côtés d’un avion intrus pour l’obliger de descendre et vous ne savez pas si la réponse sera des coups de mitrailleuse contre la cabine des avions intercepteurs ou même des missiles sophistiqués  du genre Bazooka. On pourrait aussi bien ouvrir le feu de mitrailleuse contre le moteur pour obliger le pilote à se lancer en parachute et le récupérer dans la mer… Ce n’est que des hypothèses devant un fait accompli et de surcroît parfaitement légal.

Toute tentative de dénoncer Cuba par le fait de la destruction de ces avions est injuste, même si toujours il peut rester dans la conscience le doute sur la possibilité d’avoir évité les pertes de ces vies humaines, même si c’était des terroristes.

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QUESTION:       
           
Pourquoi  presque la moitié des Cubains veulent quitter Cuba vers les États-Unis, au prix de milliers de morts  cherchant à traverser le détroit de la Floride?

RÉPONSE:

Il faut tout d’abord  placer le phénomène de l’émigration  depuis Cuba jusqu’ à La Floride dans son contexte historique.

Cette émigration n’est pas née avec la Révolution cubaine, mais avec la conquête de la Floride par l’Espagne en 1565. Depuis lors un pont d’émigration a existé. Des Espagnols qui voyaient Cuba sans richesse faciles ont cru pouvoir les trouver en Floride  avec la colonisation espagnole, et alors ils partaient à la grande aventure du Nord.  Il faut ne jamais oublier que La Floride Occidentale étaient une possession espagnole, comme plus tard la été la Louisiane, jusqu’en 1803.

Cette situation a duré  des siècles, jusqu’à l’indépendance des Treize Colonies, qui ensuite sont devenues  “les États-unis d’Amérique”,  et l’intégration postérieure de La Floride et la Louisiane à ce pays.

Cuba (étant)  condamné par l’Espagne à la pauvreté économique, au sous-développement, et l’oppression coloniale, la nouvelle  République née au Nord, terre d’immigration, a été un attrait naturel pour les créoles cubains, les voisins les plus proches, à part les Mexicains et les Canadiens (). Ainsi une nouvelle vague  d’immigrants est partie depuis Cuba et a aidé au développement de La Floride et des villes comme Key West.

Ce flux naturel a duré des siècles, avec  les deux composantes sociologiques: immigrants économiques et immigrants politiques. Et précisément dans cette émigration a trouvé la lutte pour l’indépendance de Cuba  le plus précieux soutien, aussi bien pendant la Guerre des Dix Ans, que pendant la Deuxième Guerre d’Indépendance organisée par José Marti.

Pendant la période du protectorat américain ou de pseudo république,  la situation n’a pas changé. Une partie de la population  se voyait coincé entre l’oppression politique par les régimes  dictatoriaux  et la pauvreté du  pays sous-développé. Alors le Nord est resté  la terre d’espérances pour améliorer les conditions de vie. Ainsi la plupart des émigrants  cubains vers les États-Unis  dans la décennie 1950-59 étaient des  émigrants économiques, le reste, des émigrants politiques et un nombre plus petit des émigrants  pour réunification familiale. Sans négliger  une fraction de la couche riche qui vivait dans les deux pays et plaçait  son argent ou l’investissait  aux États-Unis, où ils pouvait  obtenir plus de gain.

Et voilà le contexte où devra se développer les nouvelles vagues d’émigrants  cubains vers les États-Unis à partir du 1er janvier 1959.

CRAINTES  A CAUSE DU COURS  TENDU DES RELATIONS AVEC LES USA.

Au début de la révolution, la  seule fraction dans le soutien de la révolution, au-delà des anciens agents de la répression  et d’autres compromis avec la dictature –une opposition naturelle--  commençait à cuver autour de l’affrontement  avec  le gouvernement des États-unis  Les secteurs bourgeois et petit-bourgeois, les familles aisées ayant des intérêts économiques liés aux relations avec les États-unis, voyaient mal cet affrontement.  Elles se disaient : « avec les Américains TOUT, si méchants qu’ils soient, contre les Américains  RIEN,  si injustes qu’ils soient. Ils vont nous écraser ».

Alors à l’émigration des gens compromises  avec la dictature, vînt s’ajouter celle des  gens de secteurs privilégiés qui avaient peur  d’un affrontement contre les américains qui, d’après eux,  viendraient remettre les choses à sa place. Dans la guerre qui s’approchait, il fallait être  du côté  des vainqueurs : les Américains.

  PETER PAN

Opération Peter Pan: La question du retrait de la garde des enfants aux parents a été  une des calomnies utilisée en 1917 contre la Révolution russe, d’après l’écrivain Mijail Sholojov. Maintenant, elle était utilisée contre Cuba, ‘à sa tête,  un  monseigneur Walsh, subordonné de l’évêque de Miami. Ils ont même rédigé une fausse loi où avait participé même Angel Fernández Varela, ancien professeur d’économie politique de  Fidel Castro au Collège de Belém, qu’ils ont fait circuler  dans les pays, distribuées dans les églises catholiques pour faire peur à la population  et pour qu’elle envoie les enfants aux États-unis.
Pour accroître  comme une bombe à retardement  le mécontentement des parents trompés, séparés de leurs enfants, le gouvernement des États-unis, après avoir fermé les vols vers ce pays, rejetèrent une proposition du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés  de payer le voyage des parents pour qu’ils se réunissent avec leurs enfants. 

2b
QUESTION DE L’ÉMIGRATION VERS MIAMI

L’émigration depuis Cuba vers  “el Norte”  (le Nord, les États-unis) était une réalité depuis la nuit des temps coloniaux où ces territoires étaient non colonisés, soit, sous l’autorité des autochtones, ou colonisés sous les drapeaux de l’Espagne, de la Grande Bretagne ou de la France. Ne pas oublier que de Cuba sont partis les conquérants espagnols vers le nord pour coloniser La Floride et le Mexique.

Puis, après l’indépendance des Treize Colonies et la constitution des États-unis comme une nation indépendante, une forte émigration cubaine s’y est établie, surtout dans la Floride, et a été le support essentiel de la lutte des Cubains pour leur indépendance, aussi bien dans la Guerre des Dix Ans (1868-1878) que dans la Guerre de 1995-98.

Ainsi l’émigration cubaine vers le nord, essentiellement à la recherche de meilleures conditions de vie, a été un fait naturel, depuis l’époque coloniale jusqu’à l’avènement de la révolution. Encore, il y a la composante minoritaire de ceux qui partaient  vers le nord pour des raisons politiques.

Dans la première moitié du XXème siècle  l’émigration cubaine  vers Miami s’est renforcée surtout  vers les années 1940. Ainsi déjà en 1945,  la seule  entreprise aérienne  Pan American World Airways avait dix vols par jour  Miami-Havane. Ceci montre le flux croissant et important des relations entre  cette ville états-unienne et Cuba, étant seulement à 90 milles du territoire cubain.  Mais aussi, cela montre le volume des relations entre Cuba et les États-unis à l’époque.

Vers 1955 les Cubains avaient des investissements à Miami pour un montant de  150 millions de dollars, sans  compter l’argent en banque  transféré par les politiciens corrompus et les entrepreneurs privés.

Étant Miami seulement à 90 milles de La Havane, cette dernière est devenue un marché naturel pour se ravitailler en  certains produits  agricoles, dont des légumes et des fruits ;  cette ville-là  était plus proche de Cuba  que de certaines régions agricoles au territoire même des États-unis, pour se ravitailler en légumes fraîs et en fruits tropicaux. Ceci favorisait le commerce entre les deux villes et  les investissements Cubains à Miami faits par des entrepreneurs en  d’assurer  leurs infrastructures  commerciales. Ils même  investissaient leurs profits dans d’autres domaines dans cette ville, dont la bourse et le secteur bancaire pour gagner  des intérêts plus élevés.

Les chiffres globaux du transfert monétaire  depuis Cuba  vers les États-unis, à titre de profits des entreprises américaines étaient milliardaires. Et le chiffre de transfert par des cubains, au cours des  décennies 1940 et 1950  se chiffrait à des centaines de millions de dollars.

L’émigration cubaine vers les États-unis et vers Miami après le triomphe de la révolution était un phénomène naturel, car  l’émigration cubaine vers le territoire états-unienne remonte à l’époque coloniale et s’est poursuivie à l’époque néocoloniale parce que les gens cherchaient de meilleurs conditions de vie, la prospérité économique impossible dans le  cadre de pauvreté et la pénuries d’opportunités de travail  que le pays pouvait offrir.

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Tout de suite après le triomphe même de la Révolution, le premier janvier 1959, la question migratoire s’est posée avec acuité dans les deux directions. Il y a ceux qui revenaient de l’exile où ils avaient été refoulés par la dictature de Batista et ceux qui partaient fuyant la révolution, soit parce qu’ils avaient des implications avec de faits de la dictature, soit parce qu’ils avaient des familles qui partaient ou étaient partis de peur de la voie qu’allait prendre la Révolution dans l’affrontement avec les Américains qu’on a prévu  à quelques semaines seulement de la victoire du premier janvier.


Entre 1959 et 1962, il y a eu une première grande foulée d’émigrés cubains vers Miami, c’étaient  des gens, avec leurs familles, liés soit à la dictature de Batista, soit aux entreprises privées des  secteurs de l’agriculture, l’industrie ou les services, affectés par les  lois  révolutionnaires, soit, encore des gens liées aux entreprises américaines nationalisées. Des chiffres conservateurs dénombrent  pour cette première vague quelque 274 000 personnes.

En effet, cette nouvelle vague d’immigrants cubains qui fit irruption dans la Floride et fut intégrée comme immigrants politiques. Les États-Unis ont accueilli les bras ouverts les criminels de guerre, les  tortionnaires, les voleurs de fonds étatiques,  les affidés consanguins de la dictature renversée. Puis, en application du document  « A Program of Covert Operation Éducation the Castro Regime » (ANNEXE I) ils ont choisi parmi ces immigrants ceux qui devraient être les nouveaux « combattants pour la démocratie ».

Ces émigrés se concentrèrent  à Miami dans un quartier  qu’on a ensuite appelé Little Havana,  pendant longtemps le bastion de la contre-révolution cubaine aux États-unis. Là se  donnèrent rendez-vous les anciens affidés du dictateur Batista, des tortionnaires et assassins comme  Esteban Ventura Novo, Lutgardo Martin Pérez,  Rolando Masferrer et autres, ainsi que  de grands propriétaires fonciers,  industriels, immobiliers, une intellectualité bourgeoise formée par des professionnels libéraux et des cadres supérieurs liés à l’entreprise états-unienne, des trafiquants  de drogues, des politiciens vénaux, des saccageurs du trésor de la nation, des exploiteurs du jeu et de la prostitution liés à la mafia italo-américaine, des ancien fonctionnaires de la tyrannie. Enfin ceux qui avaient beaucoup à perdre avec la justice révolutionnaire annoncé par Castro et avec les mesures révolutionnaires de justice sociale qu’on avait commencé à appliquer depuis les premiers mois  de 1959..
Beaucoup de ces personnes profitèrent le fait que les guérilleros de Fidel Castro n’avaient pas d’expérience maritime ou  aérienne, ni d’expérience pour  sauvegarder les frontières et les douanes. Alors c’était très facile d’embarquer avec tout l’argent, les bijoux et les objets des valeurs possibles et partir dans  un yacht privé ou une avionnette en direction de Miami. Comme ça, on saccagé en peu de semaines  le trésor public et la nation est restée  insolvable, privée de toute liquidité, à « l’An  Un » de l’assomption du pouvoir par les révolutionnaires.
Pour en avoir une idée, seulement le dictateur Batista était parti avec plus de 40 millions de dollars. Ses partisans seraient partis avec quelle quantité ? Et c’était le trésor de la nation, que Cuba a inutilement  réclamé aux autorités états-uniennes, de même que l’extradition des assassins, des tortionnaires, des voleurs du trésor et des biens publics. Le gouvernement  américain s’en est refusé.
Suite aux premières mesures  de révolution sociale portant atteinte aux intérêts privés une nouvelle masse d’immigrants a déferlé sur Miami : des professionnels, techniciens et agents économiques liés aux entreprises états-uniennes, invités par ces entreprises a émigrer avec garantie de travail ;  des  professionnels de l’activité privée, notamment des médecins, à tel point que dans le secteur de la santé où la médecine privée était fondamentale, les promesses de validation des diplômes et de travail assuré  ont provoqué un drainage brutal de personnel du système de santé, à tel point qu’ ils sont restés à Cuba seulement  quelques 3 500 médecins. C’était une décapitalisation de l’intelligentsia du pays

À ces gens-là sont venus s’ajouter leur familles et des  gens de la petite et la moyenne bourgeoisie qui craignaient  l’affrontement  entre les États-unis et Castro, et qui pensaient revenir victorieux ou avec les vainqueurs une fois détruite par les Américains la révolution de Castro. Tant il est vrai qu’il y en eu par dizaines qui ont caché leurs trésors d’objet de valeur dans de faux murs  creusés dans leurs résidences, dans des puits creusés dans  des jardins, dans des compartiments  secrets construits sous le carrelage, etc.
               

CUBAN ADJUSTMENT ACT


Le 02 novembre 1966, on a voté la «Cuban Adjustment Act », loi qui a favorisé l’émigration illégale… Seulement en 1995, on a décidé de maintenir ce principe d’émigration illégale et de déstabilisation, d’après lequel tout Cubain qui toucherait le sol des États-Unis serait immédiatement admis avec permis de résidence et  subvention économique jusqu'à ce qu’il aura un emploi.

Ainsi, comment ignorer les effets dévastateurs de cet instrument juridique, La Loi d’Ajustement Cubain, qui accueille les bras ouverts les immigrants illégaux avec  la garantie de permis de résidence, assistance sociale et travail, ce qu’on ne fait  avec des immigrants illégaux d’aucun pays du monde (même et surtout du Mexique), à l’exception de Cuba pour  encourager  l’émigration illégale et s’en servir pour la propagande anticastriste. Elle est à l’origine de la mort en haute mer  d’un chiffre inconnu d’immigrants illégaux. Mais aussi elle est à l’origine d’une panoplie des délits qui vont depuis le vol d’embarcations et d’avions jusqu’à la prise d’otages et d’autres actes terroristes, dont des meurtres, en toute impunité.  Ceux qui assassinaient des  personnes pour assurer le moyen de transport pour entrer aux États-unis, y étaient accueillis comme des héros anticastristes s’étant battu contre les agents répressifs castristes.


STATUT DE     RÉFUGIÉ


En violant les critères définis par les organismes internationaux, les États-Unis qualifient systématiquement "réfugié politique" tout Cubain foulant leur territoire; ainsi ils transforment la migration en événement de nature politique.

Dans un contexte de guerre froide, ils ont élaboré une définition très large  qu’ils appliquaient partant de la loi Walter-McCarran (1952) qui avait été votée pour stimuler l'émigration des Pays de l'Est.
           
Ils ont ratifié, en 1969, la convention des Nations Unies de 1949, et en 1980 ils ont adopté les critères de l'ONU lorsqu’ils ont voté le "Refugee Act" (Loi sur les Réfugiés). Pourtant rien n’a changé sur ce sujet en ce qui concerne l’émigration cubaine.
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La pierre angulaire de la stratégie américaine pour déstabiliser Cuba, depuis les débuts même de la révolution a été, au-delà des agressions armées, l’établissement en Février 1961, du Programme pour les Réfugiés cubains («Cuban Refugee Program») destiné à promouvoir l’émigration cubaine vers les États-Unis tout d’abord de l’intelligentsia, afin de vider le pays de la force technique nécessaire pour continuer à faire fonctionner l’économie et les institutions. Puis pour promouvoir l’émigration illégale et l’utiliser comme arme de propagande contre le système.

Ce programme s’est fait accompagner de la Loi sur la migration et l'assistance aux réfugiés (Migration and Refugee Assistance Act) votée en 1962. Après avoir suscité des espérances sur une émigration ordonnée, elle a été frappe, la même année, de la décision du président Kennedy de suspendre les vols entre les États-Unis et Cuba de manière à fomenter un mécontentement massif qui pourrait promouvoir le renversement du régime de Castro.

Et certainement ce mécontentement  est née, car beaucoup de familles avait été divisées; un cas dramatique c’est celui des 14 000 enfants victimes de «l’Opération Peter Pan », qui se sont vus ensuite adoptés par des familles américaines ou internés dans des centres d’accueil pour des enfants sans abris où ils ont été victimes des plus cruels mauvais traitements, dont des abus sexuels.

Les autorités cubaines ont cherché une réponse : l’ouverture en 1965 du port de Camarioca, au nord-ouest de l'île, afin de permettre aux bateaux des émigrés cubano-américains de venir récupérer leurs familles dans des conditions de sécurité suffisantes.

Durant les mois d'Octobre et de Novembre de cette année, environ 2.700 personnes émigrèrent par ce moyen. Vu que l’affaire pouvait les déborder les autorités migratoires américaines se sont vues obligées d’essayer de se pencher conjointement avec les autorités cubaines  sur le traitement de la question en vue de parvenir à une émigration ordonnée. Alors les États-Unis sont convenus avec Cuba de signer,  en décembre 1965, le "Memorandum of Understanding" qui est resté inscrit comme le premier accord migratoire bilatéral.

Pourtant, ils n’ont pas accepté d’aborder la question d’un accord pour  mettre fin ou décourager l’émigration illégale, laquelle représentait pour les États-unis une arme politique.

Pour Castro, l’ouverture du port de Camarioca avait été aussi une arme politique. Tout d’abord, il acceptait un défi : permettre une émigration massive vers les États-unis qui avait un caractère de référendum sur le soutien à la Révolution; deuxièmement, il se libérait des éléments contestataires qui pouvaient constituer une opposition organisée, d’autant plus que c’était, pour la majorité, des membres des familles riches liées à la dictature ou à l’intelligentsia bourgeoise; et enfin, ceux qui partaient se voyaient confisqués leurs biens, surtout les logements, dont l’état avait un très grand besoin à cause de la situation  désastreuse où la dictature avait laissé le patrimoine de l’habitat.

Après tout il y avait un gain, même si l’objectif fondamental n’avait pas été acquis dans  sa totalité : la fin de l’émigration illégale et l’établissement d’un programme d’émigration légale et ordonnée.


La présence cubaine  à Miami a été bénéfique  pour sa croissance  économique et démographique. En effet, à la croissance démographique déterminée par le nombre croissant d’immigrants cubains est venue répondre un essor économique important. Ainsi, il s’est enregistré une importante croissance démographique notamment de  population, hispanophone, dont la majorité sont des Cubains. Seulement  dans la décennie 1980 - 1990, il y a eu une croissance de plus de 30% suite à la crise des « balseros » de 1980 et à  l’immigration légale qui a succédée au traité migratoire de 1984. 


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QUESTION :

Rémy Lavergne, professeur.

Nous avons visité est logé dans de différentes communautés rurales, et nous avons pu constater que les gens sont mieux logés que beaucoup de personnes vivant ici dans la capitale. En général, des maisons bien construites, sans délabrement, comme on voit ici dans la capitale : inexistence de bidonvilles, maisons peinturées, avec jardin, des potagers et des cours ensemencées.
Il y a eu seulement deux aspects constructifs qui ont attiré notre attention, le manque d’intimité entre les chambres dans certaines maisons et l’existence de lattrines sanitaires en dehors de la maison, un aspect hygiénique important.

RÉPONSE :
Dans le monde rural, avant 1959, la plupart des maisons paysannes étaient des « bohios » ; soit des maisons  faites en bois de palmier et toiture faite en feuille de palmier ou tôles de zinc. C’était un compromis de Fidel Castro dans le « Programme de la Moncada » de lutter contre cet état de choses. C’est pourquoi, après la réforme agraire de mai 1959, on a commencé, avec l’Armée, un plan de construction de logements pour les paysans en ciment et briques.  On a proposé aux familles vivant isolées de construire des communautés où elles pourraient avoir de l’eau potable, des écoles, des services médicaux et surtout l’électricité. Ce fut l’origine de  beaucoup de communautés que vous avez vu. Et logiquement, ces maisons n’ont rien à voir avec les vieilles et très vieilles maisons de La Havane et d’autres localités suburbaines. Par ailleurs, l’État a misé également sur la création de fermes agricoles étatiques dans des grandes plantations.  Comment assurer la force de travail ?  En construisant des communautés avec tous les services.
Mais il y a encore une autre raison pour voir de très bonnes constructions dans les communautés rurales. Les maisons sont construites par les familles paysannes, elles-mêmes, avec un crédit de l’état pour les matériaux. Car ces paysans avaient une vente assurée de leur production et cela leur donnait une autonomie financière qui leur permettait de fabriquer des maisons propres. De là la différence entre des maisons qui semblent des HLM dans une communauté et d’autres qui sont des véritables palais.

Pourtant, la célérité avec laquelle on avait commencé à construire les maisons paysannes et la pénurie de ressources en bois, par exemple, a fait que dans le dessein des maisons, on ait suivi le modèle traditionnel de l’architecture paysanne : à l’intérieur des maisons la porte d’entrée de la chambre à coucher était remplacée par un rideau en étoffe.  Ceci sacrifiait   la vie privée des adultes. Mais cela a été comme ça toute une vie. C’était là les constructions traditionnelles paysannes.

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QUESTION :

Lucien Belleville, professeur   
           
Pourquoi une grande partie des Cubains veulent quitter Cuba vers les États-unis ? On sait qu’en cherchant à traverser le Detroit de la Floride, il y aurait du avoir des centaines de morts. Des cas comme celui de l’enfant Gonzalez en sont une preuve.

RÉPONSE :

Il faut tout d’abord placer le phénomène de l’émigration depuis Cuba jusqu’ à La Floride dans son contexte historique.

Cette émigration n’est pas née avec la Révolution cubaine, mais avec la conquête de la Floride par l’Espagne en 1565. Depuis lors un pont d’émigration a existé. Des Espagnols qui voyaient Cuba sans richesse faciles ont cru pouvoir les trouver en Floride avec la colonisation espagnole, et alors ils partaient à la grande aventure du Nord.  Il faut ne jamais oublier que La Floride Occidentale étaient une possession espagnole, comme plus tard l’a été la Louisiane, jusqu’en 1803.

Cette situation a duré des siècles, jusqu’à l’indépendance des Treize Colonies, qui ensuite sont devenues “les États-unis d’Amérique”, et l’intégration postérieure de La Floride et la Louisiane à ce pays.

Étant Cuba condamné par l’Espagne à la pauvreté économique, au sous-développement, et l’oppression coloniale, la nouvelle  République née au Nord, terre d’immigration, de surcroît, a été un attrait naturel pour les créoles cubains, les voisins les plus proches, à part les Mexicains et les Canadiens. Ainsi une nouvelle vague d’immigrants est partie depuis Cuba et a aidé au développement de La Floride et des villes comme Key West.

Ce flux naturel a duré des siècles, avec les deux composantes sociologiques : émigrants économiques et émigrants politiques. Et précisément dans  cette émigration a trouvé la lutte pour l’indépendance de Cuba  le plus précieux soutien, aussi bien pendant la Guerre des Dix Ans de 1868 à 1878, que pendant la Deuxième Guerre d’Indépendance, de 1895 à 1898, organisée par José Marti. Et cette indépendance a justement été escamotée par les États-Unis, qui ont établi à Cuba, vu qu’ils ne pouvaient pas l’annexer, une pseudo république, un protectorat.

Pendant la période du protectorat américain ou de  la pseudo république, la situation n’a pas changé. Une partie de la population se voyait coincé entre l’oppression politique par les régimes dictatoriaux et la pauvreté du pays sous-développé. Alors le Nord est resté la terre d’espérances pour améliorer les conditions de vie. Ainsi la plupart des émigrants  cubains vers les États-Unis  dans la décennie 1950-59 étaient des  émigrants économiques, le reste, des émigrants politiques et un nombre plus petit des émigrants  cherchant la réunification familiale. Sans négliger une fraction de la couche riche qui vivait dans les deux pays et plaçait son argent ou l’investissait aux États-Unis, où ils pouvaient obtenir plus de gain.

Et voilà le contexte où devra se développer les nouvelles vagues d’émigrants cubains vers les États-Unis à partir du 1er janvier 1959.

Mais le volet  « Émigration » fort exploité par le gouvernement américain pour  disqualifier internationalement  la révolution cubaine n’a pas porté à courte échéance les résultats escomptés. Voyons plus de près cette émigration.


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QUESTION             QUESTION RÉPONSE :


Florence Lessard, institutrice.

Cuba est un pays sous-développé, un pays du Tiers Monde. En général, ces pays ont un taux de croissance démographique élevé. Comment peut-on expliquer que le taux de croissance démographique de Cuba soit de 1.5 enfants par famille, comme dans un pays développé ?

 RÉPONSE :

Tout d’abord songez à ce que le taux de croissance démographique est différent entre la population urbaine et la population rurale.  Il y a là des facteurs culturels, des facteurs économiques et des facteurs sociaux. A la campagne, c’est facile de trouver une femme ayant quatre enfants, tandis qu’en ville le plus souvent, c’est deux enfants et la tendance est à en avoir un seulement. Pourtant en 1958 c’était facile à trouver des familles ayant entre cinq et 8 enfants. Exceptionnellement, il y avait des mères avec 12 enfants. Mais toujours en population rurale. Et la population cubaine est, en ce moment, à 65% urbaine. Car après le triomphe de la révolution, la tendance à une migration urbaine s’est vue renforcée par la tendance humaine à recherche des meilleures possibilités de vie. Et il faut ne pas oublier que les meilleurs centres d’éducation étaient dans la capitale et la révolution depuis 1961, après la Campagne Nationale d’Alphabétisation a inauguré un vaste plan de bourses qui a fait venir a la ville une grande quantité des jeunes, qui ensuite ont fait leur enseignement technique et universitaire en ville, et une fois diplômés une bonne partie de ces techniciens et professionnels sont restés en ville.

Pendant les premières années de la révolution, le taux de natalité s’est maintenu élevé, d’autant plus que l’état des prix subventionnés assurait à chaque future mère tout le nécessaire pour le bébé ; pour les femmes travailleuses, on établi la pension de maternité et on a progressivement généralisé les services gynécologiques et obstétriques à tout le pays. On a également établi un congé de maternité payé de trois mois qui ensuite est passé à six mois et puis à une année. C’est sur cette base qu’on a assuré une croissance de la population stable jusqu’à la décennie 1990 où de la stagnation, on passe à la décroissance dans la prochaine décennie.

Ainsi, les naissances, dans le décennie 2000, ont eu le comportement  suivant :  en 2004 :  127 192,  en 2005 :  120 171,  en 2006 :  111 323, en   2007 :  112 472, en  2008 :  122 569 ; et seulement en 2009 on constate une légère croissance : 130 027.  

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Mais à fur et à mesure que les femmes ont un accès plus larges non seulement à l’enseignement supérieur mais aux postes dans la sphère économique, scientifique, culturel, elles ont constaté qu’une grossesse prématurée pouvait interrompre leurs études et même les en couper, quasi définitivement,  surtout lorsqu’on a de suite deux enfants. Ce constat a conduit les familles modernes à avoir, en général et tout au plus, deux enfants.

 Un autre facteur non négligeable, c’est l’effet du blocus économiques sur la capacité financière de l’État pour fournir tout ce qu’il faut pour le bébé d’un couple moderne. Avant le triomphe de la révolution, il suffisait d’avoir des couches et des biberons et on transmettait d’un bébé à l’autre tout ce qu’il y avait. À la campagne, il y avait même des bébés qui n’avaient pas de berceau, mais un hamac. Mais on ne peut pas demander d’accepter cela à un couple moderne. Des produits nouveaux sont apparus au cours des années et toute mère aspire à avoir cela pour son bébé. Les difficultés pour trouver tout ce qu’on veut pour le bébé ont influé négativement sur l’envie du couple d’avoir plusieurs enfants, et ainsi, sur le taux de natalité. 

Par ailleurs, l’impact de l’implosion du socialisme en Europe de l’Est et en Union Soviétique a été sévère pour les fournitures ayant trait aux nécessités des nouveaux nés. Songez que les tissus pour les couches et les vêtements de bébé, le bois pour les berceaux et le matériel pour construire les matelas pour ces berceaux venait du marché socialiste, brusquement interrompu par la disparition de ce marché entre 1989 et 1992. Et Cuba en dépendait pour 85% de son commerce import-export. La pénurie subséquente fut un autre facteur de découragement de la natalité.

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QUESTION

Louis Toussignant, retraité.

J’ai souvent lu que pour les États-Unis et pour les exilés cubains à Miami ce dont il s’agit c’est du développement de la société civile à Cuba.  Qu’est-ce qu’ils veulent exactement ? Pouvez-vous faire le point sur la société civile à Cuba ?

REPONSE :

Pour eux, il ne s’agit pas de créer ce qui déjà existe et qu’il mette en question parce que cela ne répond pas à leurs visées sur Cuba. Des organisations structurées de la société civile existent à Cuba  depuis la base jusqu’au niveau national. Néanmoins, ce sont des organisations de masse et des organisations professionnelles ne suivant pas les directives politiques d’une organisation étrangère quelconque.

Si vous regardez la question par secteurs ou segments de la population, vous verrez que la société civile est bien représentée à Cuba.  Les femmes ont leur organisation depuis la base jusqu'à la Nation, la Fédération des Femmes Cubaines (FMC). Les enfants ont l’Organisation de Pionniers Josée Marti (OPJM), depuis la localité jusqu’à la nation ; les adolescents ont la Fédération des Étudiants de l’Enseignement Moyen (FEEM) ; les étudiants universitaires ont leur Fédération des Étudiants Universitaires (FEU). Pour ce qui est des paysans privés, ils ont leur Association Nationale des Agriculteurs Petits (ANAP) ; les jeunes amateurs de l’art ont leur Association « petits restaurants Saíz » ; les artistes professionnels ont l’Organisation des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC). Les religieux protestants ont le Conseil Œcuménique de Cuba, les catholiques ont une organisation similaire, ainsi que les pratiquants des religions afro-cubaines, réunis autour du Centre Yoruba de Cuba.

Les artisans professionnels ont l’Association Cubaine d’Artisans (ACA). Les travailleurs innovateurs ont l’Association Nationale d’Innovateurs et de Normalisateurs (ANIR). Les pédagogues, professeurs, ingénieurs, architectes, médecins ont des organisations professionnelles correspondants, toutes lesquelles font partie de la société civile. Les travailleurs, en général, depuis la base jusqu’à la nation, sont organisés dans des syndicats qui forment la Centrale Syndicale de Cuba (CTC). Ceci sans parler de la plus grande organisation de la société civile, groupant toute la population depuis le niveau de pâté de maisons : les Comités de Défense de la Révolution (CDR).

Les aveugles ont leur Organisation Nationale des Aveugles et des handicapés visuels (ANSI). Comme les maîtres de cuisine ont leur Association Culinaire de Cuba. Ceux qui élèvent et aiment les oiseaux ont leur « Asociación de Canaricultores de Cuba ». Et il est difficile de trouver une aire de l’activité humaine qui ne soit pas embrassée par une organisation de la société civile.

Mais quelles organisations de la société civile veulent les gens de Washington et Miami? Des organisations d’opposition au régime, des partis politiques opposés au régime. Ils voudraient voir créer à Cuba des organisations suivants leurs objectifs politiques comme de chevaux de Troie, au sein de la société cubaine. C’est pourquoi, ils parlent d’un soi-disant Comité pour le Droits de l’Homme, ou d’une association de Journalistes Indépendants, ou des soi-disant syndicats libres, comme si de telles organisations pouvaient miner la société pour la faire éclater depuis l’intérieur.

 Ils parlent de créer des organisations non gouvernementales (ONG). Mais il s’agit bien des organisations non gouvernementales celles que nous avons mentionnées et il en existe  encore d’autres. Ils prônent la création de partis politiques, mis la question en est que la conception du système politique cubain n’a pas besoin de pluripartisme pour qu’il y ait une diversité d’opinions dans le pays. Car si les organisations précitées fonctionnent bien toutes les idées nouvelles peuvent immédiatement  être soumises au Conseil d’État. note


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  QUESTION :   

Francine Desjardins, professeur.       

Est-il  vrai que Cuba, avant la révolution, était riche et prospère, comme disent des gens en Floride, et que le communisme l’a rendue pauvre ?


RÉPONSE :

Cuba n’a jamais été  ni riche ni prospère. Tout d’abord, Cuba n’a jamais eu d’abondance de ressources naturelles, condition sine qua non de la richesse, même si les pays nordiques font une exception. Cuba n’a ni des fleuves –richesse hydraulique propre à produire l’hydroélectricité--, ni de gisements d’or, ni d’argent ou autres minerais précieux, ni de pierres précieuses, ni de diamants ; non plus de gisements de pétrole ou gaz en abondance ; seulement la révolution a découvert un peu de ces combustibles, mais la qualité du pétrole –lourd et avec beaucoup de sulfure-- ne permet pas, avec la technologie qu’elle possède, de le raffiner ; par ailleurs ce n’est pas des gisements, mais des petits dépôts qu’on appelle des « boursons » ou « poches » qui n’assurent une production  abondante et à longue durée. 

À l’époque coloniale, on avait trouvé de l’or alluvionnaire, en 1535, et il n’y en avait peu ; du cuivre, il y en a eu à Santiago de Cuba et Bayamo, dans l’orient du pays, et à Pinar del Rio, en Occident. La surexploitation de ces petits gisements les avait liquidés, dans l’orient, avant le triomphe de la révolution, et à Pinar del Rio, le peu qui restait a été exploité encore pendant quelques décennies mais  il a été dévalué lui aussi pour continuer l’extraction de minerai. Pour le fer et le manganèse, ainsi que chrome, il reste du minerai à exploiter, mais le meilleur est parti avec les compagnies minières États-uniennes, qui nous ont laissé les trous dans le sous-sol. Il reste encore  beaucoup de nickel  lie au cobalt et au fer ; il est en exploitation. C’est pratiquement la seule activité minière qu’il reste au pays. Car on avait découvert un petit filon d’or  à l’Île de la Jeunesse, exploité pendant quelques années et qui a forcé le gouvernement à rechercher une source de devises,  et l’exploitation est devenue non rentable pour n’obtenir que quelques kilogrammes d’or.
 
En ce qui concerne l’hydrographie, Cuba ne saurait  être plus pauvre. Rien de ce que les Cubains appellent « Rio » atteint la catégorie de  fleuve, même pas de  rivière, exceptes  les cours d’eau « Cauto » et « Toa ». Vous tous connaissez les embouchures des fleuves, la  grande dimension qu’ils peuvent atteindre en s’approchant de la mer. Regardez à la Havane ce que les havanais appellent « Rio Almendares ». Vous vous rendrez compte que ce n’est qu’un ruisseau.

Quel est l’impact d’une telle pénurie hydraulique sur l’économie et la vie sociale ?

Une agriculture sans irrigation, pauvre donc, vivant  de l’eau saisonnière et des ouragans. Et encore, pénurie d’eau pour des aqueducs et le réseau pluvial destiné à l’hygiène et les nécessites sociales et industrielles.

Heureusement, face au premier désastre naturel d’envergure auquel la révolution a dû faire face –l’ouragan « Flora en 1963, ayant provoqué plus de  1200 morts—sous le mot d’ordre « Voluntad hidraulicca » (volonté hydraulique), on a commencé à construire des barrages artificiels pour sauver de vastes contrées des inondations provoquées par les écoulements des eux torrentielles apportées par les ouragans. Cela a aussi permis d’entreprendre des projets d’adduction d’eau potable pour des populations et des projets d’irrigation. Mais cela reste insuffisant face à la cruelle réalité de la pénurie d’eau, car de longues périodes de sècheresse ont décimé le cheptel, suite au manque de pâturages et de l’eau pour boire et encore ont stoppé des projets agricoles dépendant de l’irrigation. Un seul exemple, le barrage artificiel le plus grand de Cuba –« Zaza » à la province de Sancti-Spiritus-- avec 1,2 millions de mètres cubes, en avril 2010 n’avait que 14% de sa capacité.

Alors, de quelle prospérité pouvait-on parler en 1958 : 600 000 chômeurs dans une population d’un peu plus de 6 millions d’habitants ; plus d’un million d’analphabètes ; mortalité infantile de 60 pour mille nés vivants, espérance de vie de 58 ans.

Dans l’enseignement primaire, seulement un peu plus de 55 % des enfants avaient accès  à l'école primaire et un peu plus d’un quart de ceux qui finissaient leur primaire de six ans poursuivaient leurs études dans l’enseignement secondaire.

Avec pas mal de cynisme, d’aucuns en Miami donnent de chiffres comme quoi Cuba avaient les chiffres les plus élevés de téléviseurs, téléphones et cinémas en Amérique Latine. Leurs chiffres honteux ne révèlent que le niveau d’abandon où vivaient nos peuples et le niveau d’exploitation auquel ils étaient soumis. Cinquante ans se sont écoulés depuis le triomphe de la révolution et Cuba, l’une des plus pauvres nations hispano-américaine, soumise à des agressions terroristes et mercenaires, à un blocus financier et économique,  soumise à une  « guerre à basse intensité » et vivant sous un régime ou une atmosphère de « sécurité nationale »,  a éliminé l’analphabétisme, le malaria, la tuberculose, la poliomyélite et d’autres fléaux qui frappaient la santé de ses habitants. Lesquelles des nations sœurs plus riches et sans blocus ni agressions étrangères peut montrer de tels résultats ?  

Enfin, si l’on va parler de prospérité à Cuba, elle l’a seulement connue après 1959, socialement parlant, non économiquement, par des raisons que vous connaissez. Cuba est aujourd’hui à l’avant-garde du Tiers Monde en éducation, santé, développement scientifique (biotechnologie et ingénierie génétique), jouissance effective des droits fondamentaux de l’homme (sécurité de la vie, accès aux services de santé, éducation, culture et sports, logement, travail et même l’alimentation).

Pour avoir une idée sur cette sécurité pour la vie, au-delà de la confiance avec laquelle vous pouvez vous promener  dans le pays n’importe à quelle heure, il y a le fait que les infrastructures de défense civile de la population font que Cuba soit rangée parmi les premiers pays de la région à épargner le maximum de vies au cas de désastres naturels, comme les inondations et les ouragans. Et puis, parmi les premiers en assistance aux sinistrés. Frappée par trois ouragans à grande intensité, ayant détruit 444 000 logements, Cuba peut  se vanter, malgré sa pauvreté, d’avoir offert aux sinistres une aide de loin supérieur de ce que les États-unis ont donné aux sinistrés de l’ouragan « Katrina ».
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Fin    Partie                  16 février 2:46  MLa